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Chronique d'une campagne inédite



Chronique d'une campagne inédite
-Une campagne en l'absence du principal intéresséJamais candidat à une élection présidentielle n'avait brillé par son absence. En raison d'une santé fragile, le président Abdelaziz Bouteflika ne s'est pas exprimé une seule fois en tant que candidat lors de cette campagne présidentielle. Toutes ses apparitions s'inscrivaient dans le cadre de ses activités officielles en sa qualité de chef de l'Etat.-Des ministres quittent leur poste pour faire campagne?Trop occupés à battre les tambours en faveur du Président-candidat, certains ministres ont délaissé leurs tâches. Les sorties officielles ont servi aussi à porter la voix d'un candidat replié dans son plais présidentiel.En pleine grève du métro, on aura vu le ministre des Transports, Amar Ghoul, prêcher la bonne parole pour Bouteflika en compagnie du ministre de l'Industrie, Amara Benyounès.De son côté, Abdelmalek Noui, ministre de l'Agriculture profite de l'inauguration d'une usine de fabrication de lait à Ouled Moussa pour promettre, en cas de réélection de Bouteflika, d'allouer une enveloppe de 500 milliards de centimes pour les agriculteurs. A Skikda, il garantit pas moins de 90 000 vaches laitières après l'élection. -Insultes et invectives rythment la campagneDe cette campagne présidentielle, on retiendra l'inélégance de ses principaux acteurs. Visiblement en panne d'arguments pour discréditer la candidate du Parti des Travailleurs, le président du MSP, Abderrazak Makri qui la traite au passage de «vilaine», «faible d'esprit» et de «médiocre», lui rappelle une rencontre à Paris où elle tenait un «verre de vin dans la main».Le niveau n'est guère plus élevé du côté du Parti des Travailleurs. Sans les nommer, Djelloul Djoudi, le directeur de campagne de Louisa Hanoune a qualifié Ali Benouari, ex-ministre et ex-candidat, ainsi que d'autres personnalités, dont le général à la retraite Yala Mohand Tahar de «harka».Dans une telle ambiance, il n'y a pas lieu de s'étonner de voir la direction de campagne du Président-candidat accuser à la suite des émeutes de Béjaïa «les fascistes de Barakat et leurs nervis du MAK» d'être derrière ces événements.Si l'inénarrable directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, a mis le feu aux poudres avec sa «boutade» sur les Chaouis, le représentant du MPA s'est aussi illustré par un style bagarreur. Du côté des médias, une journaliste d'Ennahar intervenant sur la chaîne publique a surpris par ses questions frisant l'insulte. En colère, le candidat du FNA, Moussa Touati, lui répond : «Arrêtez maintenant, vous d'Ennahar, vous attaquez tous azimuts. Vous n'êtes pas là pour me faire un procès.» Les artistes ayant exprimé leur soutien au président Bouteflika dans un clip n'ont pas échappé non plus aux injures.-CafouillagesLes candidats à la présidentielle ont mené leur campagne dans un désordre affligeant. Moussa Touati s'est ainsi retrouvé dans une salle presque vide à la maison de Culture Béchar à cause d'une rumeur qui laissait entendre qu'il ne devait pas animer un meeting et qu'il se contenterait d'actions de proximité. Un retard d'avion à l'aéroport de Naâma a failli mettre Ali Benflis dans une situation similaire. Le meeting prévu à 17 heures n'aura lieu qu'à 20 heures. Les militants pro-Benflis ont du redoublé d'efforts pour empêcher les citoyens venus y assister de quitter la salle.De son côté, Amar Saadani a pris ses jambes à son cou immédiatement après un meeting animé à Hassi Messaoud a peine avait-il entendu dire que des chômeurs de Ouargla comptaient y faire du grabuge.-Un rejet populaireDes escarmouches ont eu lieu dans certaines wilayas, conduisant parfois à l'annulation de meeting. Amar Ghoul et Amara Benyounès ont reçu un accueil hostile à Marseille, Lille et Paris. Abdelamlek Sellal a été obligé d'annuler son meeting à Batna et Béjaïa Plusieurs meetings animés par Ahmed Ouyahia, Amar Saadani, Amar Tou, Harraoubia et Abdelkader Bensalah ont été chahutés et perturbés.-L'administration mobilisée en faveur de BouteflikaDes moyens humains et matériels très importants ont été mobilisés pour la réussite des meetings des représentants de Bouteflika. Les fonctionnaires des administrations, à savoir la direction de la Jeunesse et des sports, la direction de la culture, les APC et autres daïras ont été autorisées à déserter leurs postes d'emploi pour rejoindre les salles de meeting. Dans certaines wilayas, les bus publics de transport de voyageurs ont été réquisitionnés pour assurer l'acheminement des partisans de Bouteflika.




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