Trois jours après son arrestation à son arrivée à l'aéroport d'Orly, et
son placement en détention provisoire dans le quartier VIP de la prison
parisienne de la Santé, Cheb Mami, 43 ans, comparaîtra aujourd'hui devant le
tribunal correctionnel de Bobigny, pour répondre des chefs d'inculpation de
complicité d'enlèvement et séquestration, violences volontaires, dans une
affaire dont les faits remontent à il y a quatre ans.
Le prince du Raï est accusé par une photographe de presse française,
prénommée Camille et âgée de 43 ans, et avec qui il avait une liaison, de la
faire avorter de force par curetage manuel, après qu'elle eut été droguée et
séquestrée. Les fait remonteraient au 28 août 2005 et se seraient déroulés à
Alger.
Trois mois après son retour en France, et après s'être rendue compte que
le foetus était encore viable, elle a porté plainte, une plainte qui a été
suivie, en octobre 2006, d'une mise en examen de Cheb Mami qui sera libéré sous
caution (200.000 euros) avec interdiction de quitter le territoire français.
Mais, au printemps 2007, il se réfugie en Algérie.
Aussitôt après, un mandat d'arrêt a été lancé contre lui par la justice
française. Interpol a, elle aussi, émis un mandat d'arrêt européen et adressé
une demande aux autorités algériennes pour le livrer à la justice française.
A la barre des accusés du tribunal de Bobigny, une ville à partir de
laquelle sa carrière internationale a été lancée, Cheb Mami, de son vrai nom
Mohamed Khelifati, devra répondre du principal chef d'inculpation retenu contre
lui à savoir : violences avec circonstances aggravantes pour tentative
d'avortement forcé sur la personne de sa compagne. Dans les milieux judiciaires
français, on avance que l'accusé est passible d'une peine de 10 ans
d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende. A noter que son manager, Maurice
Levy, ainsi que d'autres de ses proches devront également comparaître
aujourd'hui dans un procès qui risque de se tenir à huis clos si la plaignante
use de son droit de formuler une demande en ce sens.
Dans sa plainte, Camille raconte avoir été droguée et séquestrée avant
que deux femmes et un homme aient tenté de lui faire un curetage. Mais, cette
tentative a échoué et Camille a préservé sa grossesse avant d'accoucher d'une
fille âgée maintenant de trois ans.
Dans un entretien accordé au journal Le Parisien en mai dernier, Camille
a raconté qu'à son arrivée à Alger : «A l'aéroport, un des assistants de son
compagnon a insisté pour que je l'accompagne jusqu'au bungalow qu'on m'avait
loué. Arrivée quinze minutes après avoir consommé un jus d'orange, j'étais
incapable de faire un geste. Transportée dans un taxi vers une villa, je me
suis retrouvée dans une chambre avant que deux femmes n'arrivent. Elles m'ont
fait trois piqûres, sans doute pour provoquer des contractions. L'une s'est
mise à califourchon sur moi et me pressait le ventre. Ça a duré toute la nuit
alors que je me vidais de mon sang». Relâchée le lendemain et après avoir reçu
des menaces de la part de la personne qui l'a conduite à la station de taxis,
Camille rentre en France.
De son côté, Cheb Mami a indiqué qu'il «regrettait son attitude et avoir
été victime d'une machination de son ex-impresario». Il ira jusqu'à déclarer :
«la plus grosse erreur de ma vie, c'est d'avoir suivi le mauvais conseil de mon
manager. Cette attitude a été affirmée lors d'un entretien qu'il a accordé en
2007 au journal Libération lorsqu'il a déclaré : «ma faute est d'avoir laissé
faire. Je lui avais demandé d'avorter et elle avait refusé. Ce n'était pas une
relation sérieuse et je ne voulais pas d'enfant illégitime». Sur les mêmes
colonnes, il a accusé son ancien producteur d'avoir organisé la tentative
d'avortement et de l'avoir convaincu d'y participer. Pour l'accusé, cette affaire
exprime l'acharnement quasi orchestré des médias français contre un nom célèbre
arabe».
Quant à la version de son ex-compagne, Mohamed Khelifati s'est déjà
prononcé lors de son séjour en Algérie qu'au moment des faits «il était à Oran,
occupé par son nouvel album. Tout en reconnaissant sa faute d'avoir laissé
faire et avoir fait confiance au manager, il s'est dit choqué. Il est revenu en
détail sur la nature de sa relation avec Camille en déclarant : «un bébé se
fait à deux. C'est une décision et un consentement mutuel. Au début, cette
femme a quand même demandé de l'argent pour avorter. Donc, elle a été dans une
clinique en France, mais le prix ne lui convenait pas sous prétexte qu'elle n'a
pas aimé ce centre médical. C'est une affaire d'argent tout simplement. Je lui
ai remis dans un premier temps 10 000 euros, ensuite 5.000 euros. Je voulais
oublier cette histoire. Une année après, cette femme s'est manifestée. Il
fallait déposer plainte le lendemain, mais pas une année après. Le lendemain,
elle est allée travailler, elle est retournée en France. Je lui envoyais de
l'argent. Après, j'ai cessé de lui en donner. Aussi, a-t-elle déposé plainte
sous prétexte que je l'ai menacée».
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Posté Le : 02/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com