Algérie

Cheikh Ali al-Boudlimi



Cheikh Ali al-Boudlimi
Ali ibn Mohammed ibn Abdullah al-Boudlimi naquit le 15 juin 1909 à Messila dans le Constantinois. Après des études qoraniques sommaires, il fréquenta selon toute vraisemblance la Zaytûna de Tunis qu'il aurait quittée muni du titre de " Mûtawi' "

Il fit sa première initiation politico-religieuse à l'école de Abdalhamid ibn-Badis. Par la suite, il put compter parmi les disciples du Cheikh al-Alawi probablement un an avant la mort du Cheikh.

L'histoire de ce tournant nous a été rapportée par Ali as-Sayah que son père sidi mohammed as-Sayah le lui a raconté: " Abdalhamid ibn-Badis avait un journal (al-Chihab) qu'il utilisa souvent lui et ses acolytes pour attaquer le soufisme, les "ahlou toroq" et les cheikhs des zawiyas. Ali al-boudlimi écrivit un article dans ce journal (réformiste) et s'en prend violemment au Cheikh Ahmed al-Alawi; parmi les propos qu'il a tenu envers le Cheikh, cette phrase qui a dû bouleverser sa vie : " Oh ! Ahmed Benaliwa, sache que mon coeur te méprise et s'il était dans mes moyens de faire quelque chose pour l'Islam, je serai capable de te faire boire un poison jusqu'à ce que chaque poil et chaque cheveu sur ton corps tombent de son effet". A quoi lui répond le Cheikh :" Oh Ali al-Boudlimi, si nos chemins se croisent, je te ferai goûter un breuvage de "mystères" (sirr) jusqu'à faire de chaque poil et chaque cheveu sur ton corps proclamer: Allah, Allah !".

Lorsque ces mots parviennent à Ali al-boudlimi, il ne résista pas à l'appel du Cheikh et il s'est dit : "je dois rencontrer cet homme que je veux empoisonner et qui veut me faire rencontrer avec mon Seigneur".

Un jour, il se présenta à la zawiya et demanda la rencontre du Cheikh qui le reçoit avec tous les égards et ne lui fit part de rien...Ali al-boudlimi resta un moment au sein de la zawiya observant et écoutant le Cheikh puis un jour s'approcha du Cheikh et lui demanda de l'accepter comme faqir, mais sidi Ahmed lui annonca qu'il n'est pas un faqir mais un Cheikh et dit à tous les fuqaras : "de ce jour, personne ne doit dire sidi Ali mais le Cheikh Ali al-boudlimi!". A partir de ce temps-là, il s’est mis au service du cheikh al-Alawi avec une totale abnégation. Il partagea alors sa vie entre l’enseignement, les exercices de piété, la rédaction et la diffusion des oeuvres de son maître jusqu’à ce que ce dernier rendit l’âme, le 11 juillet 1934.

Toujours est-il qu'à la demande Mohammed L'ach'âchi, président de la Cultuelle musulmane de Tlemcen, le Cheikh al-Alawi envoya Ali al-boudlimi à Tlemcen, là, il exerça le métier de mûdarras (enseignant) à la grande Mosquée de la ville, dispensant des cours d'arabe, de droit islamique et de théologie.

Membre du cercle musulman, il concourut activement à combattre l'influence du Cheikh al-Bachir al-Ibrahîmi du (mouvement réformiste de ibn Badis). Imam officiel rétribué à la mosquée Lalla Baya de Tlemcen, il enseigna également le Qoran dans une medersa privée et fut un des meilleurs concurrents de la medersa "Dar al-Hadith" des réformistes. Parallèlement il occupa les fonctions de membre actif de l'Association Alawie de prédication.

En 1948, encouragé par le vaste mouvement de contestation qui se cristallisait, il fonda une nouvelle confrérie "Les frères soufis boudlimis". Il put adhérer, par conséquent, en tant que chef de confrérie à l'Association des chefs de zawiyas d'Afrique du Nord. La zawiya qu'il fonda à Tlemcen, route de l'Abattoir, allait avoir ses zawiyas annexes dans l'arrondissement, zawiya de Sekkak, de Beni Ouezzane, de Qsar Hannû, de Hamman, de Ben Sakrân, des Beni Smyal. Ali al-boudlimi, comme tous les chefs de confrérie, eut ses mûqaddams et ses disciples.

Dans des rapports de renseignement de cette époque, on peut lire ceci: "Il fréquenta cependant, tout particulièrement, les membres du P.P.A (Parti Populaire Algérien) de Msali al-Haj, nourri d'un nationalisme ardent dont il conserva l'espoir du temps ou il était l'élève d'ibn-Badis, il fit cependant, parmi ses adeptes, lors des élections à l'assemblée Algérienne en 1947, une active propagande en faveur du candidat indépendant."

Quand le poste de Mufti (jurisconsulte en chef) de Blida fut vacant en mars 1950, Ali al-boudlimi se porta candidat. Il était cependant animé du désir ardent de reconstituer "l'Association de prédication et d'éducation spirituelle" avec Qouider Badr et Rabah Medlaï, il alla rencontrer à Annaba Hasan at-Tarabûlsi pour examiner avec lui les possibilités de ressusciter l'ancienne Association fondée par le Cheikh al-Alawi, animé depuis 1934 par les contestataires.

Une réunion de mûqaddams contestataires eut lieu à Alger le 5 avril 1950, ils persistaient dans leurs intention de ressusciter convenablement l'Association, ils renoncèrent toute fois à placer à sa tête le Cheikh Hasan at-Tarabûlsi, trop suspect aux Autorités, d'autant plus que ses deux fils militaient au P.P.A.

Par ailleurs al-'Arbi Mesrâr, l'un des fûqaras contestataires, commerçant à Annaba, désigné par Hasan at-Tarabûlsi, en 1949, à la tête de l'Association, ne reçut pas l'agrément des contestataires, car pour eux, il avait collaboré avec le Parti Communiste Algérien, n'avait ni la piété ni l'instruction nécessaire pour s'imposer.

Le Cheikh Ali al-boudlimi conseilla à Hasan at-Tarabûlsi de laisser aux mûqaddams le soin de désigner un nouveau président. Plusieurs de ceux-ci avaient prié al-boudlimi de poser sa candidature, mais il s'était récusé en invoquant ses trop nombreuses occupations. Ce fut alors que le nom de Mohammed al-Mahdi, journaliste à Constantine fut avancé, il serait, selon al-boudlimi, un esprit cultivé et un écrivain de talent qui pourrait éventuellement être utilisé par l'Association, mais qui ne jouit pas de l'estime des Alawis "contestataires" en raison de son manque de ferveur religieuse.

Le cheikh al-Boudilmi arrivât à intégrer les dimensions ésotériques et exotériques de l’islam et acquérir l’héritage spirituel avec la naissance de la confrérie portant son nom (al-Boudilmiyya). En tenant «le flambeau», il formera des disciples et délivrera le message de cette Tariqah jusqu’à sa mort à Tlemcen en 1988 où il repose au cimetière de Sidi Snoussi (qu'Allah lui fasse miséricorde et lui accorde ses bienfaits et ses faveurs).


Bibliographie:
*Salah Khelifa, Alawisme et Madanisme, des origines immédiates aux années 50.
Thèse pour l'obtention du Doctorat d'état en études Arabes & Islamiques.
Université Jean Moulin Lyon III.
*Les souvenirs de sidi mohammed as-Sayah


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