Algérie

Chine-USA : Le négociateur américain n'entend pas prolonger la trêve de 90 jours


Le négociateur en chef américain chargé de mener des tractations avec la Chine a laissé entendre dimanche qu'il n'entendait pas prolonger la trêve de 90 jours dans la guerre commerciale décrétée la semaine dernière entre Donald Trump et le président chinois Xi Jinping.
"En ce qui me concerne, il s'agit d'une date limite", a déclaré Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce (USTR), sur CBS. "Quand je discute avec le président des Etats-Unis, il ne parle pas d'aller au-delà de mars. Il parle d'obtenir un accord, s'il y a accord, dans les 90 prochains jours", a-t-il insisté. Depuis son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump s'est lancé dans une offensive contre les pratiques commerciales de Pékin, qu'il juge "déloyales", comme par exemple le transfert forcé de technologies imposé aux entreprises étrangères en Chine ou encore le non-respect de la protection de la propriété intellectuelle. A l'issue d'un dîner à Buenos Aires la semaine dernière, en marge du sommet du G20, les dirigeants américain et chinois avaient annoncé être parvenus à un consensus, après des mois de guerre commerciale ouverte se traduisant par l'imposition de taxes douanières supplémentaires réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises. Les Américains ont donné jusqu'au 1er mars à la Chine pour arriver à des résultats concrets. Ils ont également suspendu l'imposition de tarifs douaniers de 25% au lieu de 10% actuellement sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés. En échange de la trêve accordée par le président américain, les Chinois ont notamment accepté d'acheter davantage de produits américains et de réduire le déficit commercial énorme (autour de 335 milliards de dollars) qui hérisse tant l'occupant de la Maison Blanche. C'est Robert Lighthizer, rompu aux négociations difficiles et surtout un faucon en matière de relations commerciales avec la Chine, qui a été chargé de mener les négociations. Ses déclarations dimanche semblent mettre un terme aux vagues déclarations de Donald Trump sur l'idée d'une prolongation de la trêve.
"Les négociations avec la Chine ont déjà commencé. A moins d'être étendues, elles s'arrêteront 90 jours après la date (le 1er décembre, NDLR) de notre merveilleux et très chaleureux dîner avec le président Xi en Argentine", avait écrit le président américain das un tweet mardi.
Robert Lighthizer a par ailleurs estimé dimanche que l'arrestation de la directrice financière du groupe chinois Huawei ne devrait pas trop affecter les négociations commerciales en cours malgré les vives protestations émises par Pékin qui exige sa libération.
"De mon point de vue, cela ne devrait pas avoir véritablement d'impact", a-t-il dit. "C'est une affaire criminelle qui est totalement séparée de mon travail ou de celui des personnes travaillant sur la politique commerciale".

Les négociations "se passent très bien"
Pour sa part, Donald Trump a affirmé que les discussions commerciales avec la Chine "se passent très bien", épaulé dans son optimisme par son principal conseiller économique afin de dissiper les doutes sur la possibilité d'un accord. Le président s'est contenté d'un très bref tweet matinal, au milieu d'une volée de bois vert pour le procureur spécial Robert Mueller en charge de l'enquête russe. Larry Kudlow, son principal conseiller économique, a pris le relais sur les chaînes de télévision et martelé le même message d'optimisme. Depuis le sommet Trump-Xi Jinping samedi à Buenos Aires, qui avait éveillé les espoirs d'un règlement du conflit commercial opposant les deux premières économies du monde, observateurs et investisseurs ont été pris d'un doute sur leur capacité à arriver rapidement à un véritable accord. Ces doutes, et les craintes qu'une guerre commerciale intensifiée et prolongée ne mine la croissance mondiale, pèsent lourdement sur les indices boursiers. L'arrestation au Canada de la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei à la demande des Etats-Unis a provoqué un tollé à Pékin et fait craindre encore plus pour l'issue des discussions commerciales. M. Kudlow s'est voulu rassurant sur ce point. "Je ne sais pas si (cette affaire) aura un impact sur les négociations commerciales, en fait j'en doute plutôt", a-t-il déclaré sur CNBC. Quant aux négociations elles-mêmes, il a insisté sur le fait que les hauts responsables chinois ont employé à Buenos Aires et lors de déclarations rassurantes à Pékin ces derniers jours un mot qui en général ne fait pas partie du vocabulaire de la diplomatie chinoise selon lui: "immédiatement".

"Aie confiance mais vérifie"
"La Chine va mettre en ?uvre immédiatement (les points de) consensus auxquels sont parvenues les deux parties en matière de produits agricoles, d'énergie, d'automobile et autres biens spécifiques", a ainsi déclaré jeudi devant la presse le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng. Larry Kudlow a aussi affirmé que les Chinois s'étaient dits prêts à négocier les "points principaux, les bijoux de famille en ce qui concerne les Etats-Unis, à savoir le vol de propriété intellectuelle, le transfert forcé de technologie, le cyber-hacking, qui sont les sujets clés". Tout en se disant optimiste de nature, il a aussi insisté sur le fait que le négociateur en chef des Américains, le représentant au Commerce Robert Lighthizer, appliquait le principe de prudence rendu célèbre par Ronald Reagan pendant les négociations de désarmement nucléaire avec l'Union soviétique: "Trust but verify" (aie confiance mais vérifie).
L'accord vanté par Donald Trump reste encore entouré d'un grand flou. Les détails concrets font défaut, tout comme un calendrier précis de négociations.
Les Américains avaient donné initialement jusqu'au 1er mars à la Chine pour arriver à des résultats concrets. Ils avaient également suspendu l'imposition de tarifs douaniers de 25% au lieu de 10% actuellement sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés.
Le locataire de la Maison Blanche avait ensuite évoqué l'idée d'une prolongation de la trêve, avant même de commencer les négociations, et soufflé alternativement le chaud et le froid. Des changements de ton le tout par tweets interposés qui avaient un peu plus désarçonné les investisseurs et les milieux économiques.
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