Algérie

Chronique d'une télé anachronique



Chronique d'une télé anachronique
Cela se passait dimanche soir sur l'ENTV. Un plateau de femmes pour parler des femmes dans l'activité nationale à l'occasion du 8 Mars. L'originalité n'est pas au rendez-vous mais ce n'est pas vraiment ce qu'on pourrait reprocher à cette émission dans sa déclinaison du jour.Ce n'est pas forcément le sujet qui fait la qualité d'une émission de télévision, même s'il peut y être pour une grande part. Et l'actualité est toujours souveraine. Ce serait encenser la télévision «publique» que de lui reprocher des fautes de pertinence et d'opportunité, voire des erreurs professionnelles.Au point où en sont les choses, ses travers sont d'une toute autre nature. Et comme dans tous les plateaux de débats, il faut s'arrêter en premier lieu sur les invités, c'est leur qualité qui détermine celle de l'émission dans une large mesure.Bien sûr, on n'attendait pas de l'ENTV de nous offrir sur un? plateau une brochette de femmes qui pouvaient diverger sur l'essentiel, la possibilité d'aller sur les questions de fond n'étant pas encore envisagée. Alors, on a fait comme on peut.Ou comme d'habitude. Une militante du Parti des Travailleurs, une journaliste (rédactrice en chef d'Echaab), une militante du FLN et une femme, membre du «conseil de la famille».Avec un tel panel, il n'est pas bien difficile d'attendre un tour de table pour comprendre que ni la liberté de ton, ni l'irrévérence, encore moins la contradiction sur l'essentiel n'allaient être au menu. Mais il fallait bien faire semblant.On s'accrochera alors sur des questions de forme ou des nuances dans l'appréciation. La condition de la femme ' D'immenses progrès auraient été réalisés en Algérie grâce à des autorités toujours soucieuses de son émancipation.La brave militante du parti des travailleurs, qui n'était pas toujours en phase avec le discours officiel de sa formation politique, a fait ce qu'elle pouvait pour «animer» un plateau menacé par un horrible'consensus ! Elle a même failli «déborder», ce qui a mis dans l'embarras une animatrice, très vigilante au demeurant.Mais le deal était manifestement entendu. Sur l'adoption, sur le divorce et sur d'autres questions, on pouvait très bien se revendiquer des lois civiles sans toucher à la «sensibilité» de la voisine de table qui, souvent à cours d'arguments, a le droit musulman à portée de main.Avec cet avantage immense de ne pas être contredite, sa «sensibilité» étant celle de? tous ! Et pour donner la pleine mesure du consensus, il faudra écouter l'éminente journaliste d'Echaab en acquiesçant d'un mouvement de la tête.Il fallait l'écouter faire la leçon à tout le monde en se situant au-dessus de la mêlée : la leçon de patriotisme qui veut que tous ces sujets sont puériles face aux défis de la nation, aux menaces sur sa stabilité et au péril qui guette nos frontières.Le code de la famille peut attendre. Après tout, même la militante du PT, seule à en revendiquer l'abrogation, ne semblait pas si pressée.Et ce n'est ni la représentante du «conseil de la famille», ni celle du FLN qui allaient dire le contraire. Par intermittence, même les quelques «accrochages» apparaissaient tels que convenus : tellement dérisoires et superficiels que ça ne peut pas faire une émission de débat. Pour cela, il faudrait une télé publique qui le fasse.Slimane Laouari




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