«Chez l'Emir Abdelkader, toutes les civilisations se valent»

De notre envoyée spéciale à TlemcenWafia Sifouan

Le colloque international «l'Emir Abdelkader, Homme de tous les temps» avec lequel le Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire (Cnrpah) signe la fin de son programme prévu dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, Capitale de la culture islamique 2011» s'est ouvert samedi dernier. La rencontre académique s'est clôturée, hier, au palais de la culture d'Imama de Tlemcen, qui a abrité les conférences durant quatre jours.Avec la participation d'une centaine de chercheurs et spécialistes, ce colloque a levé le voile sur de nombreux aspects du personnage emblématique qu' est l'Emir Abdelkader, noble chevalier, homme de foi et véritable conciliateur, comme l'auront décrit de nombreux conférenciers. La plupart des intervenants ont insisté sur le fait de considérer celui qu'on qualifie de fondateur de l'Etat algérien moderne comme une véritable icône pour l'humanité et dont l'homme actuel devrait s'inspirer en temps de crise.Pour le Professeur Zaïm Khenchlaoui, chercheur au Centre national de recherche en paléontologie, anthropologie et histoire (Cnrpah), membre de la fondation L'Emir Abdelkader et coordinateur du colloque, «l'humanité traverse une véritable crise morale. Elle a besoin d'un modèle comme l'Emir qui a ?uvré pour le rassemblement des nations et le rapprochement des civilisations. Pour l'Emir Abdelkader, toutes les civilisations se valent», soutiendra-t-il. «L'émir est un véritable conciliateur qui a su incarner les véritables valeurs de l'islam à travers ses actes, laissant ainsi la parole aux théoriciens dont le discours est creux. Les valeurs que défendaient l'Emir telles que la tolérance, la fraternité et la liberté sont devenues des mots vides de sens», ajoutera le responsable. Le chercheur abordera également le côté très diplomate de l'Emir qui a su calmer les tensions. «L'Emir est un conciliateur international. Son pourvoir de persuasion et la force de son personnage lui ont d'ailleurs valu le respect de ses ennemis qui, aujourd'hui, dressent des stèles en son honneur et donnent son nom à des lieux», affirme-t-il. Encore une fois, le Pr Kenchlaoui mettra cette reconnaissance internationale et surtout française sur le compte de «la nécessité d'avoir un modèle à suivre».Il faut dire qu'ils sont nombreux à partager l'idée et l'image que se fait le Professeur Zaïm Khenchlaoui de l'Emir Abdelkader. Durant ce colloque, certains intervenants sont presque allés jusqu'à la sacralisation de l'Emir, arguant qu'il s'agit d'un homme pur dont l'esprit s'est élevé au dessus de la haine et autres sentiments humains négatifs. «L'Emir Abdelkader frôle la sacralité, c'est un descendant du prophète, ce qui le prédisposait biologiquement d'abord à être l'homme qu'il fut. L'esprit de l'Emir est éternel. Je dirais qu'il s'agit d'un phénomène et non pas d'un homme», déclare le chercheur. Par ailleurs, tout en encourageant la recherche qui devrait s'efforcer de cerner toutes les facettes de l'Emir Abdelkader et d'en approfondir la connaissance, notre interlocuteur insistera sur la nécessité d'intégrer la vie et l'?uvre de l'Emir dans le cursus scolaire algérien qui, jusque là, n'a pas exploité ce personnage, ainsi que d'autres leaders. «L'Emir mérite plus d'intérêt. Il y a très peu de thèses et de documents qui lui sont consacrés. Nous avons besoin de nous réapproprier ce genre de modèle pour sortir de notre marasme», conclut-il.