Algérie

Chercher quoi ?


Le meilleur loisir, pour un chanceux retraité, est de chercher à semer des idées au sein de la société, pour son équilibre mental. Et cultiver son jardin, pour celui de son moral. Ecrire, c'est un peu ça. Une manière de chercher à produire quelque chose d'utile. Elle nous permet, également, d'exprimer des sensations et d'extérioriser nos sensibilités fourmillant en notre for intérieur. Un exercice périlleux, mais aussi un attrait irrésistible menant vers les plongeons réflexifs. Un océan de merveilles, un loisir idéal au profit de ceux qui savent meubler, utilement, leur temps comme on dit. Un effort mental à la recherche de points d'appui nous permettant de faire circuler nos pensées et de capitaliser d'autres, d'ailleurs. L'essentiel est d'éviter de porter des jugements de valeurs prématurés envers les états d'esprit des gens se trouvant, après tant de ballottements de toutes sortes, empêtrés dans des enchevêtrements en tous genres et nous donnent, quelquefois, l'impression : «qu'on est en train de fouetter le vent avec un bâton», comme dit l'adage populaire. Peu importe, c'est déjà de l'aération morale aussi bien pour soi-même et surtout pour l'état d'esprit de la jeunesse, cultivant ses propres inspirations, d'avoir vent des actualités autrement vues pour lui permettre de mieux discerner les choses. En toute latitude. Dans ce même ordre d'idées, notre contribution se penchera sur la recherche agronomique qui vient d'inaugurer ses «premières assises», a-t-on annoncé, lors d'une rencontre tenue les 10, 11 et 12 février courant. Cette assise intervient dans un contexte particulier, chargé d'événements nationaux se bousculant et emphatiquement médiatisés. C'est comme on est en train de ragaillardir de nouvelles énergies inconnues et faire appel à des forces surnaturelles. La semaine qui s'écoule est du même train-train. Le monde agro-rural traverse une période critique issue des choix stratégiques entrepris dans les années 2000, pour changer une situation héritée peu reluisante elle aussi. Les dysfonctionnements, de son segment technico-économique dépassé par le clientélisme féroce ligué à l'irrationalité envahissante, notamment de ces dernières années, ont engendré des blocages dénaturant ladite stratégie décennale de développement agricole et rural malgré les progrès réalisés, mais en decà des objectifs fixés et moyens engagés à ce jour. A cet effet, le thème du séminaire est axé sur l'importance de la recherche agronomique, dans le développement agricole ambitionnant l'autosuffisance alimentaire du pays. En fait, la raison d'être de ladite stratégie. Un retour à la case départ, aux véritables assises de recherches créatrices d'approches de développement intégré, après 7 ans de gros efforts physiques et financiers et d'immenses terres valorisées, a-t-on maintes fois annoncé... Un sujet insistant d'actualité, malgré son tassement permettant un «répit» dû à des événements euphorisants, anticipés, noyant l'actualité. Pour un temps. L'Institut national de la recherche agronomique - INRA - dont la compétence, en la matière, est indéniable de par ses différents cadres, archives et documentations, laboratoires et stations de recherches, a parrainé ce séminaire qui est censé, en principe, conclure ses travaux par des recommandations innovantes. Parmi les axes de recherches entre autres, débattus lors de cette rencontre, nous esquisserons les plus déterminants de notre point de vue, à savoir : l'état et la fertilité des sols, l'amélioration de la production agricole et le réchauffement climatique. 1. Le taux d'humus, dans la plupart de nos sols, est insignifiant. Les sols squelettiques dominent. Les amendements organiques sont, de moins en moins, incorporés dans les grandes parcelles cultivées. Les engrais verts et les chaumes non restitués aux surfaces céréalières, car ils sont totalement pâturés en toute saison. Les précédents culturaux, pourvoyeurs d'azote directement assimilables par les plantes pratiquement non cultivées à grande échelle - pois chiche, lentille, féveroles, luzernes, vesces, etc.