Algérie

Cherche désespérément statut



Quel statut pour les écoles coraniques et les zaouïas ' C'est la question qu'on devrait se poser dans le sillage de la réponse du ministre de l'Education au sujet de la déperdition scolaire, qui a fait polémique, notamment quand il a inclus dans cette concordance les élèves qui quittent les établissements scolaires pour rejoindre les écoles coraniques et les zaouïas afin d'y poursuivre leurs études.Pensait-il mal quand il a fait ce rapprochement avec les causes de la déperdition scolaire ' Les pourfendeurs de la déclaration du ministre de l'Education étaient nombreux à y croire, poussant la tutelle à s'expliquer, soulignant que l'appréciation est purement technique et qu'elle «portait essentiellement sur les statistiques et les données relatives aux taux de la déperdition scolaire». Le ministre, dans sa réponse, précise-t-on encore dans ce cadre, «ne voulait aucunement dire que la déperdition scolaire est due aux écoles coraniques et zaouïas comme cela a été mal interprété, ou minimiser le rôle des écoles coraniques et des zaouïas ou du niveau éducatif des élèves qui préfèrent les rejoindre».
C'est une réalité que de dire ou constater que les écoles coraniques et les zaouïas accueillent près d'un million d'élèves. Un million d'élèves qui ne viennent pas d'une autre planète. Il s'agit d'élèves algériens qui ont été orientés par leurs tuteurs pour suivre leurs études dans les écoles coraniques et les zaouïas plutôt que de s'inscrire dans l'enseignement général prodigué par l'école publique. Techniquement parlant, donc, et au-delà du rôle éminent de l'école coranique dans l'encouragement aux études et à la socialisation, comme le relève le ministère de l'Education nationale, une partie de ce million d'élèves est évaluée en perte dans le système éducatif. Parce que l'école coranique et les zaouïas n'ont aucun statut.
Si on orientait le débat sur le jugement dans la forme de ces déclarations du ministre de l'Education nationale on passerait à côté du débat réel, qui devrait porter dans le fond sur les causes qui n'ont pas permis d'aboutir à un statut des écoles coraniques et des zaouïas. Si un tel statut existait, le ministre de l'Education aurait-il pu prendre techniquement en considération ce nombre important d'élèves, globalement évalué à près d'un million (une autre partie, n'ayant jamais rejoint l'enseignement général, ne peut de ce fait être prise en considération dans les calculs statistiques), qui quittent les bancs de l'école publique pour suivre un enseignement coranique ' Un appel à la mise en place d'un statut particulier des élèves des écoles coraniques et des zaouïas dans le but de les encourager et les protéger, lancé en 2018, lors d'une conférence organisée par l'Union nationale des zaouïas d'Algérie (UNZA) avec l'Union mondiale du soufisme, à Dar El Imam (Alger), est resté sans écho.
La volonté du secteur de l'éducation nationale d'« absorber » l'école coranique, notamment en introduisant des modifications sur les programmes, a toujours rencontré une ferme opposition du ministère des Affaires religieuses. Dans les écoles coraniques et les zaouïas, l'enseignement dispensé n'a pas de lien avec les programmes de l'enseignement général, et il serait mal inspiré celui qui croirait qu'on peut intégrer ou dissoudre l'un dans l'autre. Nombreux sont les exemples d'échec sur ce plan dans les pays musulmans.


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