Algérie

Cheval de bataille pour les uns et ballon-sonde pour les autres



Jamais une campagne électorale n'a été autant perturbée par les appels du pied pour une amnistie générale au profit des terroristes. Les anciens chefs terroristes sont revenus sur la scène médiatique pour demander encore davantage de concessions. Certains d'entre eux, comme Madani Mezrag, pourtant interdits d'activité politique ont poussé le bouchon très loin. Jusqu'à crier à « la trahison », espérant, peut-être, arracher une réhabilitation et un retour « avec les honneurs » sur la scène politique, après avoir eu un passé de criminels. Certains repentis ont même menacé des journalistes parce qu'ils ont osé les qualifier dans leurs écrits de terroristes. L'ancien chef du GIA, Omar Chikhi, accompagné d'une dizaine de repentis a même proféré des insultes et des menaces contre une cons'ur, l'accusant d'être à la solde des « taghout », parce qu'elle a rapporté dans ses écrits le passé criminel du mufti du groupe du GIA, qui activait dans la région de Bentalha, avant de se rendre au début des années 2002 aux autorités. L'ancien chef terroriste, Omar Chikhi, membre fondateur du GIA, l'organisation la plus sinistre que l'histoire ait jamais connu, arrêté en 1998, et ayant bénéficié des dispositions de la concorde civile en 2001, a proféré de graves menaces à l'encontre de la journaliste sans être inquiété.Pourtant, tous ces anciens terroristes savent que le pouvoir est allé très loin avec eux en leur accordant la grâce amnistiante, dans le cadre de la loi sur la concorde civile, et l'amnistie à travers les dispositions de loi portant réconciliation nationale. Beaucoup ont pu réintégrer leurs foyers, dans leur propres villes et villages, en dépit de la douleur des familles de leurs victimes d'hier. Certains sont même devenus des privilégiés, au point de solliciter directement les plus hautes autorités du pays pour régler leurs problèmes. Pour pouvoir aller à La Mecque, Madani Mezrag a pris attache avec le Président pour obtenir un passeport, alors que l'ancien chef de la phalange Errahmane du GIA qui sévissait à Larbaâ, Mustapha Kartali, a réussi quant à lui à bénéficier d'une prise en charge à l'étranger pour se faire soigner des blessures causées par l'explosion d'une bombe déposée dans sa voiture. Pourtant Dieu seul sait combien d'Algériens souffrant de lourdes maladies vivent en sursis faute d'une prise en charge médicale pour se faire soigner à l'étranger.Discours et réalité du terrainPour ceux qui gèrent le dossier, aujourd'hui, il est clair que les anciens terroristes « n'ont rien à prendre » de plus que ce qu'ils ont eu. « Nous savons aussi que ceux qui restent dans les maquis sont des irréductibles très réfractaires à toute idée de repentance. Alors, s'il y a un texte pour consolider la charte, c'est plutôt pour trouver une sortie aux repentis qui se sont rendus après les délais de la charte et qui ont beaucoup aidé les services de sécurité dans le démantèlement de nombreux réseaux de soutien et de logistique. D'autres qui attendent la moindre occasion pour se rendre ont constitué une mine d'informations pour les services de lutte contre le terrorisme. Par l'intermédiaire de leurs parents, ils ont donné des renseignements importants. En tout et pour tout, ils sont au nombre d'une centaine et méritent que l'Etat leur trouve une solution juridique. S'il y aura un texte d'amnistie, il sera certainement destiné à cette catégorie », a révélé une source au fait du dossier. Pour cette source, la campagne électorale est la meilleure occasion de faire monter les enchères.« Certains candidats utilisent l'amnistie comme ballon-sonde et d'autres comme moyen de pression pour pousser à plus de concessions. » Mais, en réalité, le dossier est ailleurs que là où les gens le pensent. « Tout le monde sait qu'il y a une ligne rouge impossible à franchir, d'autant que l'institution militaire continue de payer un lourd tribut. Chaque jour, il y a des policiers, des militaires, des patriotes et des gardes communaux qui tombent dans des embuscades ou meurent déchiquetés par des bombes. C'est un non-sens de penser à pardonner à des terroristes qui continuent à tuer... », a déclaré notre interlocuteur. Il a souligné néanmoins « l'absence de réaction des autorités face aux activités de ces anciens terroristes, auxquels la loi, notamment les dispositions de la charte pour la paix, interdit toute activité politique, parce qu'il s'agit d'activités politiques ». Mais, pour lui, en ces temps de campagne électorale, tout est permis.


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