Algérie

Chetima Bouzad


Chetima Bouzad
C'est une icône de l'Ahaggar, doyenne et maître de l'Imzad (instrument monocorde réservées exclusivement aux femmes chez les Touareg), Chetima Bouzad s'apprête à donner du plaisir à son public à l'occasion de la clôture de la 7e édition du Festival de la chanson et de la musique amazigh, ce jeudi. A 85 ans, elle n'a rien perdu de sa maestria mais aussi de son amour pour l'Imzad. Rencontré à Tahabort (la source), elle nous a affirmé qu'elle ne rate jamais une occasion de mettre en valeur le patrimoine artistique de l'Ahaggar.Parlez-nous de votre histoire avec l'Imzad...Je suis native du village Tin-Tarabine, qui se trouve à 300 km du chef-lieu de wilaya de Tamanrasset, où ma défunte mère était une artiste confirmée de l'Imzad. Mon histoire avec l'Imzad a commencé alors que je n'avais pas encore atteint mes 17 ans. C'est ma mère qui m'a inculqué les rudiments de l'Imzad et m'a fait aimer cet instrument. Je fais de mon mieux depuis des décennies afin de perpétuer la tradition comme l'ont fait nos prédécesseurs.Comment faites-vous pour éviter la lassitude sachant que vous ne vous séparez jamais de votre instrument de c?ur 'C'est surtout grâce à mon époux, Mohamed Ighiba, qui est mon unique soutien dans l'apprentissage de l'Imzad. Quand je ne suis pas bien dans ma tête, je décompresse en jouant de l'Imzad. L'histoire transmise de génération à génération raconte que lors des périodes de guerre dans la région, les joueurs de l'Imzad intervenaient avec leur instrument pour apaiser les esprits par le biais de ses sonorités et de ses mélodies. Ma mère m'avait légué cet art tout en me conseillant de ne pas m'en passer. Elle me disait : « l'Imzad est ton bébé éternel. Il ne faut jamais l'abandonner, il faut en prendre soin jusqu'à la fin de tes jours ».Combien de temps pourriez-vous rester sans toucher à votre instrument fétiche 'Je ne peux pas m'abstenir de jouer l'Imzad pendant une journée. Il m'accompagne là où je vais. L'Imzad est ma vie. D'ailleurs, quand je termine une quelconque activité ménagère ou autre, je marque une pause pour retrouver mon Imzad et remonter le temps. C'est ma source d'inspiration et ma façon aussi de communiquer indirectement avec nos aïeux.Etes-vous optimiste quant à l'avenir de l'Imzad dans votre région 'Oui car la relève existe. Je suis très fière de cette nouvelle génération. Les filles de ma région s'intéressent énormément à l'Imzad. D'ailleurs, lors de ma dernière production à Alger, plusieurs filles ont animé avec moi mon spectacle. Elles se préparent pour prendre le flambeau et assurer la pérennité de cet art ancestral. C'est tout à leur honneur.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)