Algérie

Chères interviews...


Chères interviews...
Le sac du festival à l'épaule, le pas alerte, l'air sérieux, préoccupé à chaque enjambée sur la Croisette, on scrute le ciel où un orage se prépare, on dresse dans sa tête la liste des films du jour, on allonge le pas, car il faut être à 8 heures tapantes dans le grand amphithéâtre Lumière pour trouver une place à la première projection de presse quotidienne. On y va comme quelqu'un qui va accomplir ses dévotions matinales, sauf que le «bunker» n'est pas une mosquée...
Cannes (France).
De notre envoyé spécial
Arrêt au Majestic pour prendre en hâte les revues. On se cogne là à dix, vingt confrères qui transitent par ce splendide palace chaque matin avant de se retrouver à la salle Lumière. Cannes à cette heure est totalement déserte.
On entend les bruits des vagues de la mer. Mais tout à l'heure en fin de matinée, la ville sort comme d'un mauvais rêve : trop de monde, trop de voitures, trop de bruits, sans compter quelques clochards sortis on ne sait d'où...
C'est bien plus tard que les stars surgiront de leur suite au milieu de mille paparazzis et chasseurs d'autographes. D'innombrables badauds occuperont alors la chaussée et les trottoirs. Quelques minutes d'exaspérante attente devant le Debussy, et nous voici partis pour la seconde séance de presse quotidienne, faisant suite à d'autres projections d'Un certain regard, de la Quinzaine des réalisateurs, de la Semaine de la critique et du marché du film. Entre-temps, il arrive qu'on largue les amarres par un excès de fatigue. On échoue à la salle de presse devant un ordinateur, et on ne songe plus qu'à envoyer l'article sur les événements du jour, sur tous les films qu'on a vus en entier, aux trois quarts, à moitié et même ceux où les fauteuils ont claqué dès les premières images...
Brad Pitt a exigé 3000 euros pour une interview
Cannes : trop de films, trop de monde, trop de soleil, trop de vent, trop de pluie, trop d'argent ! L'argent justement parlons-
en ! Une houle de regrets nous transperce de devoir accepter le système quasi mafieux des hôtels et restaurants de Cannes pendant le festival. Tout est hors de prix. Une inflation record. La nourriture et les lits. C'est la chose qui donne le plus de migraine aux envoyés spéciaux. Et à mi-course du festival, on a eu vent d'un autre scandale. Au café (gratuit) qui longe l'escalier mécanique du palais du festival, des confrères américains, canadiens, japonais, nordiques (les plus riches) disent qu'on a failli faire plonger leurs relevés bancaires... Certains ont cherché à faire des interviews. Mal leur a pris. Faisant le beau, plutôt décontracté sur le tapis rouge, Brad Pitt a exigé 3000 euros pour une interview de 20 minutes. A Cannes, cela s'appelle acheter des créneaux d'interviews dans les boutiques des attachés de presse ou des distributeurs. On pouvait aussi poser des questions (hors de la conférence de presse régulière) à l'équipe de On The Road pour 750 euros. Si la vedette Kristen Stewart est présente, le tarif grimpe jusqu'à 1000 euros.
La note est nettement plus salée si c'est une interview pour une chaîne de télévision. Nicole Kidman, l'Australienne, au festival pour présenter The Paperboy, était aussi visible en tête-à-tête pour un petit moment seulement et en échange d'un gros chèque. Tels sont les faits sidérants pratiqués par les stars. George Cloony, qu'on voit boire un café avec John Malkovich dans une pub pour une machine à café, est sûrement un grand bosseur mais il garde secret le tarif de ses entretiens.


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