Le chef de l'Etat et son ministre de l'Intérieur semblent décidés à faire preuve de la plus grande persévérance pour convaincre les Algériens que l'échéance du 10 mai prochain est assez 'sérieuse? pour mériter qu'elle soit comparée à la date du déclenchement de la guerre de Libération, le 1er novembre 1954, comme n'a pas hésité à le faire Abdelaziz Bouteflika le 24 février à Oran. Ahmed Ouyahia, lui, a réussi à trouver une similitude entre les prochaines législatives et le référendum qui a consacré l'indépendance de l'Algérie ou encore, ce qui est une moindre exagération, l'élection présidentielle de 1995.Hier encore, Daho Ould Kablia est revenu à la charge. Sans aller jusqu'à dresser un parallèle entre le 10 mai 2012 et le 5 juillet 1962, une autre outrecuidance à attendre peut-être pour les jours à venir, il a néanmoins déniché un 'scoop? à servir
à la presse qui n'en demandait pas tant : les indemnités des futurs députés seront revues à la baisse ! Pour un scoop, c'en est bien un et il ne s'inscrit pas moins dans cette farouche campagne de crédibilisation du prochain scrutin législatif. D'autant que le ministre de l'Intérieur a fait cette révélation dans le cadre de sa réponse à une question qu'il venait de se poser lui-même, les journalistes n'y ayant pas pensé. Il y a une semaine, il déclarait que la future APN serait 'une sorte de constituante?, non sans insister sur les guillemets, ce qui renseignait déjà sur l'étendue des efforts dont les représentants du gouvernement allaient se montrer capables pour signifier que la prochaine législature ne ressemblera pas aux précédentes et que, cette fois-ci, par conséquent, le vote est d'une importance inédite. Cela ne rend pas hommage aux processus électoraux connus jusqu'ici par le pays, encore moins à l'administration qui les avait gérés. Pis, cela accable les 'élus? parachutés au Parlement ou dans les assemblées locales. Mais qu'importe, cela n'empêchera pas la majorité d'entre eux de se représenter pour un nouveau mandat, au nom de l'expérience acquise en matière de travail parlementaire. Un mandat 'sérieux?, cette fois-ci. Et, signe de 'sacrifice?, et d''engagement?, avec des indemnités inférieures.
Après l'énorme discrédit cumulé durant près d'un quart de siècle, pour ne remonter qu'au début du pluralisme politique, le pouvoir est désormais contraint de passer au billard pour une opération de chirurgie esthétique qui s'avère ardue, lourde et coûteuse. Sans garantie de succès, ses chirurgiens étant ceux-là mêmes qui ont 'opéré? jusqu'ici.
S. C.
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Posté Le : 29/02/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Saïd Chekri
Source : www.liberte-algerie.com