Algérie

Chez Lalla Khadidja avec le jeu de la bouqala


vCette fois-ci, la Nouvelle République vous invite chez une vieille famille de Miliana pour assister à une soirée et découvrir le charme et le secret de la bouqala, jeu culturel qui fait partie des traditions restées vivaces chez les anciens Milianois.
C'est un jeu de femmes essentiellement, qui se pratique le plus souvent pendant les veillées du mois sacré, mais aussi à l'occasion des fêtes surtout familiales. El Hadja, Lalla Khadidja, a invité tout le voisinage : les fillettes, les adolescentes, les filles en âge de se marier, les épouses, les mères et, bien sûr, là où les aïeules qui se retrouvent dans la grande salle, autour de la meïda richement achalandée. Ensuite, la plus âgée, parfois la plus savante, préside les séances. En général, c'est elle qui ouvre le jeu. Mais rien n'empêche qu'une femme invitée dise une bouqala. Dans la bouqala, l'essentiel consiste dans le fait que celle qui joue le rôle du «penseur» a pour fonction de penser à quelqu'un de l'assistance ou autre. Cet acte spirituel s'accompagne d'un geste rituel : la même femme, tout en pensant à une personne, fait un n'ud sur un foulard ou une ceinture en laine (hezam). Dès qu'elle est prête, elle fait signe à la «savante», sans communiquer au reste du groupe le nom de la personne à laquelle elle dédie le petit poème. A ce moment, toute l'assistance écoute le présage contenu dans la bouqala et qui, et c'est le charme du jeu, véhicule un message, une pensée. De plus, le ton, la manière, dont la bouqala est dite, sont très importants. Chaque jeune fille attend avec impatience le message de la bouqala et ces femmes réunies autour de la meïda à même un tapis se détendent et l'ambiance couvre toutes les invités, heureuses de se rencontrer à travers un climat de profonde liesse. Puis, vient le tour de la maîtresse de maison, qui offre, aidée par des jeunes filles habillées en tenues traditionnelles, les spécialistes du Ramadhan, des confiseries dont la confection reste jalousement gardée (pâte de coing, pâte de raisins aux amandes, confitures aux sept fruits). Notons que la bouqala qu'on attend, qu'on dit et dédié, c'est d'abord l'expression. Voici la première bouqala qui inaugure le jeu : «Fatma, Fetoum, gloire à ton créateur. J'ai vu le ciel étoilé... L''il pleure des larmes et le c'ur se languit. J'ai envoyé une bague en or autour du cou d'un pigeon. Il est allé à la rue du bain et l'a embrassée. Il a jeûné pendant sept jours». Pour les bouqala dédiées aux jeunes filles en âge de se marier, nous avons retenu deux exemples. - Nous bûmes dans le même verre - Nos secrets dévoilés. - Aux oreilles des gens sont parvenus - Tel le cristal, le secret se brise une fois dévoilé. - Aux tréfonds des océans - Un bel homme me croisa - J'en fus éprise - Pour lui, j'abandonnerai tout - Pour lui, je suis prête à mourir.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)