Un million de volontaires et de policiers déployés dans la capitale, mais
aussi des pigeons et des cerfs-volants interdits dans le ciel pékinois : les
autorités craignent leur ombre avant la célébration du 60e anniversaire de la
République populaire.
Entre le 15 septembre et le 8
octobre, les propriétaires de pigeons ne sont pas autorisés à faire quitter
leur volière à leurs protégés. Les centaines d'adeptes de cerfs-volants ne
peuvent, eux non plus, faire traverser le ciel pékinois à leur engin. Le
responsable de la sécurité publique de la capitale a justifié ces interdictions
par la nécessité de renforcer la sécurité à l'approche de la fête nationale.
Ces mesures saugrenues s'ajoutent aux dizaines d'autres déjà entrées en vigueur
depuis le mois de septembre, marques de l'inquiétude, ou plutôt de la paranoïa,
du pouvoir.
Les supermarchés et magasins de
toute la ville ne sont ainsi plus autorisés à vendre de couteaux jusqu'au 8
octobre. Mieux, les hôtels et résidences hôtelières ont retiré à leurs clients
tous les ustensiles de cuisine pouvant servir d'arme. Une Française installée à
Pékin depuis plusieurs mois a ainsi eu le plaisir de trouver à son retour chez
elle un petit mot posé sur la table de sa cuisine : «Comme requis par le bureau
de la sécurité publique de Pékin, pour des raisons de sécurité liées à la
cérémonie de la fête nationale, aucun couteau de cuisine ne doit être fourni
dans les résidences. Donc, à partir d'aujourd'hui 11 octobre, nous sommes
désolés d'avoir dû retirer tous les couteaux de votre appartement. Merci pour
votre coopération».
Les alentours de la place Tian An
Men et l'avenue Chang'An, sur lesquels défileront les tanks, missiles et
soldats de la parade le 1er octobre, sont désormais placés sous haute
surveillance. Le 18 septembre, jour de la répétition générale de la cérémonie,
les immeubles, bureaux et hôtels donnant sur l'avenue Chang'An ont été vidé
entre 13h en 19h30. Les fenêtres de ces mêmes bâtiments avaient auparavant été
fermées à clé tandis que les restaurants et les stations de métro du quartier
ne pouvaient opérer de toute l'après-midi. Des journalistes japonais de
l'agence Kyodo News, qui n'avaient pas évacué leur chambre d'hôtel et prenaient
des photos de la répétition générale, ont ainsi été tabassés par des membres
des forces de l'ordre.
En plus du déploiement de 7.000
policiers dans Pékin, plus d'un million d'oreilles et d'yeux de citoyens
opèrent déjà pour le compte du Parti communiste. Les membres des comités de
quartier, vêtus d'un t-shirt jaune vif, sont disposés tous les cents mètres,
aussi bien dans les grandes avenues que dans les ruelles et même à l'intérieur
des résidences d'habitation.
Ce dispositif, loin de satisfaire
les locaux, provoque leur agacement. L'expression «1er octobre de merde» s'est
ainsi répandue comme une traînée de poudre chez les Pékinois. Et pour montrer
leur peu d'intérêt pour ces instructions officielles, les escadrilles de
pigeons avaient réinvesti le ciel dimanche dernier.
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Posté Le : 23/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Correspondant ticulier à Pékin Tristan De Bourbon
Source : www.lequotidien-oran.com