Algérie

Chassez le populisme'


L'avant-projet de loi de finances mijoté par le gouvernement de gestion des affaires courantes a fait la part belle aux mesures populistes et électoralistes, malgré un contexte marqué par une aggravation avancée des déséquilibres financiers internes et externes.Levée de l'interdiction pour l'importation de véhicules d'occasion, maintien en l'état de tous les dispositifs de soutien aux prix et de transferts sociaux, exonérations et mesures incitatives pour les jeunes porteurs de projets? Autant de "mesurettes" annoncées, en effet, en grande pompe par un pouvoir exécutif en mal de légitimité et qui traduisent surtout une approche économique découlant davantage de motivations électoralistes que d'une réelle prise en compte des perspectives angoissantes qui guettent l'économie et les finances du pays.
D'une réelle justice fiscale, d'une collecte plus efficace de l'impôt pour pallier l'érosion de la fiscalité pétrolière et d'une taxation plus réaliste des catégories sociales les plus nanties, il n'est ainsi guère question. Si ce n'est cette vague promesse de traquer désormais les signes extérieurs de richesses pour les assujettir à un hypothétique impôt sur la fortune. Impôt qui, rappelons-le, avait déjà été proposé par un passé pas si lointain ? projet de LF 2018 ? pour être aussitôt abandonné sous la pression de parlementaires plus rompus à la préservation des privilèges de l'oligarchie qu'à la défense des intérêts des populations qu'ils sont censé représenter.
De ciblage des subventions et de l'action sociale de l'Etat, il n'est non plus point question. Dans l'espoir, assurément vain, d'absorber la colère populaire, qui ne cible pourtant rien de moins que le régime en place, le gouvernement annonce ainsi le maintien pour l'année prochaine d'un train de dépenses sociales pesant pour plus de 20% du budget de l'Etat. Quelque chose comme 1 800 milliards de dinars entre soutien aux prix et aux ménages, retraites, logement et politique publique de santé.
Un budget social pour le moins gargantuesque qui, de l'avis d'experts et d'institutions financières internationales, profitent pourtant davantage aux plus riches qu'aux plus démunis, faute d'une politique de ciblage rationnelle et efficace. Dans ce même esprit populiste, il est prévu également de nouvelles mesures incitatives, de facilitations d'accès au foncier et surtout d'exonération totale des différents impôts et taxes au profit des jeunes porteurs de projet de création d'entreprise afin, motive le gouvernement, d'"encourager l'investissement local".
Quand on sait cependant l'ampleur de la gabegie, d'impayés bancaires, de détournements de fonciers et d'avantages fiscaux auxquels ont donné lieu ces dernières années les différents dispositifs de soutien à l'investissement et l'emploi, l'on ne peut que s'inquiéter de voir s'instaurer de nouveaux mécanismes du même genre. Conçus, qui plus est, pour être gérés de façon bureaucratique et inconsidérée par une administration en mal de crédibilité.
C'est dire, en définitive, qu'entre cette improbable tentative d'appâter les jeunes, le maintien d'un dispositif de subventions pour tous, le retour à l'importation de véhicules usagés et le v?u pieux de taxer les grosses fortunes, le gouvernement en place et le régime politique qui le sous-tend semblent avoir d'emblée opté pour une politique populiste et "court-termiste", quitte à compromettre les chances ultimes d'un redressement concret de l'économie nationale.

Akli Rezouali
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