Algérie

Chronique du sexisme ordinaire



Chronique du sexisme ordinaire
Le harcèlement, un concept vague qui prend plusieurs formes. Il est tantôt moral, tantôt verbal, et dans le pire des cas, il devient sexuel. Le harcèlement est présent dans tous les espaces, qu'ils soient publics ou privés. Il a même contaminé les réseaux sociaux.La gent féminine est celle qui en souffre le plus. En Algérie, le phénomène du harcèlement prend des allures inquiétantes. Il est devenu quasi impossible à une femme de se déplacer aisément dans les rues ou de s'asseoir dans un espace public sans être agacée par un individu ou un groupe. C'est le cas de Kamilia et Yamina, deux pseudonymes de deux jeunes femmes qui ont voulu raconter leur quotidien avec le harcèlement.- Kamélia : «Je garde toujours des séquelles»Kamilia, une jeune enseignante, raconte ses déboires avec les harceleurs. «C'est depuis toujours les mêmes commentaires, regards et allusions depuis l'époque du lycée. J'étais et je demeure victime de harcèlement à plusieurs reprises, verbalement et une fois physiquement». Kamilia pense que les harceleurs sont généralement des personnes étrangères. «Le point commun de ces jeunes, c'est qu'ils ne sont pas du coin, ce sont des personnes que je n'avais jamais vues auparavant».Pour elle, le harcèlement peut aller loin, même jusqu'à une tentative de viol. «J'ai vécu une sale expérience à Bab Ezzouar, à Alger. Alors que je cherchais un arrêt de bus, un jeune s'est présenté en tant qu' agent des transports et m'a gentiment proposé de me montrer la route. Arrivés à un endroit isolé, en me retournant, je l'ai vu en train d'exposer ses parties génitales.J'ai crié de toutes mes forces, appelant à l'aide, et j'ai pris la fuite. Je garde toujours cette peur dans mon esprit», se souvient-elle. Revenue à ses esprits, Kamilia fait sa rétrospective. «Après cet incident, j'étais tellement en colère contre moi-même et je garde toujours des séquelles. J'étais convaincue de mon entière responsabilité. Celle d'avoir fait confiance à un pur étranger».- Yamina : «On nous bouffe !»«On nous lance des commentaires vulgaires et des mots déplacés. Dans le transport public, on nous colle pour pouvoir nous toucher. On nous bouffe du regard... On nous intimide. Lorsque le harceleur est véhiculé, c'est encore pire. Ça klaxonne de partout. Il y a même ceux qui ralentissent pour cracher une phrase ou faire une proposition indécente», témoigne Yamina, étudiante à Alger. Yamina est au courant de l'existence des lois réprimant le harcèlement, mais elle n'a jamais osé déposer plainte.«Dans de telles situations, il faut avoir des preuves. Le harceleur peut tout nier. Heureusement que les harceleurs sont une minorité?pour le moment.» Quant à Kamilia, elle attend un changement qui ne vient pas. «J'ai entendu parler de ces lois, j'ai vu les caricatures et les avis sur internet, mais je n'ai pas encore vu l'impact concret que cela implique. Il ne suffit pas de promulguer des lois pour changer une situation qui a fait des racines dans la société. Il faut un changement des mentalités via l'éducation».


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