Algérie

Chronique



Chronique
Nous poursuivons ces chroniques au fil des jours que compte ce mois de Ramadhan. Elles commencent à susciter réactions et débats sur la Toile. Tant mieux, si une certaine effervescence intellectuelle peut nous sortir de la torpeur, de l'été et du jeûne. Je souhaite, pour ma part, qu'elle reste contenue dans les limites de la courtoisie et de l'éthique du désaccord. Je sais gré à toutes celles et tous ceux qui, avec sagacité et intelligence, commentent et critiquent mes propos.Ceux-ci sont interrogeables et révisables. Ils ne relèvent d'aucun dogmatisme. Et, j'admets volontiers que mes prises de position soient discutables, voire contestables. Je fais mienne cette parole du calife Omar Ier : «Que Dieu fasse miséricorde à celui qui m'offre mes défauts.» En revanche, lorsque les dérapages se produisent et les attaques ad hominem fusent, la diffamation et la calomnie tiennent souvent lieu d'arguments pour faire taire et couper court à toute discussion. Sauf que la prise de parole publique est une responsabilité et il faut l'assumer.Et, je ne me tairai pas. Je suis mithridatisé contre la malveillance et la bêtise humaine. De toute façon, le silence et la complaisance ont toujours été de discrets facteurs générateurs et amplificateurs des grandes tragédies. Et l'importance de la parole est telle, lorsqu'elle est bonne ? et selon la parabole coranique - un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel, donne ses fruits à tout instant par la grâce de son seigneur. Et lorsque la parole est destructrice, elle est semblable à un mauvais arbre déraciné de la surface de la terre et qui n'a point de stabilité.Bien entendu, il faut condamner sans réserve toutes les dérives meurtrières qui s'abattent au nom de la religion et dénoncer l'extrémisme islamiste violent. Qui dit dénoncer, dit aussi annoncer : aucune cause, si légitime soit-elle, n'implique le massacre des innocents. Et surtout que le sacrilège suprême est l'atteinte à la vie. On ne peut pas et on ne doit pas se prévaloir d'un idéal religieux pour semer la terreur et provoquer la haine et le ressentiment.Après avoir affirmé cela avec force, il est juste et sage de rechercher d'autres voies et d'entendre d'autres voix. Celles qui ne se cantonnent pas à la dénonciation. Celles qui veulent construire des alternatives aux nouvelles nécessités et potentialités du développement humain intellectuel et social. Celles qui fédèrent les forces vives de tous ceux et de toutes celles qui sont porteurs des valeurs d'humanisme de paix, de justice et de fraternité en nourrissant leur espérance.Celles qui participent au renouveau et à l'éveil des consciences. Cet éveil commence par voir chez soi, en soi, les manquements à l'éthique, les écarts à la sincérité avec soi-même, les fêlures morales. Parce qu'aucune nation et aucun peuple ne changent véritablement si, pris individuellement, les membres de la nation ou du peuple n'entreprennent pas chacun un travail d'introspection intérieure afin de modifier l'inadéquation entre l'hypocrisie ambiante et le ressenti intérieur.Et, cela commence par réaliser qu'encore de nos jours, dans de nombreux pays, à population majoritairement musulmane, des régimes politiques sévissent sans aucune légitimité démocratique. Ils gouvernent en domestiquant la religion et en idéologisant la tradition. Ils manipulent la révélation pour des fins autres que spirituelles. Les sociétés, elles-mêmes, en sont devenues minées par l'obscurantisme et l'infantilisation des esprits.Elles n'ont engendré, globalement au risque d'être sévère ? que des «diseurs» et jamais ou rarement des «faiseurs». Alors, comment faire pour que la réflexion, précédant l'action, puisse être formulée et exprimée en vue d'être saisie et intériorisée dans une adhésion intime ' Nous poursuivrons cette analyse dans la prochaine chronique en oscillant entre le fait de s'appesantir sur les raisons de cette arriération et ses méfaits et le fait d'ouvrir des perspectives d'avenir et de sortie de crise.




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