Algérie

Christopher Ross, pourquoi ?



La désignation annoncée de Christopher Ross, un diplomate américain qui a exercé à Alger, comme envoyé spécial pour le Sahara Occidental du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, fera-t-elle bouger les choses dans un dossier où les positions des uns et des autres paraissent peu susceptibles d'ouvrir la voie au compromis ?

Il est difficile d'y répondre, même si on peut constater que l'arrivée de Christopher Ross sur ce dossier intervient après le passage de Condoleezza Rice au Maghreb, où elle a estimé qu'il « est temps » que le conflit soit résolu. Dans cette même déclaration, faite au Maroc, elle a estimé qu'il « y avait de bonnes idées sur la table » et « des moyens d'aller de l'avant ».

La désignation de Christopher Ross, qui vient directement du secrétariat d'Etat américain, est un signe d'une implication américaine plus forte, soutenue par Ban Ki-moon. Le problème est que contrairement à ce qu'affirme Mme Rice, il n'y a pas beaucoup de moyens d'aller de l'avant. En oeuvrant d'abord à empêcher que les résolutions sur l'exercice du référendum d'autodétermination soient effectives, certains Etats occidentaux qui défendent la position marocaine ont joué sur le facteur temps pour consacrer le fait accompli. Ils ont ensuite oeuvré à mettre sur la table des options qui tournent le dos au principe d'autodétermination.

La difficulté à faire avancer les choses dans les discussions de Manhasset tient à l'introduction forcée d'une proposition totalement antinomique avec le principe d'autodétermination. Aucune acrobatie intellectuelle ne peut faire passer un référendum - d'où est exclue la question de l'indépendance - comme un exercice effectif de l'autodétermination. Un terrain de compromis n'est pas possible et le but du jeu diplomatique occidental, qui dure depuis des années, vise à faire fléchir les Sahraouis, à les amener à renoncer, à se contenter d'une autonomie et à la légitimer par un ersatz à l'exercice du droit à l'autodétermination.

La démarche des Occidentaux consiste donc à mener une guerre diplomatique d'usure pour le Maroc qu'ils considèrent comme un allié fidèle, à qui il faut épargner la mise en oeuvre d'un référendum d'autodétermination libre et sous contrôle international. L'ancien envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu, Van Walsum, en qualifiant d'irréaliste l'option de l'indépendance et en se plaçant ouvertement du côté du Maroc, a essayé de lancer un coup d'accélérateur à la pression occidentale. Le Polisario, en refusant de lui accorder la légitimité du médiateur, a contraint le secrétaire général de l'Onu à se passer de ses services.

L'arrivée de Christopher Ross sur un dossier où les Américains sont passés du soutien au Plan Baker II à celui du plan marocain d'autonomie, n'est donc pas un gage que les choses vont se remettre rapidement en marche. Il sera, selon toute probabilité, un continuateur, moins grossier sans doute que Van Walsum, de l'action occidentale destinée à faire passer le droit à l'autodétermination des Sahraouis à la trappe.




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