Traduction de la vision néocolonialiste sur laquelle la France a basé ses rapports avec le continent africain après l'ère des indépendances octroyées à ses peuples, la Françafrique est loin d'avoir été enterrée comme le promettaient verbalement les présidents français qui se sont depuis succédé à l'Elysée. Macron, le président en exercice, n'a pas failli à déclamer cette fallacieuse promesse qu'il a formulée avec grandiloquence lors de sa visite officielle au Burkina Faso peu de temps après son accession à la magistrature suprême de son pays.Il avait en l'occurrence déclaré qu'il « ne venait pas en Afrique pour dire quelle est la politique africaine de la France, il n'y a plus de politique africaine de la France, il y a un continent que nous devons regarder en face ». Sauf que ce que la France donne à voir vis-à-vis de l'Afrique est qu'elle perpétue ce qu'elle prétend avoir enterré à savoir cette Françafrique dont les fondamentaux ont pour justification que son passé africain lui octroie la « légitimité » à posséder un pré carré dans le continent où elle ne saurait tolérer d'autres influences que la sienne et qu'il lui reviendrait à elle seule d'interagir dans cette sphère.
Preuve que Paris est toujours dans la Françafrique a été donnée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui a qualifié la présence russe en République centrafricaine (RCA) «d'inquiétante» et «d'inamicale» à l'égard de la France. L'argumentaire qu'il a développé contre cette présence russe en RCA, il ne l'a pas évidemment puisé dans l'arsenal des vraies raisons qui fondent la politique de la Françafrique. Mais en soutenant que l'incursion russe dans ce pays et les initiatives de Moscou visant à favoriser un accord de paix entre les belligérants centrafricains n'ont pas l'aval de Paris dont il défend ainsi la prétention à être seule à intervenir dans la crise centrafricaine, il a irréfutablement confirmé la persistance du réflexe néocolonialiste qui fait s'agiter la diplomatie française quand il est question d'un problème africain.
Qu'il y ait rivalité franco-russe qui s'exprime sur de nombreux dossiers internationaux, cela se vérifie nettement. Comme la France, la Russie mène une politique de grande puissance qui la pousse à élargir ses sphères d'influence en faisant jouer les atouts dont elle dispose. La poussée qu'elle est en train d'opérer en Afrique nuit, c'est l'évidence, à l'influence française. Face à elle, le réflexe néocolonialiste français a indubitablement fonctionné, à entendre Jean-Yves Le Drian s'en prendre à Moscou et aux autorités centrafricaines qui ont « osé » s'affranchir de la tutelle de Paris en nouant coopération avec la Russie.
La France s'arroge le droit de regard et d'intervention dans toutes les affaires internationales, mais n'en reconnaît aucun à la Russie au prétexte que ce pays n'aurait que de mauvais desseins sur la scène internationale. Ce n'est pourtant pas la main de la Russie qui a été pendant des décennies derrière tous les mauvais coups dont a pâti le continent africain. C'est bel et bien celle de la France qui a été à la man?uvre avec pour unique but le maintien de son rapport néocolonialiste prédateur avec les Etats africains.
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Posté Le : 27/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com