Dans le cadre de la préparation d'une
meilleure insertion sociale, 872 détenus ont subi, dans l'établissement de
rééducation et de réhabilitation de Chlef, les 19 et 20 du mois courant, les
différentes épreuves de l'examen final d'enseignement général contre 417
l'année passée, ce qui présente une augmentation en absolu de 455 détenus, soit
un taux d'évolution de 109,11%.
Pour le palier moyen, ils étaient 520 dont
03 de sexe féminin. Pour celui du secondaire, 352 dont une femme, parmi eux,
200 se présenteront à l'examen du BEM pour la session du mois de juin prochain
et 149 autres pour le baccalauréat dont les épreuves auront lieu au cours du
même mois.
L'année passée, ils étaient respectivement 256 et 99 (soit -56
pour le BEM et +50 pour le Bac).
Les
détenus-candidats étaient répartis dans plusieurs salles sous l'Å“il attentif
des enseignants surveillants. La volonté et l'ardeur de décrocher son année
pour passer à un niveau supérieur dans le cursus scolaire étaient visibles sur
les visages de ces derniers. Nous avons interrogé deux d'entre eux qui nous ont
déclaré: B.D.E, âgé de 26 ans: «Je suis détenu depuis le 21 mai 2005. J'ai
écopé d'une peine de 8 ans. J'avais le niveau de 3e année moyenne. L'année
suivante, je me suis inscrit en 4e année moyenne. Cette année, je suis en
classe de terminale série lettres et je vais subir les épreuves du baccalauréat
le mois de juin prochain. Les épreuves pour l'ensemble des matières étaient
abordables à l'exception de celle des mathématiques qui, je l'avoue, était
difficile, du moins pour moi. Nous avons de bons enseignants dans toutes les
matières. J'espère décrocher le bac et m'inscrire en première année de droit à
l'université Hassiba-Benbouali de Chlef puis déposer le dossier requis pour
examen par la commission compétente de l'établissement afin de bénéficier du
régime de semi-liberté. En parallèle, j'ai suivi trois spécialités de formation
professionnelle: apiculture, menuiserie et informatique (saisie). La durée pour
chacune était d'une année. Actuellement, j'ai dans la poche les trois
diplômes».
La
deuxième détenue, répondant aux initiales H.D âgée de 26 as, a fait la
déclaration suivante: «Je suis détenue depuis le 4 février 2007. J'ai écopé
d'une lourde peine, j'avais un niveau primaire. La même année, je me suis
inscrite pour poursuivre mes études. Dieu merci, cette année, je suis en
deuxième année moyenne. Je subis les épreuves de l'examen final pour passer en
troisième année moyenne. Pour l'ensemble des matières, les sujets étaient
abordables à l'exception de deux, en l'occurrence les mathématiques et la
langue française. La bibliothèque de l'établissement s'enrichit chaque année de
nouveaux ouvrages. Les documents sont disponibles pour l'ensemble des matières
et pour tous les niveaux. Le responsable de la bibliothèque nous les prête pour
une période d'un mois quand le nombre d'exemplaires est suffisant. Dans le
domaine, sincèrement nous ne rencontrons aucun problème. Je compte poursuivre
tout mon cursus scolaire et universitaire jusqu'à l'obtention d'un diplôme
universitaire. En parallèle, j'ai suivi une formation professionnelle dans la
spécialité coiffure dames, d'une durée de 12 mois. Je suis titulaire du
diplôme».
M.
Belabdi Larbi, chef de service de l'insertion sociale de l'établissement nous
déclara: «Nous inscrivons les détenus dès leur première année dans notre
établissement suivant leur niveau. Nous avons signé une convention avec
l'ONAFED (Office national de formation et d'enseignement à distance). Il s'agit
de l'ex-CNEG. Pour les deux classes d'examen (BEM et BAC), les cours sont
dispensés par les enseignants au sein même de notre établissement. Leurs
rémunérations sont rendues possibles grâce aux subventions accordées par
l'administration pénitentiaire relevant du ministère de la Justice. Les moyens
pédagogiques (livres, registres, cahiers, stylos, etc.) sont imputés sur un
chapitre du budget de l'établissement. Les détenus-élèves subissent deux
devoirs surveillés par an et l'examen final. Les résultats sont communiqués par
l'ONAFED. Ceux qui n'obtiennent pas la moyenne annuelle redoublent. Certains
détenus étaient illettrés, ils ont obtenu soit un diplôme, soit un niveau
appréciable à la fin de leur détention. Des études menées et appuyées par des
statistiques fiables ont démontré que les causes poussant le plus au crime
demeurent l'analphabétisme ou le faible niveau d'instruction. Notre objectif
principal est donc de permettre aux détenus d'élever, d'une manière sensible,
leur niveau de formation générale, voire l'obtention d'un diplôme universitaire
afin de leur faciliter davantage la réinsertion sociale et leur faire prendre
conscience de tout l'intérêt pour la science et le savoir».
M.
Belahcène Mustapha, chef de centre, nous déclara à propos du déroulement des examens:
«Je suis directeur d'une école primaire, nous avons travaillé sans relâche en
collaboration durant une semaine avant les épreuves afin d'assurer un plein
succès à cet examen. Tous les moyens matériels et humains ont été mobilisés.
Comme vous le voyez, tout se déroule dans des conditions normales. Nous sommes
à la dernière épreuve, celle de la langue anglaise pour l'après-midi de cette
deuxième et dernière journée. Nous avons constaté une véritable ardeur chez les
détenus-élèves pour obtenir de bons résultats afin d'améliorer leur niveau et
obtenir, éventuellement, un diplôme qui leur facilitera la réinsertion sociale.
Nous sommes satisfaits de l'ambiance de travail qui a été rendue possible grâce
aux responsables de l'établissement qui nous ont apporté toute l'aide
nécessaire. Je tiens à les remercier vivement, avec à leur tête le directeur.
Notre deuxième satisfaction réside dans la discipline dont ont fait preuve les
candidats à cet examen final».
Posté Le : 22/05/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abbad Miloud
Source : www.lequotidien-oran.com