Algérie

Cheptel ovin: Les autres raisons de la cherté des moutons



«Il existe un vrai problème de recensement du cheptel national, toutes races confondues, d'où l'urgence de numériser le secteur pour identifier avec précision le volume de la ressource animale nationale », a déclaré, hier samedi, le Dr Kamel Miroud, vétérinaire de formation, spécialiste en reproduction animale et coordinateur régional Est du Centre national de l'insémination artificielle et de l'amélioration génétique (CNIAAG). Intervenant sur les ondes de la Radio régionale de Constantine, le Dr Miroud explique que « ce qui est constaté sur le terrain de la réalité, c'est que les chiffres communiqués le sont occasionnellement (comme lors des campagnes de vaccination), sur la base des informations fournies par les éleveurs eux-mêmes et les inspections vétérinaires des wilayas, ce qui rend difficile l'évaluation précise du cheptel national, notamment en ce qui concerne l'ovin », a-t-il souligné. « Les chiffres en possession des pouvoirs publics sont approximatifs, seule la numérisation est à même de recenser avec précision la ressource animale nationale et évaluer les besoins en aliment de bétail », a encore insisté le Dr Kamel Miroud. Et d'ajouter que la grande majorité du cheptel ovin est constituée de la race arabe blanche, comme celle de Ouled Djelal, présente en grand nombre notamment dans l'Est du pays jusqu'aux portes du Sahara comme Biskra, Laghouat et Djelfa. «Il existe d'autres races ovines propres aux régions du Sud, de l'Ouest et les wilayas côtières », a indiqué l'invité de la Radio de Constantine, ajoutant que l'Algérie « accuse un retard dans le développement des techniques d'amélioration génétique des races animales, ceci en raison du caractère traditionnel de l'élevage des bêtes qui prévaut encore chez nous », a-t-il argumenté. « Le défi aujourd'hui est d'investir dans les races animales qui disposent de caractéristiques adaptées à notre pays, en matière de résistance au climat et aux maladies, mais aussi pour leur haut potentiel de reproduction pour augmenter les effectifs de la ressource animale nationale », a encore plaidé le Dr Miroud, mettant en avant la mauvaise exploitation du potentiel génétique par les éleveurs et les vétérinaires. « Il est tout à fait possible d'augmenter le volume du cheptel national, ovin, caprin et bovin, de 30 à 40% si les techniques modernes d'élevage et d'amélioration génétique sont appliquées », a expliqué le coordinateur régional du CNIAAG, imputant la hausse des prix des moutons à la faiblesse de l'offre par rapport à la demande.L'autre facteur à l'origine du renchérissement des prix des bêtes est « l'entrée sur la ligne d'un grand nombre d'intermédiaires », a relevé le Dr Miroud, « même si les prix élevés de l'aliment de bétail, l'orge en particulier, expliquent aussi la fièvre qui s'est emparée des marchés à bestiaux. Malgré le soutien de l'Etat aux éleveurs, il y a d'autres parties derrière la hausse des prix de l'aliment de bétail », a martelé l'invité de la Radio de Constantine, « même si je rappelle que les méthodes archaïques utilisées par nos éleveurs ne peuvent pas augmenter l'offre face à une demande importante en viandes rouges ». «Il faut absolument passer à des méthodes scientifiques d'élevage, comme cela se fait dans d'autres pays », a plaidé le vétérinaire. Ce dernier s'est également montré dubitatif quant à l'efficacité de l'interdiction de l'abattage des femelles des races ovine et bovine, « ce qui peut encourager l'abattage clandestin », a-t-il mis en garde. « Il existe d'autres problèmes qui nous viennent des frontières, d'abord des races algériennes qui sont détournées par des pays voisins et le risque de maladies qui peuvent venir de ces mêmes frontières, d'où la nécessité absolue d'accentuer la vaccination de toute la ressource animale nationale », a-t-il conclu.


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