- et des jachères non bien travaillées et entretenues, diminuent considérablement le rendement des céréales. Les engrais chimiques nécessaires pour les plantes, dans un certain sens, n'ont cependant que des effets de «coups de fouets» pendant une période bien déterminée et à la condition, bien évidemment, d'un apport hydrique conséquent, tout juste après, notamment les azotés sur blés en période de croissance, sinon ils auront des effets contraires. Les fumures de fonds, notamment phosphatées, ne sont que rarement ou peu - en quantités - utilisées par les céréaliculteurs. La pomme de terre est exigeante en potasse et peu en azote, mais plus demanderesse en fumure organique plus équilibrée et rapidement assimilable, que les engrais chimiques nécessitant un complexe argilo-humique optimal dans le sol. Trop d'azote, pour la pomme de terre, développe excessivement son feuillage, mais peu de tubercules et par ricochet de l'humidité - évapotranspiration de proximité - et donc des maladies cryptogamiques. Tout un enchaînement. Une nouvelle stratégie scientifique, contenant une approche structurée de bonification des sols de plus en plus lessivés en éléments organiques - érosions multiformes en plaines et reliefs, malgré les actions de consolidation des sols montrant leur limite depuis belle lurette - s'avère impérieuse, car il s'agit de notre patrimoine fondamental à plus d'un titre. De par leurs territoires respectifs mieux occupés, donc contenus, le Maroc et la Tunisie ayant, ou presque, nos conditions agropédoclimatiques, ont fait des bonds gigantesques dans la fertilisation des sols, grâce à des travaux de recherches poussées, une gente rurale non perturbée par l'état d'esprit rentier, des agriculteurs volontaristes pertinemment conseillés et bien évidemment des suivis scientifiques rigoureux. Tout une agronomie inscrite dans un seul processus et pour le même objectif : la préservation des sols, par leur restauration multiforme, liée à des systèmes agro-sylvo-pastoraux équilibrés, instaurés par des approches agronomiques solides intégrants, judicieusement, tous les facteurs naturels favorables et acteurs bénéficiaires qui, à l'exemple du Maroc, vont travailler dans l'agriculture en tant que saisonniers en Espagne et reviennent avec du savoir-faire en la matière. En ce qui nous concerne, il s'agirait d'abord de fouiller les potentialités humaines et naturelles des plaines, vallons et montagnes du pays, afin d'opérer des recherches hiérarchisées selon les priorités, puis de les comparer scientifiquement, sans complexes, avec celles de nos voisins méditerranéens et d'agir avec ténacité, à tous les niveaux, pour leur application dans le temps rationnellement utilisé et l'espace mieux contenu. 2. Si pour le chapitre ci-dessus esquissé, les objectifs, les statistiques sont moins fournies du fait que cela nécessite tout un arsenal de démonstrations édifiantes; en revanche dans celui-là, elles foisonnent. Près d'un 1,3 million d'hectares valorisés pendant 7 ans augmentant la surface agricole cultivée parait-il, des milliards de litres de lait produits en plus, chiffre-t-on, des dizaines de millions de quintaux de céréales jamais récoltés auparavant, annonce-t-on, et des centaines de milliers de tonnes de pomme de terre engrangées, mais coûtant les yeux de la tête et... de plus en plus ravagées par le mildiou, le doryphore, etc. etc. Malheureusement, l'absence d'indicateurs fiables ne permet pas de vérifier ces améliorations et ses différents impacts. L'année 2007 fut édifiante à ce sujet. En effet, près de 5 milliards de dollars ont été consacrés aux produits alimentaires importés, soit plus de 60 % des revenus annuels touristiques de la Tunisie. Inimaginable. Ainsi, la liste des aliments importés et des intrants agricoles nécessaires à l'amélioration de la production agricole s'est allongée notablement au cours de l'année écoulée. Cet état de fait semble bien s'inscrire dans la durée. Plusieurs indices le présagent et donc devraient susciter en nous, à plus d'appréhensions et du bon sens. A cet effet, nous notons que parmi les points susceptibles d'intéresser la recherche agronomique, ce sont les impacts de reconversion, de 1,3 million d'hectares de terres céréalières, en arboriculture fruitière et forestière, «mise en défens», aménagements de consolidation des sols, etc. En principe, ces impacts sont nombreux au vu de ce foncier impressionnant ainsi réorienté, au profit notamment de l'arboriculture fruitière, aux dépens des productions alimentaires de base des populations humaines que du cheptel. Cela va des vergers semés un peu partout dans le pays aujourd'hui, normalement, en pleine production, à la lutte contre la désertification liée à la fixation des éleveurs pastoraux notamment, la régulation économique des exploitations confortées par des systèmes de production diversifiant les cultures et les élevages laitiers, les importants volumes d'eaux mobilisées et leur rentabilisation et bien d'autres indicateurs, liés intimement à l'amélioration de la production agricole, qu'ils faudrait imaginer tangiblement, afin d'engager dans le savoir fouillé d'autres ressorts stratégiques mieux inspirés, à la hauteur des enjeux de demain, dont les palliatifs au réchauffement climatique. 