Zahia Benkara est depuis le 23 novembre dernier la présidente de l’APC de Chigara, au nord de Mila.
Elle a été élue à la majorité dans une élection très disputée, où les deux partis du pouvoir ont mobilisé leurs bases respectives pour s’emparer du fauteuil de premier responsable de la commune, comme ils l’ont fait dans la majorité des villes de la région. Elle a obtenu 1.084 voix, remportant 4 des 15 sièges que compte l’Assemblée populaire communale. Née en 1977, Zahia est titulaire d’une licence en sciences islamiques de l’Université Émir Abdelkader de Constantine.
Elle a enseigné cette discipline pendant plus de vingt ans au lycée de la commune d’Arras, dont elle devient la directrice. Parallèlement à son travail d’enseignante et de directrice, Zahia Benkara active énergiquement dans le domaine politique et caritatif. Elle est membre du Conseil consultatif du MSP et du bureau de wilaya de l’association El Islah oua El Irchad. Elle s’est portée candidate aux élections parlementaires de mai dernier sous les couleurs du MSP.
«J’étais deuxième sur la liste du MSP aux dernières législatives», précisera-t-elle.
Dévouée pour le travail associatif, Zahia dira: «Mon objectif, voire ma raison d’être, est d’aider les gens, de porter assistance aux nécessiteux, d’être utile à ma société.»
D’ailleurs, les gens de la commune de Chigara lui témoignent reconnaissance pour ce qu’elle fait au profit de la population locale, notamment les femmes rurales.
«Elle aide, elle enseigne, elle défend les démunis. Zahia n’est pas une femme ordinaire, elle vaut mieux que quinze hommes», nous dira Brahim B., un éleveur de bovins à Chigara.
Depuis son élection à la tête de l’APC de Chigara, on ne tarit pas de commentaires sur elle sur Facebook, le fait étant inédit dans la région. Les commentateurs sont partagés. Certains croient, en effet, que le fait qu’une femme siège à la tête d’une commune est «contraire à la Charia, ou du moins à la substance d’un hadith du prophète Mohammed (QSSSL)».
D’autres, plus ouverts, considèrent plutôt cette élection comme «un signe d’émancipation de la femme rurale et expriment leur soutien, voire leur fierté par rapport au résultat réalisé par une jeune femme contre des candidats-hommes lourdement armés de moyens».
À notre question de savoir si les critiques publiées sur les réseaux sociaux la dérangent, la désormais chef de la commune de Chigara dira: «Ces critiques, qui prennent le référent religieux comme paramètre, n’ont en vérité aucun fondement dans la religion musulmane. Il n’existe aucun texte coranique ni hadith qui interdise à une femme d’être chef de commune.»
Photo: Zahia ne donne pas d’importance aux critiques sur les réseaux sociaux
K. Bouabdellah
Posté Le : 03/12/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : K. Bouabdellah
Source : elwatan.com du samedi 2 décembre 2017