Les navigateurs web figurent à la première place des logiciels les plus utilisés sur Windows 10. Porte d’entrée sur la toile, ces outils particulièrement complexes évoluent au fil des nouveaux usages et des innovations technologiques. L’époque où la majorité des internautes se contentait du navigateur Internet Explorer installé par défaut sur Windows par Microsoft est bel et bien révolue. Beaucoup plus exigeants que par le passé, les utilisateurs n’hésitent plus à sortir de leur zone de confort pour tester différents navigateurs afin de trouver celui qui leur convient le mieux en termes de fonctionnalités et de performances.
Un marché ultra convoité
En quelques années, le marché a été complètement bouleversé par l'arrivée de Google Chrome, la fin du support d'Internet Explorer au profit du nouveau navigateur Edge de Microsoft ou, encore plus récemment, la refonte totale de Firefox. Avec Chrome, Google domine largement le marché des navigateurs pour PC dans le monde avec pas moins de 54,98 %* de parts de marché à son actif au mois de novembre dernier (source StatCounter). Agonisant depuis plusieurs années, Firefox parvient malgré tout à se maintenir en seconde place avec 12,46 % de PDM, tandis qu'Edge et Opera en détiennent respectivement seulement 4,34 % et 2,21 %. Bien qu'ils affichent quelques similitudes, les navigateurs web se distinguent en termes de sécurité, de compatibilité, de stabilité, de performances et d'options de personnalisation. Pour ce comparatif, nous avons confronté les quatre navigateurs pour Windows 10 les plus populaires (Chrome, Edge, Firefox et Opera) à l'exception d'Internet Explorer qui détient encore près de 10 % de parts de marché, mais qui n'est plus mis à jour par Microsoft.
Avant toute chose, précisons que tous nos tests, en dehors de l'autonomie, ont été réalisé sur un PC fixe équipé d'un processeur Intel Core i7-6700, 16 Go de mémoire vive, une carte graphique Geforce GT730, un SSD Samsung 850 EVO et 2 disques durs Western Digital de 1 To, le tout sous Windows 10 Professionnel.
Mozilla relance la guerre des navigateurs
La fondation Mozilla qui développe Firefox vient de réaliser l'une des plus importantes mises à jour du navigateur depuis sa création. Réputé pour sa flexibilité et ses fameuses extensions, le navigateur a rencontré un énorme succès durant plusieurs années avant de voir peu à peu son audience fondre comme neige au soleil face à Chrome. Il faut dire qu'avec le temps, Firefox s'était alourdi et était devenu de plus en plus lent et instable. La fondation a donc décidé de jouer son va-tout en refondant totalement le code de base de son navigateur dans le but d'optimiser sa sécurité et ses performances. Plus de 6,8 millions de lignes de code ont été réécrites pour cette nouvelle mouture.
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Lancé au mois de novembre dernier, Firefox Quantum (version 57) serait, selon Mozilla, aussi rapide que Chrome, tout en utilisant jusqu'à 30 % de ressources mémoire de moins ! Pour cela, le navigateur tire parti des processeurs multicœurs pour gérer le traitement des différents processus en parallèle afin d'accélérer le chargement des pages. Outre un gain de vitesse significatif, Firefox reste stable y compris avec un très grand nombre d'onglets ouverts, que cela soit sur une machine puissante ou plus modeste. Compatible avec tous les standards du web, le nouveau moteur de rendu baptisé Servo améliore considérablement le défilement, l'affichage des photos ou encore des vidéos dans les pages web. Mises bout à bout, ces innovations ont permis de doubler la vitesse de Firefox par rapport à celle de sa version précédente, tout en le rendant parfaitement stable. Avec cette nouvelle mouture très réussie, Mozilla a mis toutes les chances de son côté pour essayer de reconquérir les utilisateurs.
Performances : Edge en tête de file
Différents outils de benchmark en ligne tels que Peacekeeper, JetStream ou SunSpider proposent une batterie de tests JavaScript pour mesurer les performances des navigateurs web. Ils prennent en compte la vitesse de chargement des pages, les rendus graphiques complexes, dont l'affichage 3D en HTML5, les opérations DOM, ou encore la gestion des zones JavaScript, etc. Si les résultats de ces tests peuvent donner un aperçu des performances de chaque navigateur, ils sont à prendre avec des pincettes, car ils peuvent varier du tout au tout en fonction de la machine utilisée et de sa configuration matérielle. Les résultats obtenus montrent in fine souvent peu d'écart entre les quatre navigateurs qui offrent tous un excellent niveau de performances générales. Certains comme Chrome et Firefox s'en sortent mieux dans le traitement des rendus graphiques complexes, d'autres comme Edge sont plus rapides pour le chargement des pages, au démarrage ou pour le téléchargement.
