Algérie

Chauffage : Les villageois de Tizi-Ouzou se remémorent les sages prévoyances de leurs aïeux


De nombreux habitants des villages de la wilaya de Tizi Ouzou, non encore raccordés au gaz naturel, ont renoué, tempête de neige oblige, avec le chauffage au bois, en se remémorant les sages habitudes de leurs ancêtres qui faisaient de la prévoyance le credo du compter sur soi et de la résistance contre les affres de la vie. Les rigueurs de l'hiver ont, depuis la nuit des temps, appris aux habitants des zones montagneuses, notamment ceux relevant des piémonts du Djurdjura, à prendre leurs dispositions pour se prémunir du froid. En effet, pour ne pas être pris de court par l'hiver, les habitants des villages de ces contrées avaient pour habitude, comme la fourmi de la fable, de prendre la précaution de renouveler leurs provisions de bois durant l'été. Le bois ramené de la forêt est débité en bûches avant d'être engrangé dans des cabanes, aménagées non loin des maisons. D'autres, rebutant le dur travail de bûcheron, achètent des fardeaux de bois auprès de vendeurs occasionnels, moyennant le prix de 8.000 à 10.000 dinars la benne d'un tracteur de 2,5 tonnes. Les bois de chêne, de frêne et de l'olivier sont les plus prisés par les ménages, au vu de la persistance des braises résultant de sa consumation, lesquelles sont recueillies, à l'heure du coucher, dans des braseros pour chauffer les chambres à coucher. "Autrefois, on vivait au rythme des saisons, chaque tâche était effectuée en son temps, les gens n'attendaient pas d'être surpris par le froid pour aller dans les champs chercher du bois", se souvient Da Ali d'Ait El Hadj, dans la commune d'Assi Youcef, en se rappelant que même le bois utilisé dans la toiture des soupentes "Taaricht" (une sorte d'étage surplombant l'aire principale de la maison kabyle) était remplacé dès la venue du printemps. Pour économiser du bois et satisfaire "l'appétit" de l'ogre qu'est le feu, il est d'usage de constituer, également, des stocks de grignons résultant de la trituration des olives, au niveau des huileries qui cèdent gratuitement ce combustible à tout celui qui le demande. Mais les quantités distribuées sont proportionnelles aux récoltes d'olives transformées, c'est pourquoi certains se rabattent sur le ramassage de branchages et de feuilles de cactus desséchées, pour servir d'appoint aux feux de bois. Aujourd'hui ce dernier matériau est délaissé au profit du papier journal faisant office de moyen d'allumage. Certes, dans ces zones montagneuses, le gaz butane y a fait son apparition dans les foyers depuis longtemps, mais par souci d'économie, il est utilisé essentiellement pour la cuisson, et rarement pour le chauffage. Même s'il est admis que les aliments cuits sur le feu de bois sont d'un goût inégalable. Car dans l'esprit des paysans vivant, entre autres, dans les villages relevant des communes d'Agouni Gueghrane, Ouacifs, Assi Youcef , Bounouh et Mechtras, rien ne peut remplacer le bois comme moyen de chauffage, de par sa grande disponibilité dans la nature et, surtout, les moments de bonheur et de convivialité partagés par les familles qui, le soir venu, se réunissent autour du "kanoune" (brasero traditionnel). Toutefois, avec l'évolution de l'architecture moderne, le "kanoune" est relégué au second plan pour céder la place à des cheminées confectionnées avec de la brique pleine, ou à des poêles fabriqués par le ferronnier du coin. "Aujourd'hui, il semble que les gens ont pris le pli de faire de longues chaînes devant les stations Naftal de distribution de carburants pour avoir une bonbonne de gaz butane", a fait observer un paysan de Tala Amara (Tizi-Rached), rencontré, samedi dernier, dans une file interminable devant le centre enfûteur de Oued Aissi , dans l'espoir de repartir avec son baudet chargé de deux bouteilles de gaz. Deux points de vente ont été mis en place au niveau de ce centre, qui a réceptionné récemment, en renfort à partir de plusieurs wilayas, plus de 20.000 bouteilles. Le premier est destiné pour l'approvisionnement de véhicules, stationnés sur près d'un km, dont certains sont immatriculés dans la wilaya de Boumerdes. Le second point est réservé pour la clientèle ordinaire que sont les citoyens, a indiqué à l'APS le directeur de l'énergie et des mines.


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