chapitre 6 : Biskra
Dans le même temps, il participe au renforcement de l’implantation de l’organisation du Parti communiste algérien à Biskra et dans la région. Autour de lui, on trouve notamment Rachid Debabeche, Ahmed Khallaf, Amira Hamlaoui, Belkacem Mekdad, Haffa Boukhellif, Larbi Rahmoun, Lakhdar Boucetta, Mekki Benlagha. Il y a également Chebbah Mekki, à qui Maurice voue une très grande estime. Né en 1894 à Sidi-Okba, celui-ci a émigré en France où il a adhéré au mouvement de Messali Hadj, l’Étoile nord-africaine, de 1924 à 1926. Rentré en Algérie, il a ouvert un café maure à Sidi-Okba et animé une société culturelle musulmane. En 1936, il était à la fois membre de l’association des Oulémas et du Parti communiste algérien. Le bacha-gha Bouaziz Ben Gana l’accusa alors de s’occuper de politique, fit fermer son café et le fit condamner à trente jours de prison. Attaché, poings liés, à la queue d’un cheval, il fut ainsi traîné, sous un soleil écrasant, jusqu’à Ouled-Djellal où il fut interné. À sa libération, il écrivit au gouverneur général de l’Algérie, Le Beau, pour l’informer et demander une Commission d’enquête. En vain. Chebbah Mekki fut alors obligé de se réfugier à Alger. On lui reprochait en particulier ses relations avec le docteur Saâdane. Chebbah Mekki est à la fois communiste et profondément religieux. Un jour, en 1936, le président de l’association des Oulémas, le cheikh Ben Badis, lui a demandé : « Comment peux-tu concilier la religion avec ton appartenance au Parti communiste alors que l’idéologie communiste n’est pas pour la religion ? » Chebbah Mekki lui répondit : « Montre-moi un verset du Coran qui condamne le communisme. Quand tu me le montreras je quitterai le Parti communiste. Je suis avec les communistes parce i|u ils défendent les pauvres. L’islam défend les pauvres. Je sais que rerlaiiis (jim sonl dans l’association des Oulémas sont des exploiteurs des paysans. Même si on prie le même Dieu, je n’ai rien à faire avec eux. »
C’est un bon orateur qui exerce une forte influence sur les populations de l’Aurès. Maurice et lui sont très prochesl.
« La section de Biskra semble devoir faire de rapides progrès, écrit Maurice en mars 1944. Mardi, j’ai assisté à une réunion de cellule ; j’étais le seul Européen. Elle s’est faite en arabe, ordre du jour en arabe. Discussions très intéressantes et positives, surtout sur le plan du ravitaillement. Nous avons décidé de faire venir un député aussitôt que possible pour achever de lancer le Parti. J’ai été chargé d’écrire au groupe parlementaire à ce sujet. »
Posté Le : 03/04/2013
Posté par : laroussi
Ecrit par : jean luc einaudi
Source : internet