Algérie

Chienne de canicule



A l’origine, le mot «canicule» se limitait à la période du 24 juillet au 24 août, correspondant à l’apparition de l’étoile Sirius, dite «la Petite Chienne» (en latin, canicula).
Et comme les Anciens confondaient causes et effets – comme nous d’ailleurs –, ils avaient associé la venue de cet astre avec les désastres de l’été. En tout cas, canicule ou pas, les thermomètres mentent moins que les mots. Et, dans la fournaise, les idées se diluent au gré des degrés.
Samiha Hali, dont nous vous parlions tantôt, est revenue discrètement au pays après avoir atteint le Pôle Nord. Première Algérienne et, sans doute, première Arabe et Africaine à fouler cet endroit mythique, elle a fait tout ce qu’elle avait prévu et, notamment, y planter l’emblème national et poser dans la neige une rose des sables de notre Sahara, belle allégorie patriotique et écologique. Après avoir supporté jusqu’à moins 20 degrés, elle a eu du mal à encaisser l’accueil moite et chaleureux d’Alger. La voilà donc à regretter les glaces de l’Antartique, au point que toute la production de boissons de son mécène ne pourrait la désaltérer !
Souvenir d’un premier voyage de jeunesse au Sud avec Chergui Kherroubi, devenu réalisateur en Belgique.
La chaleur coupait les souffles et, pauvres nordistes inexpérimentés, nous nous étions jetés sur un café, décidés à vider sa chambre froide de sodas et d’eau. Un vieux Ouargli nous conseilla de passer au thé. Puis, portant son regard sur la lumière aveuglante du dehors, il eut cette inoubliable expression : «Aârboun
djehenama !» (des arrhes de l’Enfer). Il est vrai que le purgatoire ne ressemble pas à un congélateur, bien que le froid extrême brûle aussi.
Comment ne pas parler, enfin, de ces détestables délestages dans un pays où l’on pense que ceux qui pratiquent les horaires d’été sont des attardés mentaux et où l’on importe de chez eux des abribus aux toits de verre ' Dernièrement, avec Shanez K., communicatrice de son état, et le traducteur et écrivain, Mohamed Sari, nous évoquions l’effet bénéfique des coupures de courant sur la communication familiale et la transmission du patrimoine oral. Mais, pour accroître cet effet, il faudrait programmer les coupures, ce qui permettrait de réviser les contes anciens et les bouqalate, et pouvoir les resservir aux heures programmées pour l’édification des enfants !
L’identité culturelle serait-elle inversement proportionnelle à la distribution électrique ' Encore un délire caniculaire en attendant la nuit du Doute, qui sera aussi d’août. Bon, il fallait la placer…
 


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