La gériatrie médicolégale», tel est le
thème de la journée d'étude qu'a organisée, jeudi dernier, au sein du centre
culturel communal de Chetouane, l'association socioculturelle des personnes
âgées de Tlemcen (ASPAT), présidée par M. Omar Belaïdi.
En guise de préambule le Dr Mohammed Réda
Boudia donnera un bref aperçu du bilan (22 conférences thématiques) et des
perspectives (perfectionnement de la formation spécialisée et amélioration de
la prise en charge) de la commission médicale de formation continue en
gériatrie, relevant de l'ASPAT. Ceci avant de faire une présentation succincte
du binôme gériatrie (spécialité médicale relative aux pathologies du 3e âge) et
gérontologie (science académique traitant des aspects sociaux, culturels et
anthropologiques de la personne âgée), qu'il illustrera avec une photo montrant
le président Abdelaziz Bouteflika baisant la main d'une vieille femme, parmi la
foule. Le Pr. Abdessamad Oussadit, médecin légiste (CHUT) s'intéressera à la
«protection des personnes âgées et les limites des articles 206 de la loi
sanitaire (1985, ndlr) et 54 du code de déontologie médicale (1992, ndlr)».
Deux textes qui font à ce titre référence aux enfants mineurs, aux handicapés
et aux prisonniers (les personnes âgées y sont exclues) et en vertu desquels le
médecin est tenu au secret médical, autrement dit, qu'il n'est pas astreint à
«l'obligation de dénoncer» une maltraitance ou des sévices qu'il aura à
constater, à l'occasion d'un examen médical. Pour illustrer son propos et
montrer le vide juridique en la matière, l'orateur fera une comparaison
pertinente avec le code de déontologie français, élargi au 3e âge qui stipule,
sur ce registre, que «le médecin doit alerter les autorités judiciaires,
médicales et administratives».
Cet expert de la médecine légale plaidera
pour une révision des deux textes, à travers une série de propositions pour la
législation algérienne à savoir: la nécessité de revoir la loi sanitaire et le
code de déontologie, instituer un numéro vert, établir un protocole de
déclaration (via un imprimé spécial) à l'usage des praticiens de la santé,
élargir la protection aux personnes diminuées en raison de leur âge, de leur
état physique ou psychique, permettre la saisine par le médecin des autorités
compétentes (justice, services de sécurité, protection sociale). Le médecin
légiste signalera, dans ce contexte, que son service a enregistré plus de 110
cas de violence sur ascendants au cours de l'année 2010, commis dans le grand
Tlemcen. Le Dr Mohammed Bouazza, médecin conseil auprès de la CNAS exposera
«les avantages de la sécurité sociale pour la personne âgée». L'octroi de la
carte dite «tiers payant», l'exemption du contrôle médical, la convention avec
le médecin traitant, les facilités en matière d'appareillage (orthopédique,
auditif…), de matelas anti escarres, de cures thermales… sont, entre autres,
les mesures préférentielles prises par ledit organisme en faveur de cette
catégorie vulnérable. La série de communications sera close par la conférence
de Cheïkh Hassane Saïdi (UABT) qui parlera de «la protection de la personne
âgée dans l'Islam». Son intervention étayée par des versets du Coran et des
hadiths du Prophète (QSSL) sera articulée autour de cinq axes, à savoir la
responsabilité des jeunes envers leurs aînés, la prise en charge (protection
sociale) des personnes âgées, les préjugés et les attitudes négatives, le
principe de priorités et les dérogations en matière d'obligations religieuses.
Le débat s'est limité à une question relative à la «validité» du permis de
conduire par rapport à la personne âgée. L'assistance sera invitée à avoir une
pieuse pensée au regretté Dr. Mokhtar Belarbi, l'icône du service médico scolaire
du quartier Fekharrine, qui vient de nous quitter. A souligner que deux doyens
de la médecine, en l'occurrence le Dr Fethi Hamidou (86 ans) et le Dr Mustapha
Yadi (84 ans) seront honorés en cette occasion (leur biographie respective sera
lue avec une très grande émotion devant l'auditoire). Invité à prendre la
parole, ce dernier qualifié de «médecin des pauvres», appellera solennellement
les jeunes praticiens à «aimer le malade même si c'est (votre) ennemi, car la
santé n'a pas de prix, la santé, c'est la vie». Et de souligner, les yeux
embués : «la médecine, c'est un sacerdoce avant d'être une science». En outre,
des cadeaux honorifiques seront remis aux communicants ainsi qu'à des membres
de l'APC de Chetouane qui a, faut-il l'indiquer, sponsorisé cette journée (mise
à disposition de la salle de conférence, dîner à la salle des fêtes Afit).
Ladite institution hôte était représentée par un vice-président. Le public
était composé essentiellement d'adhérents de l'ASPAT et de membres de la
corporation (généralistes, internistes, spécialistes). L'animation était
assurée par M. Abdelkader Bensafi (présentateur) et le «protocole» spirituel
par le tandem Cheïkh Abdelghani Belkacem et Cheïkh Mohammed Hamri (psalmodiants
du Coran).
Posté Le : 03/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Allal Bekkaï
Source : www.lequotidien-oran.com