Algérie

Cheta khassek '!



La scène est presque banale : deux appariteurs, assis sur un canapé en cuir déchiré près d'un chauffage, interpellent sèchement une vieille femme : cheta khassek ' Il y a foule devant cette administration papivore, qui vous réclame document sur document, jusqu'à ce que vous oubliiez le papelard que vous avez demandé ! Ici histoire presque vraie : celle de ce quidam sommé de réunir en deux jours les pièces d'un dossier pour aller laver ses os aux Lieux Saints de l'Islam.A l'hôtel de ville, il mettra une journée entière pour décrocher un extrait prouvant sa naissance dans le douar, mais il se révèle bourré de fautes : au lieu de Kaddour, l'étourdie préposée à l'état civil transcrit en caractère griffonné Sattour, le tout aggravé par l'énorme sacrilège fait au nom de sa défunte mère, qui devient Taffia au lieu de Dhaouïa. Après une semaine passée à courir après un misérable document en forme de «S» prouvant qu'il est bien né au douar de Sidi Bouzhour et non à Aïn-Peut-être, le quidam, analphabète polyglotte, s'embourbe à la daïra pour déposer son dossier pour l'obtention d'un document, lui permettant de quitter le pays sans être interrogé sur la couleur des cheveux et le signe particulier du plus vieux de ses amis d‘enfance. Du passeport bio, il ne comprit jamais rien et mit six mois à biffer un formulaire exigé pour son sésame qu'il n'obtint jamais. Arrivé à l'âge où il doit changer de fusil d'épaule, notre quidam décida de fermer les yeux à jamais en cachant dans son potager une lettre dont personne ne put jamais percer le mystère : «Arrivé au crépuscule de ma vie, j'aurais tant voulu partir laver mes os sur la terre sainte du dernier des prophètes. Mais la volonté de l'homme a cassé tous mes os et transcendé celle de l'Immanent, me jetant en pâture dans les griffes trop acérées des homo-papivores. Une race qui se multiplie à une vitesse prodigieuse, qui a sur vous un droit de vie et de mort. De mort surtout puisqu'un homo-papivore, ça vous bouffe la cervelle, puis les yeux, les poches et ensuite le corps en entier pour faire de vos restes de la pâte à papier, comme d'autres ont fait de la chair humaine du savon à laver les mauvaises âmes en peine». Ainsi prospéra l'inquiétante engeance des papivores...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)