Algérie

Chauves-souris et Covid-19 : Séparer la réalité de la fiction



Le Groupe de sauvegarde des chauves-souris d'Algérie Algerian Bat Group, qui est un mouvement qui travaille sur la protection des chauves-souris algériennes pour leur grande utilité, rejoint les organisations internationales, telles que BwB (Bats WithoutBorders) et BCA (Bat Conservation Africa) la CMS (Convention sur la conservation des espèces migratrices d'animaux sauvages), Eurobats (Accord sur la conservation des populations de chauves-souris européennes), AEWA (Accord sur la conservation de l'Afrique-Eurasie oiseaux d'eau migrateurs), BCT (Bat Conservation Trust) et GBatNet (Union of Global Bat Diversity Networks) qui travaillent sur la conservation de toutes les chauves-souris, pour mieux les protéger de la persécution, car elles sont essentielles à la survie de l'humanité et aux écosystèmes Etant donné l'énorme impact que la pandémie du Covid-19 a eu à travers le monde, des questions légitimes se sont naturellement posées sur l'origine de ce nouveau virus.Les responsables de santé publique chargés de gérer cette situation urgente, au vu de la grande vitesse de propagation du virus et de la forte mortalité et aussi pressés de trouver réponse, ont initialement blâmé les chauves-souris et cela a été rapporté dans un certain nombre de sources médiatiques, telles que la presse écrite ou la télévision, surtout que ces dernières sont déjà craintes, mal comprises et fréquemment persécutées.
Alors que les scientifiques du monde entier travaillent ensemble pour empêcher la propagation du Covid-19, la désinformation a conduit à blâmer les chauves-souris et à les persécuter. Malheureusement, il existe de nombreux rapports selon lesquels des individus, des communautés et même certaines autorités gouvernementales de certains pays expulsent et tuent des chauves-souris dans une tentative malavisée d'empêcher la propagation de la maladie.
En Algérie, bien que cela ne soit pas encore le cas, mais avec l'ouverture médiatique et l'accès aux réseaux sociaux, si les gens ne sont pas bien informés, ils pourraient suivre l'exemple de ces pays, de plus que nous n'avons pas beaucoup d'espèces de chauves-souris et mêmes les espèces existantes n'ont pas d'effectifs importants, c'est-à-dire que les 26 espèces autochtones sont déjà menacées de disparition.
C'est à cet effet que nous tirons la sonnette d'alarme avant que le mal ne soit fait en informant convenablement nos compatriotes. Le travail de la conservation des chauves-souris, déjà très difficile, a conduit les différentes organisations que nous avons citées, surtout Bats without Borders (BwB) et Bat Conservation Africa (BCA), toutes les deux engagées dans la conservation de la biodiversité et des espèces africaines de chauves-souris, à émettre une déclaration que nous rejoignons sur les faits actuels concernant le Covid-19 pour protéger les personnes et les chauves-souris :
? En premier lieu, rien ne prouve que le Covid-19 provienne formellement des chauves-souris.
Actuellement, la première source de la transmission humaine de Covid-19 est encore inconnue, bien qu'au début, on s'est empressés de parler du pangolin et de la chauve-souris. Les rapports indiquent qu'aucune chauve-souris n'est vendue au marché de la faune de Wuhan, en Chine. Les chauves-souris ont d'abord été blâmées, parce qu'un virus (Bat CoVRaTG13), trouvé dans une espèce de chauve-souris fer à cheval insectivore en Chine en 2013 (Rhinolophus affinis espèce qui n'existe pas en Algérie, est un parent du SRAS-CoV-2, le virus qui cause le Covid-19.
Ces virus sont estimés à avoir divergé il y a 40 à 70 ans, ce qui signifie que les deux virus sont des parents éloignés. Les investigations scientifiques indiquent maintenant une chaîne d'événements qui pourraient impliquer le rhinolophus affinis ou une autre espèce de chauve-souris chinoise mais très probablement uniquement par le biais d'une espèce animale intermédiaire.
? Deuxièmement quelle que soit son origine, que nous ne connaîtrons peut-être jamais, cette pandémie est principalement due au comportement de l'homme. Les marchés humides de la faune rassemblent un éventail d'animaux sauvages, dans un environnement stressant et conditions confinées, qui ne se produiraient pas normalement.
Cela crée un environnement propice à la propagation des maladies. La consommation de ces animaux sauvages (comme les chauves-souris, les pangolins et même les primates) met la santé humaine en danger en offrant au virus la possibilité de débordement potentiel de virus non humains zoonotique sur les humains. Ces différentes espèces ne sont pas consommées en Algérie.
? Troisièmement, les chauves-souris ne propagent pas directement cette maladie. Covid-19 est une maladie humaine et en tant que telle, elle est transmise de personne à personne. Les chauves-souris ne portent pas le SRAS-CoV-2 et les gens ne peuvent pas être contaminés par le Covid-19 directement par les chauves-souris.

Par Mourad Ahmim
Enseignement chercheur à la faculté des sciences de la nature et de la nie à l'université de Béjaïa.


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