Algérie

Chez tata Safia



Chez tata Safia
Ici, c'est tata Safia (au centre de la photo), ou «mamichette» pour les plus jeunes, qui accueille tout le monde, famille ou amis, avec la même chaleur et le même sourire rayonnant.Cette belle octogénaire ne rate jamais une occasion de s'apprêter. Durant le mois de Ramadhan, chaque jour, elle revêt ses robes constantinoises cousues main. Bien que cela fasse une soixantaine d'années qu'elle est installée à Béjaïa, après s'être mariée avec un Béjaoui, elle n'oublie pas de rendre hommage à sa ville d'origine, Constantine, y compris dans les plats ramadanesques qu'elle prépare.Dans sa brigade de cuisine, tata Safia peut compter sur sa fille, Sonia, professeure de français à la retraite, ainsi qu'Edia, sa voisine et amie de toujours, une septuagénaire vive et joyeuse. «Pour nous, le Ramadhan, c'est avant tout le partage, le partage, et encore le partage», insiste Sonia. «Il y a toujours des invités, des amis, de la famille, des voisins», ajoute-t-elle. Pendant qu'elles préparent le repas, un délicat fumet envahit la maison. La chorba frik est quasiment prête, c'est maintenant la chtitha djedj qui occupe tata Safia.Elle a le geste et la patience qui font d'elle une excellente cuisinière. Comme si l'odeur les avait alléchés, les derniers invités de la journée font leur apparition. Le beau-frère de tata Safia entre dans la cuisine. En plaisantant, il joue à l'inspecteur des travaux (presque) finis : «Je vois que le chantier est en place», glisse-t-il dans un sourire. «Chez nous, c'est mixte, explique Sonia, on n'a pas cette culture de manger chacun de notre côté, on se retrouve tous ensemble pour rompre le jeûne.» Et Safia de surenchérir : «Le mois de Ramadhan c'est un grand bonheur, une grande joie, il faut avoir du monde à la maison.Et on s'embrasse tous.» Mais de l'avis général, malgré la fête dans la préparation dans laquelle les femmes investissent toutes leurs forces, l'ambiance s'est un peu perdue au fil des années. «Parfois, avant, on était presque 30 à table. Maintenant on est plutôt 7 ou 8, parce que les enfants sont souvent loin», raconte Edia, nostalgique. Cette année, le petit-fils de Safia, qui est parti s'installer en France, doit venir les rejoindre pour la deuxième quinzaine du Ramadhan.Alors elles l'attendent avec impatience. Mais en réalité, même lorsqu'ils sont loin, tout le monde est quand même là pour tata Safia. «J'ai eu quatre filles et un garçon, et chaque soir, pendant le Ramadhan, ils sont près de moi, même lorsqu'ils ne sont plus là physiquement», confie-t-elle, en jetant un regard plein de tendresse vers les photos de famille qui peuplent le buffet du salon.




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