L'institution d'une allocation-chômage pour tout demandeur d'emploi, comme levier d'intervention sociale de l'Etat serait en mesure d'atténuer les tensions. Le chômage gagne du terrain en Algérie, qui traverse une situation économique difficile, aggravée par la crise sanitaire.Toutefois, cette solution, préconisée par certain observateurs, peut buter sur l'insuffisance de moyens financiers. «Les compensations financières, la révision de la politique salariale sont des mesures d'accompagnement qui permettront, tout juste, de nous mettre à l'abri de la tempête sociale qui se profile à l'horizon», a indiqué, hier, à L'Expression, l'analyste économique Mohamed Kaoubi. Toutefois, précise-t-il, «les mécanismes d'octroi des allocations-chômage obéissent à des règles bien précises, dont des affectations budgétaires». «Le cadre institutionnel et juridique, via la Cnac, prévoit des assurances chômage concernant des travailleurs licenciés pour des raisons économiques, par contre, rien n'est prévu pour les jeunes chômeurs qui n'ont jamais travaillé ou cotisé.
Pour notre interlocuteur, la question qui se pose est: «Est-ce que l'Etat, qui passe par une crise financière très difficile, a les capacités de prendre en charge financièrement et d'une manière indéterminée, dans une logique de manque de visibilité, des jeunes qui n'ont pas encore d'emploi'». Actuellement, «on se retrouve entre l'échec des projets financés antérieurement via des instruments d'aide à la création d'emplois tels que l'Ansej, l'Angem, la Cnac et les contrats d'insertion sociale et, d'autre part, le manque de visibilité quant aux jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi».
Selon cet économiste, «l'Etat fait face à un déficit de trésorerie tellement important, de l'ordre de 5.000 milliards de dinars, qu'il lui sera impossible de financer le mécanisme d'allocation chômage pour tout demandeur d'emploi». Par voie de conséquence, au lieu de parler uniquement d'une allocation-chômage, qui est une compensation financière, «il faut plutôt revenir à l'investissement, financer l'entreprise, en les encourageant à revenir à une logique d'emploi», a-t-il souligné.Quand bien même cette question de compensation et d'accompagnement des chômeurs est importante, «la véritable question qui se pose avec acuité en Algérie, est la question d'emplois et de chômage». L'allocation-chômage est qualifiée de «fuite en avant» et d'une solution «anesthésiante» qui va accroître le déficit du Trésor public., dans la mesure où les moyens financiers de l'Etat sont très limités. La question majeure qui doit être posée est celle de «la réforme du marché du travail, la reprise de l'investissement, dans le secteur privé plus particulièrement», réitère-t-il. «Si la question du pouvoir d'achat, des grilles des salaires est également importante dans la mesure où les revenus ne sont plus suffisants pour assurer une vie digne pour les salariés, mais, encore une fois, la conjoncture économique est d'une difficulté tellement particulière que la véritables question qui devrait être posée est de revenir à l'investissement, accroître la rentabilité du travail et de créer de la valeur ajoutée qui permettra de rémunérer l'emploi», a-t-il insisté.
Il convient de noter que la problématique du chômage touche toutes les régions du pays et toutes les catégories sociales.
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Posté Le : 15/07/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed BOUFATAH
Source : www.lexpressiondz.com