Algérie

Chronique judiciaire



Le visa du malheur Le mis en cause avait « acheté » un visa d?entrée en France. Heureux, il s?achète un billet de bateau et se présente au port d?Alger pour embarquer vers Marseille... Quitter à tout prix l?Algérie de préférence muni d?un visa en bonne et due forme. Un rêve pour les uns, une passion pour les autres, une exigence pour certains. En tout cas, la majorité des jeunes algériens ne cesse pas de braquer leur regard vers le nord, autrement dit vers la vieille Europe. A tort ou à raison, les candidats au départ croient dur comme fer que l?Eden est bien là-bas. Aussi, le prix exigé par les trafiquants des visas d?entrée dans le Vieux continent est rarement contesté. On laisse entendre qu?il s?agit d?un document officiel, dûment établi par les services consulaires d?une ambassade occidentale, donc aucune attention n?est prêtée à la facture. « La facture est salée mais je paie. L?essentiel est de débarquer en Europe où la fortune et peut-être une épouse qui m?aiderait à faire mes papiers ». Une idée qui a certainement germé dans la tête de ce jeune homme de 28 ans. Seulement, au lieu de fouler le sol français, il s?est retrouvé face à un juge au tribunal d?Alger de Sidi M?hamed, le lundi 21 janvier 2008. Il doit comparaître en tant que partie incriminée pour document falsifié. Affichant une connaissance parfaite du sujet, la magistrate ne bouscule nullement le mis en cause, tout en se conformant au seul droit. Après avoir lu l?acte d?accusation, la présidente de l?audience donne la parole à la défense. La plaidoirie de l?avocat est axée sur le fait que ce jeune est « une victime d?un réseau de trafiquants et victime aussi par sa crédulité ». « Il s?est rendu compte que son visa était faux que devant l?agent de la PAF du port d?Alger. Pour lui, il s?agissait d?un vrai visa puisqu?il a payé le prix fort, à savoir 500 euros », soutient le jeune avocat. Sans être interrompu, le défenseur poursuit : « Je ne nie pas le fait qu?il a commis un délit en recourant à un trafiquant. J?ose espérer l?indulgence du tribunal pour ce qui concerne cette erreur de jeunesse, mais les vrais criminels ce sont ces trafiquants sans foi ni loi. Ils jouent avec les sentiments et la crédulité de nos jeunes ». Ayant comparu en citation directe, l?accusé devrait revenir le 28 janvier prochain pour le verdict. En mars 2007, un réseau a été démantelé à Oran suite à une plainte déposée par le consul d?Espagne. La police judiciaire avait mis la main sur un groupe de 6 personnes qui « fabriquaient » des faux visas d?Espagne à des prix allant de 2000 à 5000 euros. D?autres réseaux ont encore été démantelés à Chlef où on proposait des « vrais faux » visas Shengen entre 15 et 30 millions de centimes.
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