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En démarrant les navigateurs avec le même nombre d'onglets ouverts, on constate qu'Edge est particulièrement rapide (moins de 0,30 seconde), suivi de Chrome (0,38 s), Firefox (1,1 s) et enfin Opera à la traîne avec 1,5 s. En termes de rapidité, le navigateur Edge spécifiquement optimisé pour Windows 10 creuse également l'écart et monte sur la première place du podium. Edge est très rapide, mais il se révèle aussi le plus minimaliste avec un nombre limité d'extensions et très peu d'options de personnalisation. Opera pointe en seconde position devant Firefox et Chrome qui sont au coude à coude en termes de vitesse de chargement des pages. Mais attention, encore une fois, ces résultats peuvent varier notamment en fonction des sites visités. À noter, par exemple, que Chrome et Edge se montrent plus véloces pour le streaming vidéo sur Netflix. Enfin, le téléchargement d'un même fichier sur les quatre navigateurs place Edge et Opera en tête devant Chrome et Firefox.
Ressources utilisées : Chrome et Opera au-dessus du lot
Le navigateur le plus complet du marché, Chrome, est aussi réputé être le plus lourd et le plus gourmand en ressources système sur Windows 10. Durant nos tests pour savoir quel navigateur consomme le plus de ressources, nous avons ouvert simultanément le même nombre d'onglets avec des sites lourds sur les quatre navigateurs. À notre grande surprise, Chrome est le navigateur qui occupe le moins de ressources RAM et CPU suivi d'Opera. Microsoft Edge est celui qui sollicite le plus les ressources système (RAM + CPU) suivi de Firefox. Des résultats qui se sont confirmés à plusieurs reprises, quels que soient les sites visités. Pour ces tests avec notre machine, les promesses de Mozilla comme quoi Firefox consommerait jusqu'à 30 % de mémoire en moins sont loin d'être tenues.
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Le fait qu'un navigateur consomme plus de ressources est surtout important à prendre en compte avec des configurations modestes. Léger, stable et rapide, Opera est l'un des navigateurs les plus recommandés pour ce type de machine. À condition de ne pas utiliser sa pléiade d'extensions et d'options de personnalisation, Chrome est également capable de s'accorder parfaitement avec un PC d'entrée de gamme. Le navigateur de Google brille toutefois particulièrement lorsqu'il peut exploiter toutes les ressources nécessaires pour gérer les applications et les jeux les plus lourds sur le web.
Autonomie : Edge a toujours deux coups d'avance
Depuis la sortie du navigateur Edge, Microsoft n'a eu de cesse de vanter ses mérites en matière d'économie d'énergie, à grand coups de comparatifs. Nous avions d'ailleurs évoqué le sujet, mais ce dossier est l'occasion de faire de nouveaux tests sur les dernières versions des navigateurs web. Comme en juillet 2016, cependant, Microsoft Edge affiche les meilleurs résultats en streaming vidéo. Nous avons ainsi pris l'ultraportable Acer Aspire S13, équipé d'un Intel Core i5-600U, de 8 Go de mémoire vive et d'un SSD de 256 Go. Nous avons réglé la luminosité de l'écran à 70 %, coupé le rétroéclairage du clavier et branché une paire d'écouteurs. Puis nous avons lancé la série House of Cards sur Netflix. Sur notre précédent test, également sur Netflix, mais réalisé sur un HP Envy 15, Edge avait montré un écart significatif avec ses concurrents, que l'on constate toujours ici. La surprise vient de la suite du classement qui, si l'on reste dans un mouchoir de poche, se trouve bouleversé. Opera passe ainsi en dernière position, avec 379 min de durée de vie, et se retrouve dépassé par Firefox (389 min) et par Google Chrome, qui devient second du classement. Il y a cependant moins de 20 minutes d'écart entre le dernier et le second, tandis qu'Edge permet de profiter de 73 minutes d'autonomie supplémentaire par rapport à Chrome.
Stabilité et compatibilité : bras de fer entre Chrome et Firefox 57
Une compatibilité et une stabilité à toute épreuve, voici certains des gros points forts de Chrome et de la nouvelle mouture de Firefox. S'il peut arriver que des navigateurs web supportent mal certains sites, c'est très rarement le cas avec Chrome et Firefox qui gèrent tous deux parfaitement les standards les plus récents du web. Bien qu'il soit un navigateur de grande qualité, Opera se révèle parfois incapable d'afficher certains modules de sécurité de sites administratifs, par exemple, et ne gère pas aussi bien les codecs vidéo que ses rivaux. Il se révèle en revanche très stable, y compris avec un très grand nombre d'onglets ouverts. Même constat pour Edge, qui gère toutefois beaucoup moins bien la multiplication d'onglets et certains codecs. Difficile de départager Chrome et Firefox qui font désormais jeu égal en offrant une expérience de surf complète, fiable et performante.
