(Née en 1950). Figure du raï oranais. Née à Marhoum dans les environs de Saïda. Après avoir été longtemps la jeune émule de Cheikha Rimiti, la doyenne irrédentiste du raï ancien, Cheikha Djenia commence, en 1972, par un single. La Cheikha était encore soutenue par les flûtes et percussions séculaires jusqu’en 1987 où quadragénaire, elle décidé alors de tâter du raï synthétique, deux cassettes durant, en compagnie d’un nouvel arrivant de vingt ans, Cheb Abdelhak. Enfant quand Djenia s’appelait encore Fatma Mebarki dans son Saïda natal, au cœur des steppes du sud oranais, on lui disait qu’elle avait une voix. Elle voulait chanter : un drame pour ses parents, éleveurs aisés. Elle fuit la maison familiale, recherchée longtemps, mais elle ne s’empêche pas d’animer les fêtes de mariages dans les plaines oranaises. C’est en septembre 1987, à quatre heures du matin, au fameux Biarritz, une boite sur la côte oranaise que Djenia fit son apparition succédant au jeune Cheb Hasni. Ce fut la révélation. Issue d’une famille paysanne, elle a dû quitter l’école après les cours élémentaires et travailler la terre dans la ferme de ses grands parents, jusqu’à l’adolescence. C’est déjà une grande fille qu’il va falloir marier dans ce milieu montagnard où le relief et les hommes sont de la même argile. A l’âge de 17 ans, c'est-à-dire en 1971, elle est obligée par ses proches, d’épouser un enfant du douar, un cousin forcément. Le mariage ne dure qu’un automne. Elle est contrainte alors de déserter son foyer et vivre dans la solitude et la misère. C’est une femme qui a trop souffert. Quelques temps après, elle est contactée par un musicien de Saïda-ville qui aussitôt l’initié à la chanson folklorique. Cheikha Djenia se fait vite remarquer, et est appelée à chanter dans les mariages avec Cheikh Aïssa. A l’époque les veillées artistiques ne rapportaient pas tellement. En 1974, elle quitte Saïda pour la Capitale de l’Ouest. C’est à ce moment là que Hadj Zouaoui la contacte. Riche de son expérience, fonctionnaire de justice, parolier et berrah de Rimiti, Habiba et Boutaïba Saïdi entre autres, son apport à Djenia sera capital. D’ailleurs la même année, ils se marient. Zouaoui lui compose Agouni Agouni, son premier grand succès. Il s’agit de l’histoire d’une jeune amoureux très timide qui ne sait pas comment s’y prendre pour déclarer son amour à sa dulcinée. Quelque temps après, le couple récidive avec une autre chanson, Trig Bidou, qui reçoit un accueil extraordinaire auprès de la population de Ras el Ma et de la zone pastorale. La renommée de Djenia est faite dans la steppe. Il lui a fallu vingt ans pour s’imposer à l’échelle nationale. Chanteuse hybride, elle excelle aussi bien dans le bédouin (Gasba) que dans le raï moderne avec synthé. Mais son cœur balance du coté du premier car, dans ses ambiances, l’argent coule à flot…Cheikha Djenia qui a beaucoup souffert aime chanter la souffrance et n’est à l’aise que quand elle interprète des chants tristes, douloureux.
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Posté Le : 11/10/2011
Posté par : musiquealgerie
Ecrit par : Achour Cheurfi
Source : Dictionnaire des musiciens et interprètes algériens.