Courant - La chorégraphie est un art en vogue, de plus en plus pratiqué dans les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) par des jeunes.
Ces jeunes ' filles et garçons ' se passionnent pour cette discipline et en se constituant en compagnie, s'emploient à développer cet art, à le vulgariser et à en faire une discipline à part entière.
Contrairement à ce qui se fait en Europe, où l'art de la chorégraphie est développé et ancré dans les mentalités, au Maghreb, il en est à ses premiers balbutiements.
C'est la raison pour laquelle un centre de chorégraphie méditerranéen a été créé par Imed Jamaâ, danseur et chorégraphe tunisien. Ce centre, situé à Tunis, accueille, chaque année, de jeunes amateurs de l'art de la chorégraphie de tout le Maghreb et même de France ou d'ailleurs.
S'exprimant sur ce centre, Imed Jamaâ dira : «La Méditerranée du Nord est dotée de multiples centres chorégraphiques, festivals, rencontres, écoles de danse.... La rive Sud en est pratiquement dénuée...Pourquoi ne pas créer un pôle attractif dont le but serait de permettre le brassage et l'inclusion de la rive Sud dans l'échange artistique chorégraphique de la Méditerranée '»
C'est ainsi que le Centre chorégraphique méditerranéen aurait pour vocation «d'accueillir et d'encadrer les artistes danseurs et chorégraphes de tout le Maghreb, de leur assurer une formation professionnelle et de leur permettre de réaliser leurs projets de création chorégraphique.» Le Centre chorégraphique se définit alors comme un espace de formation, de recherche et de création artistique. Imed Jamaâ déclare que l'Algérie compte beaucoup pour lui et surtout pour son parcours d'artiste chorégraphe, car, explique-t-il, «j'ai eu la chance de présenter ma première création Chaar en 1990 à Tipaza dans le cadre de la biennale des jeunes créateurs et c'était le départ de ma carrière professionnelle.»
Interrogé sur son travail, Imed Jamaâ répondra : «Je dois d'abord dire que mes créations sont nourries par autant de préoccupations (telles que la vie ou la mort) et d'inspirations, à savoir l'actualité de la société à laquelle j'appartiens, les relations entre les hommes et les femmes....» Il explique, en outre, que ses 'uvres naissent toutes de rencontres. «Je suis en quête de rencontre avec d'autres arts, d'autres approches culturelles et d'autres individualités», dit-il, et de renchérir : «J'ai eu la chance dans ma compagnie de travailler avec des danseurs africains, européens, maghrébins. Je me suis rapproché de la danse africaine, de la danse Buto, des arts martiaux... Tous m'ont apporté énormément de richesses dans mon travail.»
- Pour se construire un autre univers, une autre vision ou approche du langage corporel, Imed Jamaâ va donc repousser les frontières de l'aura corporelle. «Il me fallait rompre avec une logique qui réduisait le mouvement à parades/ripostes», dit-il, et de poursuivre : «Je me suis donc appliqué à déformer les figures initiales, à leur soumettre un encodage différent, à leur conférer un prolongement spatio-temporel.» Imed Jamaâ passe alors des arts martiaux à l'art tout simplement. «Je me suis édifié un monde symbolique et fantaisiste pour alimenter et développer une gestuelle thématique et des situations stimulantes», souligne-t-il. C'est ainsi que Imed Jamaâ se livre à l'improvisation, à la création, le tout dans des situations extraordinairement imaginées. Ses compositions chorégraphiques abordent des thèmes plus intellectuels, elles sont formées par cette gymnastique de l'abstraction et de la réflexion. Et de conclure : «Les arts martiaux m'ont fourni les bases de mon attitude mentale et corporelle face à l'espace, à l'imaginaire et à la sensibilité, forme et contenu de son art chorégraphique.»
- Avant de s'investir dans la chorégraphie, Imed Jamaâ s'adonnait aux arts martiaux. Sur les raisons l'ayant motivé à passer d'une discipline à l'autre, Imed Jamaâ dira : «Si les arts martiaux m'ont permis de maîtriser les techniques de concentration et d'investissement énergétique, tout en développant ma conscience de l'espace, il faut relever que les Kata (enchaînements) ne sont destinés qu'au combat. La visée des Kata n'envisageant qu'un champ limité d'hypothèses : les situations de surprise déclenchant des postures d'adaptation aux éventualités limitées. Je me suis vite lassé de ce système de provocation-réponse. De plus, les arts martiaux m'ont fait acquérir cette maestria de l'équilibre et de l'impulsion dans un volume de protection, sorte d'enveloppe fictive de défense active.»
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Posté Le : 28/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yacine Idjer
Source : www.infosoir.com