Algérie

Cherchell - Le centenaire hôtel Césarée ouvrira-t-il ses portes cette année?



Cherchell - Le centenaire hôtel Césarée ouvrira-t-il ses portes cette année?
Une somme colossale fut consacrée à la rénovation et à l’aménagement de cet hôtel en 2007. Cet hôtel dépendait de la commune, mais celle-ci n’a pu avancer le montant de 10 milliards qu’avait nécessité cette rénovation.

C'est à l'issue d'un deal avec la commune que l'Agence foncière de Tipasa avait pris en charge les travaux de rénovation de l’hôtel, pour ensuite le louer et récupérer ainsi le montant de l’investissement consenti, sachant que les finances communales n'étaient pas en mesure de faire face à de telles dépenses.

Prévue initialement pour le mois de mai 2010, la réception définitive de ce majestueux bâtiment ne s’est pas faite dans les délais. Ce n’est que récemment qu’eut lieu cette réception.

A ce jour, cet hôtel n'est pas encore opérationnel, et ce, pour plusieurs raisons tel qu’énoncées par le maire de Cherchell.

«La raison majeure du retard dans son démarrage fut l’insuffisance de son alimentation énergétique qui avait requis la construction d’un poste de transformation », précisera ce dernier.

La construction de ce poste au cœur même d’un prestigieux jardin attenant à l’hôtel Césarée, fut à l’origine d’un mécontentement citoyen. Plusieurs amoureux des vestiges de la ville sont exaspérés par la suppression et la réaffectation totale des quatre jardins publics situés dans le périmètre immédiat de l’hôtel, dont deux furent réquisitionnés au profit de la mosquée et le troisième fut le lieu de la construction en février 2006 d’une immense stèle dédiée aux chouhada de la région.

Cette stèle trône sur la totalité du jardin public, reconfiguré totalement en plaques de marbre luxueux pour un montant qui avoisine le demi-milliard de centimes.

«Le cœur de la ville de Cherchell disposait d’un grand nombre de jardins publics qui faisaient jadis sa fierté. Aujourd’hui, ces derniers se réduisent au seul jardin de la placette du front de mer, agrémenté par d'antiques arbres de Belombra, où celui faisant face à la poste de la ville ,qui se trouve dans un état lamentable», raconte avec dépit, tristesse et amertume. M. Maâmar S., un sexagénaire, originaire de la ville.

La disparition graduelle de ces jardins, qui en a exaspéré ces citoyens qui avaient adressé une requête au maire de la ville pour empêcher la construction de ce poste électrique, reste toutefois au centre de leurs préoccupations.

L’un d’eux nous dira: «Nous tiendrons compte de ce mépris lors des élections prochaines et là, ce sera à notre tour de faire le procès de ceux qui ont pris de telles décisions», affirme, en colère M. H., un membre d’une association locale.

Le maire de la ville nous informa fièrement à son tour que le poste fut érigé dans ce jardin, contre vents et marées ,malgré les difficultés et oppositions faites par un groupe d’individus. L’hôtel sera loué dès que les résultats de la mise en adjudication lancée en janvier, selon le système des contrats de 3 ans, 6 ans et 9 ans, seront connus.

Bien que la location de ce majestueux hôtel fut à l’origine de rumeurs sur de potentiels investisseurs étrangers intéressés par cet édifice, le dépit des Cherchellois est immense.

«Cet hôtel et ses merveilleux jardins furent notre fierté. Plusieurs emplois furent supprimés et des commerces ont fermé», clame haut et fort un Cherchellois.

Rappelons que cet hôtel centenaire construit en 1887 fut à l’origine dénommé Hôtel Nicolas, puis rebaptisé vers les années cinquante Hôtel Césarée. Il figurait sur le guide bleu du tourisme mondial, et fut recommandé comme l’une des destinations touristiques la plus intéressantes aux touristes européens et américains.

Mme De Saint Exupéry, l’épouse du célèbre aviateur français, Mme Kennedy, veuve du président Kennedy, Mme de Gaule, épouse du général de Gaule, les acteurs Mastroanni et d’autres célébrités, ont fait honneur au célèbre hôtel, en y consacrant des haltes ou en effectuant des séjours, en qualité d’invités de marque de la municipalité coloniale.

Ce prestigieux établissement avait aussi dans le passé accueilli des officiers supérieurs français et européens en visite dans la célèbre Ecole militaire de Cherchell, soit à l’occasion de banquets ou de réceptions officielles organisés par la municipalité coloniale de Cherchell.

Cet hôtel de 60 chambres et suites luxueuses haut de gamme, qui s’étend sur une superficie de 2.000 m2 est structuré en trois blocs destinés à la restauration, l’hôtellerie et les salles de banquets. Mais il comporte aussi d’importants sous-sols, faisant office de garages, de magasins de stocks ou de caves immenses.

Dans cet hôtel, outre les immenses et luxueuses suites qu’il comporte, les vastes chambres raffinées et meublées avec goût, on peut admirer des balustrades et rampes d’escalier confectionnées avec un mélange de bois rouge et de fer forgé, le tout décoré de marbre blanc raffiné importé d’Italie.

Les lattes du parquet ciré avec goût et raffinement au niveau des différents étages, et ayant résisté une centaine d’années durant jusqu’à nos jours proviennent d’arbres exotiques d’Amérique du Sud.

Cet hôtel, mal géré par un concessionnaire depuis 1962, tomba en décrépitude jusqu’en 1990, date où la municipalité mit fin à cette concession.

Repris par la commune qui le géra difficilement, il fut affecté en 2002 à la Sûreté nationale pour devenir une annexe de la Sûreté urbaine, après l’octroi d’un budget de première rénovation.

Cette situation dura jusqu’en 2005 où la construction du nouveau siège de Sûreté urbaine Est de Cherchell permit de libérer cette infrastructure hôtelière, pour la restituer à sa vocation originelle.

Cependant, les dégâts des séismes de 1980 et de 1989 ont accentué le délabrement de l’édifice, ce qui avait contraint l’APC de Cherchell à s’en séparer au profit de l’Agence foncière urbaine (Agrfu), chargée de sa remise en état après étude.

Une enveloppe de près d’un milliard et demi fut consacrée au confortement de cet hôtel et à sa rénovation, après l’enlèvement de sa toiture centenaire ,la réfection des planchers, le décapage et l’élargissement des fissures et leur renforcement par des murs porteurs.

A l’issue de cette opération qui démarra en 2007 et qui dura près de quatre années, sa mise en concession au profit de potentiels investisseurs nationaux ou étrangers fut décidée.

«Cet hôtel reprendra son rang de patrimoine culturel et touristique national», ont affirmé pourtant les responsables qui sont à l’origine de la restauration de ce joyau touristique et architectural.

L. Houari


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