Sécurité et confidentialité : le dogme de Firefox
Au niveau de la confidentialité des données, Firefox a de sérieux atouts à faire valoir face à ses rivaux. En tant que société à but non lucratif, Mozilla ne revend pas les données de ses utilisateurs comme peuvent le faire d'autres éditeurs de navigateurs. Quantum intègre par ailleurs un nouveau bouclier défensif permettant d'empêcher les développeurs d'intégrer une charge malveillante dans les extensions. La gestion parallèle des processus renforce également la sécurité en isolant dans une sandbox (un espace de fonctionnement isolé du reste du système) les éventuels mauvais codes JavaScript lors du chargement d'une page web. Sans oublier une protection contre le pistage des sites pouvant être paramétrée via le menu du navigateur.
De son côté, Google a décidé de renforcer drastiquement la sécurité de son navigateur Chrome pour PC en nouant un partenariat avec l'éditeur d'antivirus Eset. Le navigateur s'appuie désormais sur un bouclier défensif développé par Eset baptisé Chrome Cleanup Tool. Ce dernier intègre un moteur de détection plus fiable et des outils permettant de désinstaller facilement les logiciels indésirables. Une évolution qui a permis à bon nombre d'utilisateurs de se débarrasser du jour au lendemain des pages d'accueil et des moteurs de recherche indésirables qui florissaient sur le navigateur. Autre avantage, Chrome reçoit des mises à jour tous les 15 jours par les équipes de Google, contre 45 jours pour Opera, par exemple. En ce qui concerne la confidentialité des données, il subsiste toujours de sérieux doutes sur la façon dont Google utilise les données de navigation collectées auprès de ses utilisateurs.
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Les options de sécurité de la dernière version de Firefox.
Pour tenter de booster son audience, Opera Software a intégré fin 2016 dans son navigateur un VPN (réseau privé virtuel) gratuit et illimité. Un service fourni par Easy Surf, une société basée au Canada rachetée en 2015 par Opera Software. Il suffit d'activer la fonction via le menu du navigateur pour surfer de manière totalement anonyme et sécurisée. En contrepartie, l'utilisation du VPN implique d'accepter d'une part les conditions du service dont on ne connaît pas grand-chose, et d'autre part de voir sa connexion ralentie en fonction des réseaux et de la localisation choisie. Las, cette offre inédite n'a jusqu'ici pas déchaîné les foules… Opera dispose par ailleurs d'un bloqueur de pub et des fonctions classiques de navigation privée. En raison de sa faible audience, Opera est beaucoup moins ciblé par des attaques que ses concurrents.
De son côté, Microsoft se targue d'avoir développé un arsenal de défense complet pour son navigateur Edge, dont une sandbox pour virtualiser les pages suspectes, un module antiphishing, etc. Ce dernier bénéficie de mises à jour fréquentes variant de deux à trois fois par mois. Comme Google, Microsoft ne se conforme pas toujours aux lois en vigueur sur la collecte de données de ses utilisateurs. L'éditeur a été épinglé plus d'une fois par la CNIL pour ses politiques de collectes excessives de données.
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Conclusion
L'une des surprises de ce comparatif vient de Firefox qui a retrouvé ses galons de la grande époque. Même s'il n'est pas toujours le plus rapide, il joue désormais dans la cour des navigateurs puissants et ultra-modernes. Difficile, aujourd'hui, de prétendre que l'un est véritablement meilleur que l'autre, mais Firefox a toutefois notre préférence pour sa politique de protection des données des utilisateurs. Souvent sous-estimé, Opera se révèle un excellent navigateur à la fois performant, stable, et très complet. C'est aussi le premier à offrir un VPN gratuit et illimité à ses utilisateurs. Mention spéciale pour le mode Turbo accessible via les paramètres du navigateur et qui permet d'accélérer les connexions les plus lentes. On regrette néanmoins qu'il ne soit pas compatible avec tous les standards du web et que certains sites ne s'affichent pas correctement.
Trop gourmand en ressources, trop minimalistes, le navigateur Edge constitue la grosse déception de ce comparatif. Et même s'il se révèle le plus rapide et le moins énergivore, il est surprenant de voir que le navigateur intégré par défaut dans Windows 10 est celui qui sollicite le plus de ressources système. Encore jeune, ce navigateur devra encore évoluer pour être au niveau de ses rivaux et offrir une expérience de surf pleinement satisfaisante.
Posté Le : 30/12/2017
Posté par : frankfurter
Source : Les Numériques