Algérie - Revue de Presse

Cherchell : Un héros anonyme vit dans la précarité


«J'ai pris la bombe, je l'ai sortie à  l'extérieur du marché où elle a explosé quelques secondes plus tard, ajoute-t-il. J'espère qu'une oreille attentive tiendra compte de mon geste et de ma situation sociale, précaire», conclut-il. Le geste courageux et héroïque du citoyen Ouzaghla Samir, né à  Alger le 8 février 1970, aura été déterminant en cette matinée de jeudi 9 mai 2002 au niveau du marché hebdomadaire de Cherchell. Le temps ensoleillé en cette journée aura encouragé, comme à  l'accoutumée, des milliers de femmes et des hommes à  se rendre à  ce marché. Les familles rurales et urbaines venaient de toutes les régions environnantes de la ville de Cherchell. Les hordes criminelles avaient ciblé ce marché pour passer à  l'acte et assassiner un très grand nombre de citoyens innocents. Les commerçants ambulants avaient installé leurs marchandises et leurs produits, y compris la friperie, tous très demandés et utilisés par les artisans et les familles. Un sachet suspect et abandonné chez l'un des vendeurs avait été aperçu par Samir. Le propriétaire de ce sachet avait demandé au commerçant de le garder, le temps de faire un tour dans le marché, avant de s'évaporer dans la nature. Samir Ouzaghla, employé par l'adjudicataire de ce marché, avait aussitôt alerté un brigadier de police et un policier sur la présence de ce colis dans lequel se trouvait une montre. C'était une bombe. Un mouvement de panique s'est créé. Des cris et des pleurs fusaient depuis ces marées humaines compactes. Les citoyens voulaient échapper à  la mort. Courageusement, avec un sang-froid inouï, avec une spontanéité déconcertante, le jeune Samir emporte avec lui le sachet en plastique pour le jeter en dehors du marché. Un court instant s'écoule. Une très forte déflagration a eu lieu, secouant toute la ville de Cherchell. Un jeune nommé Attalah, assis innocemment à  quelques encablures du lieu de l'explosion, avait été atteint. Il succomba. Ouzaghla Samir avait été emmené par la suite au commissariat de police de Cherchell. Les policiers lui avaient reproché d'avoir relaté les faits exacts au seul journaliste présent sur le lieu de l'attentat. Aujourd'hui, le héros anonyme père de 3 enfants vit dans la précarité totale. Avec sa petite balance manuelle, il pèse les caisses de fruits et légumes au niveau du marché de la ville, encaissant quelques insignifiants sous à  chaque pesée d'une caisse, pour subvenir à  ses besoins vitaux. Il est totalement ignoré par les autorités, lui qui avait pourtant sauvé des centaines de vies humaines en ce 9 mai 2002.
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