3. «Les variations du climat ne datent pas d'aujour-d'hui. Elles se sont accentuées depuis le siècle dernier. L'Afrique, berceau de l'humanité fut la première touchée de plein fouet par leurs effets. Des millions de morts dus à la sécheresse et ses corollaires dont la désertification, la soif, la malnutrition, les pandémies, le mouvement des populations aussi bien humaines que animales, les guerres...etc.». Extrait de notre article intitulé «A plein gaz ?» paru au Quotidien d'Oran du 22/11/2007. Une liste bien succincte de dangers encourus et à venir, naviguant dans les esprits au gré des sommets mondiaux et autres rencontres scientifiques nationaux et internationaux. Le protocole de Kyoto et les conventions liées ne sont qu'un paravent, cachant de multiples enjeux «extra-terrestres» et ne constitueraient, nullement, la panacée pour un processus irréversible, prenant ses ancrages dans la longue histoire de la Terre. En revanche, le genre humain a toujours survécu à toutes les catastrophes, de toutes sortes, grâce à son génie renforçant ses aptitudes innées, lui aussi, aux changements de son environnement. Cependant, elle semble ne plus supporter ses extravagances d'aujourd'hui. En fait, le réchauffement climatique ne serait que la face visible de l'iceberg. En effet, les besoins alimentaires mondiaux s'accroissent d'une façon ahurissante. Les pays ne produisant pas leurs aliments pâtiront durement, d'autant plus que leurs terroirs sont en train de se désertifier terriblement. D'après les projections établies, l'habitat urbain touchera plus de 80 % de la population mondiale, dans quelques petites décennies. Notre pays, n'est pas loin de cette situation - près de 65 % déjà - avec toutes ses nuisances. Il est devenu évident que seule une «hydro-agriculture» intensive, en termes de fertilisation des sols, liée à l'augmentation des principales productions alimentaires de base, serait l'unique alternative. Par conséquent, et de notre point de vue, deux priorités devraient prévaloir dans ce cas : une politique judicieuse d'aménagement du territoire national liée à celle prévoyante, en termes de régulation socio-économique des terroirs et de l'utilisation de l'eau par priorités dont, en premier lieu, un peuplement spatial encouragé et déconcentré. Il est manifeste, que les pluies diluviennes sont de plus en plus fréquentes et de moins en moins prévisibles en terme d'intensité, les ressources hydrogéologiques sont épuisables à terme, les édifices de stockages des eaux superficielles nécessiteraient d'autres approches de génie hydraulique du fait des séismes endémiques d'une part, et d'autre part, de la nécessité de dimensionner raisonnablement les capacités de retenues liées aux dynamiques torrentielles. A cet effet, le barrage de Bou-Haroun n'a pas montré toutes ses «failles». Les petits ouvrages hydro-agricoles, construits à l'aval des affluents de toutes dimensions généralisés et bien repartis, à travers le territoire national, mériteraient plus d'attentions soutenues et recherches hydrographiques poussées. Il suffit d'établir, au départ, une équation pertinente comme par exemple : Coûts/bénéfices/ impacts environnementaux visés. En d'autres termes, c'est comment arriver à répartir une même somme d'argent dans différents ouvrages judicieusement ciblés, au lieu d'un seul, pour plus de résultats et d'impacts sur le développement durable amplifié. Du point de vue agronomique, il serait judicieux de réfléchir sur des stratégies d'irrigations ciblées au niveau des zones ou les composants : sol fertilisable, plantes d'intérêt alimentaire, eau mobilisée judicieusement, des gens bien formés et motivés dans leurs recherches et actions respectives, seraient tous réunis. Tous ! Malheureusement, ces derniers temps, des opportunistes envahissants gaspilleurs aussi bien les énergies, en tous genres, que du temps dans tous les domaines, sont confortés dans leurs démarches. Comme celle d'animer le populisme douariste «participatif», au lieu d'affronter, scientifiquement, les dures réalités du terrain se muant visiblement, par la force des choses, vers des situations inextricables. En conclusion, la recherche agronomique actuelle devrait entamer une mue profonde la menant non pas seulement sur le terrain en tant que tel, comme certains le répètent pour d'autres motifs justifiant leurs propres carences, mais pour suivre au terroir près, dans la durée, les préoccupations des agriculteurs mal orientés et aux tréfonds des inquiétudes sociétales liées à l'autosuffisance alimentaire. Pour ce faire, il faut bannir de nos mentalités ce n'importe quoi entêté aussi bien dans les actes que des paroles. A tous les niveaux, notamment de celui du politico-économique. Il est devenu manifeste, que notre grand et beau pays cherche de grandes idées rénovatrices afin qu'il puisse se doter d'institutions de bonne gouvernance ainsi que de recherches scientifiques, du niveau de sa dimension géographique et historique.
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