Le tribunal criminel d'Alger en a presque fini avec l'audition des témoins dans le procès de l'affaire Sonatrach I et il ne reste plus que le quatrième et dernier groupe composé de huit cadres supérieurs qui ont occupé des responsabilités au sommet de la compagnie à l'image d'Abdelhamid Zerguine, successeur de Mohamed Meziane au poste de P-DG, et l'ancien vice-président chargé de l'aval.Hier, les membres des commissions d'ouverture des plis constituées dans le cadre des projets du gazoduc GK3 et de la réhabilitation du siège de la compagnie sis à la rue Ahmed-Ghermoul à Alger, se sont succédé sans rien dire, ou presque. À l'exception de Sidi Mohamed Benamar, membre de la commission d'évaluation des offres techniques du projet de réhabilitation du siège de Ghermoul. Il a révélé que "la commission n'a jamais siégé et qu'il n'a entendu parler du travail qu'elle aurait fait qu'après avoir été convoqué par le juge d'instruction".En revanche, les témoignages de Hocine Chekired, ancien P-DG de Tassili Airlines et ancien vice-président de Sonatrach chargé du transport par canalisation, et Mohamed Benabbes, directeur de l'administration et des moyens généraux de l'activité commercialisation, ont été instructifs. Chekired, qui était directeur de l'audit avant d'être promu vice-président chargé du transport par canalisation, a présidé la commission qui a rédigé cette directive dite "R15"."C'était un texte inspiré du code des marchés publics qui tient compte des spécificités de Sonatrach. Et ce, bien que ce soit une entreprise publique à caractère économique soumise plutôt au code du commerce. C'est l'une des plus grandes compagnies au monde et le but était de la doter de règles claires en la matière et de donner de la visibilité à ses fournisseurs et partenaires étrangers.Et ce, pour préserver son image de marque à l'internationale", a-t-il esquissé.Il convient, néanmoins, de retenir que cette directive était muette par rapport à ce qu'il fallait faire au cas où un appel d'offres s'avérerait infructueux et qu'elle ne dise mot sur la consultation restreinte. Chekired a expliqué qu'elle permettait, exceptionnellement, au P-DG de déroger à ces dispositions si l'importance d'un projet le justifie. Et de narrer la genèse du projet du gazoduc dit GK3. "La demande sur l'électricité et le gaz s'était accentuée dans la région Est du pays et les gazoducs existants n'arrivaient plus à la satisfaire. Il y avait aussi une usine de liquéfaction de gaz en construction à Skikda et une nouvelle centrale électrique à Koudiat Draouche, qu'il fallait alimenter. D'autant que Sonatrach s'était engagée pour un projet transméditerranéen (Galsi) et il fallait acheminer le gaz jusqu'à la côte. Nous avions alors procédé à une présélection des entreprises.Vingt-trois entreprises ont manifesté leur intérêt pour le projet, mais nous n'en avons pré-qualifié que onze pour les lots n°1 et n°2, et six pour le lot n°3. Or, seulement quatre entreprises ont retiré le cahier des charges pour ce troisième lot et seules deux d'entre elles ont présenté des offres, à savoir Saipem et SpieCapag. Nous nous sommes retrouvés face à une situation où il fallait annoncer l'annulation du projet. Mais vu son importance, nous avons consulté le P-DG parce que c'était un marché de plusieurs centaines de millions de dollars et nous n'avions pas le pouvoir de le passer de gré à gré sans accord. Et il nous a accordé une dérogation pour poursuivre la procédure. Au moment de l'évaluation des offres techniques, j'ai quitté mon poste de vice-président chargé du transport par canalisation", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "Au moment où j'ai quitté, Sonatrach avait encore la possibilité d'annuler le marché sans avoir à indemniser les soumissionnaires, conformément à l'article 15 de la R15."L'ouverture des plis financiers et la signature du contrat avec Saipem, moins-disante dans cette consultation, se sont faites par Benamar Zenasni, son successeur qui avait négocié 15% de réduction sur le prix jugé élevé.Quant au témoin Mohamed Benabbes, directeur de la structure responsable de l'opération du siège de Ghermoul, il a été déstabilisé par l'avocat de son subalterne Mouloud Aït El-Hocine qui a essayé de démontrer sa responsabilité dans la passation du marché. Benabbes a même demandé d'être assisté par un avocat. Rassuré par le juge, il a indiqué qu'il a délégué à Mouloud Aït El-Hocine la gestion de cette opération, parce qu'il était le seul architecte de sa direction. Et de souligner que l'ordre de service (ODS) pour le lancement des travaux a été signé pendant son congé d'été alors que Mouloud Aït El-Hocine assurait l'intérim. "Sa lettre de mission ne l'autorisait pas à signer un ODS. En sa qualité d'intérimaire, il ne devait qu'expédier les affaires courantes. Or, l'ODS n'est pas une affaire courante, il engage l'entreprise", a-t-il conclu.Lyas Hallas
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Posté Le : 18/01/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lyas Hallas
Source : www.liberte-algerie.com