Chimère

Fuir l'oppression politique ou économique qu'ils subissent dans leur pays d'origine se comprend de la part des Erythréens ou des Soudanais ; mais de là à croire qu'ils trouveront un leur Eldorado à Tel Aviv relève de l'utopie.C'est ce qui est arrivé à ces pauvres Africains qui, au lieu de monter à bord d'une barque à destination de Lampedusa ont préféré la « Terre promise ». Beaucoup d'entre eux étaient persuadés qu'il recevrait un accueil digne en Israël. Une fois sur place, ils sont naturellement dirigés vers la seule structure d'accueil que leur propose le régime sioniste : la prison. Bien entendu, la douche froide a remplacé le jet d'eau des centres de rétention français ou italiens. Aucun Erythréen ou Soudanais n'obtient jamais le statut de réfugié en Israël. Ce qui permet au pays de profiter d'une main d'?uvre immigrée sans-papier et corvéable à merci. En décembre dernier, une loi adoptée par la Knesset prévoyait d'emprisonner un clandestin jusqu'à un an, sans même qu'il bénéficie d'un procès. L'attitude toujours de plus en plus dure des autorités israéliennes envers les clandestins a poussé ces derniers à se révolter, en manifestant pacifiquement en plein c?ur de Tel-Aviv. Ils étaient récemment plus de 30 000 sur la place Rabin à réclamer le droit d'être considérés « comme des êtres humains ». Régulièrement, les fachos du Likoud distribuent les propos haineux à leur encontre. Les contre- manifestations organisées par le parti israélien d'extrême droite en faveur du renvoi des clandestins à coup de crosse ne rassemblent jamais plus de 200 ou 300 personnes, tandis que les immigrés africains se mobilisent par milliers. Mais la révolte des « esclaves » n'impressionne pas Netanyahu, qui n'a que faire de ces hommes et de ces femmes qui cumulent deux grands désavantages : avoir la peau noire et être goyim. Il l'a d'ailleurs très bien dit en expliquant il y a peu que « les clandestins mettent en danger le caractère juif et démocratique de l'Etat hébreu ». Et puisqu'on parle « d'Etat juif » (le rêve sioniste), au cours de sa valse diplomatique en Jordanie, Benjamin Netanyahu a insisté à nouveau sur la reconnaissance d' « Israël » comme Etat juif pour conclure un accord de « paix » avec les Palestiniens. Cela dit, les «frères» égyptiens continueront à bloquer « les tunnels de contrebande sous leur frontière avec la bande de Ghaza », selon les déclarations de l'ambassadeur égyptien à Moscou Mohamed el-Badri. L'ambassadeur égyptien a qualifié des tunnels « d'il-légaux » et « le gouvernement fera tout pour en finir avec », a-t-il indiqué. Drôle d'illégalité devant le génocide d'un peuple. Pour rappel, l'armée égyptienne détruit régulièrement ces tunnels qui constituent la seule bouffée d'oxygène pour les Ghazaouis sous blocus ininterrompu. Situation que devraient méditer ces pauvres Africains qui s'attendent à un « accueil humain » à Tel Aviv.