Algérie

Chronique judiciaire



Visas Schengen... à vendre Un ressortissant africain aurait promis à un jeune Algérien un visa d?entrée en Europe contre 1700 euros. Incarcéré depuis quelques semaines, un ressortissant africain a été présenté pour être jugé à l?audience publique du tribunal de Sidi M?hamed du 2 mars 2008. Il est poursuivi pour escroquerie et abus de confiance. La plainte a été déposée par un ressortissant algérien d?une trentaine d?années. Celui-ci affirme avoir remis la somme de 1700 euros à l?accusé en contrepartie d?un visa d?entrée en territoire français. Debout au prétoire, la victime ne se fait pas prier pour « noyer » encore le ressortissant étranger. Elle persiste et signe : « Cet homme m?a escroqué, me promettant de me ??vendre?? un vrai visa Shengen contre une somme en devises équivalente à 17 millions de centimes. Il a disparu dès qu?il a encaissé l?argent », martèle le jeune homme. « Le connaissez-vous ? », questionne le président. Et la victime de hocher la tête de haut en bas. Le président insiste. Il exige un « oui » ou un « non ». « Je veux vous entendre dire si vous connaissez ou pas cet homme », demande de nouveau le magistrat en fixant des yeux le mis en cause, debout au box des accusés. L?homme qui se dit « escroqué » finit par le signifier de vive voix : « Je le connais monsieur le président mais pas au point d?être amis. » Le président : « Comment l?avez-vous connu ? » La victime : « Je l?ai connu par l?intermédiaire de quelqu?un. En fait, il m?a été présenté en tant que personne pouvant procurer des visas Shengen contre la somme de 1700 euros. Ayant eu vent de cette aubaine, j?ai sauté sur l?occasion. J?ai payé, malheureusement, je n?ai rien reçu », poursuit la victime. Le président, haussant légèrement le ton comme pour en vouloir à la « crédulité » de la victime, reprend le micro. « Comment marcher dans la combine alors que lui-même (parlant du ressortissant africain) est dans une situation ??yourtha laha?? (comprendre en dessous de la précarité) », souligne le magistrat. Le président voulait dire que le statut d?immigré clandestin du ressortissant africain ne pouvait pas cadrer avec un profil de « détenteur de la clé de Sésame ». Comment le mis en cause, fuyant une lointaine contrée rongée par la misère et l?insécurité, pourra-t-il venir en aide à un jeune Algérien pour gagner l?Europe. Pourquoi s?était-il donc privé ? L?eden auquel des centaines de milliers d?Africains tentent coûte que coûte de se rendre au prix de leur vie, en traversant d?immenses contrées dans la partie sub-saharienne de l?Afrique et le grand Sud algérien, flirtant ainsi avec une mort certaine, serait-il devenu la « géhenne » incontestée aux candidats à l?immigration en Europe ? Ou du moins pour certains d?entre eux, à l?image du mis en cause présenté à la chambre pénale du tribunal ? Autant de questions auxquelles il n?est pas aisé de répondre. Interpellé via un avocat, car ne parlant pas arabe, le mis en cause nie en bloc. Il ne connaît pas la personne qui a déposé plainte. « Je ne l?ai jamais vu. Je ne comprends pas ce que je fais dans ce tribunal et pourquoi on m?a mis sous mandat de dépôt », a-t-il signalé en français. Le président : « Vous voulez dire que cet homme a déposé plainte contre vous sans qu?il vous connaisse ? » Silence du côté de l?accusé. Le verdict ne sera pas connu à l?issue de l?audience. Le tribunal semble prendre en considération les droits et de la victime et de l?accusé. Une deuxième audience est prévue le 16 mars prochain du moment que le plaignant s?engage à se présenter avec un témoin qui aurait pris part à la transaction.
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