Situation un peu tendue, hier matin, à l'entrée du siège de la wilaya d'Oran. Une cinquantaine de personnes, entre repentis et familles démunies, éprouvées par l'implication d'un de leurs proches dans le terrorisme, se sont rassemblés, tout au long de la matinée, pour protester contre ce qu'ils considèrent comme une exclusion des listes des personnes ayant droit à l'indemnisation dans le cadre de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, pour les uns, et contre leur non-réhabilitation judiciaire, pour les autres. Venus des quatre coins de la wilaya dans l'espoir de rencontrer le premier responsable de l'exécutif, ou à défaut l'un de ses collaborateurs, les protestataires n'ont pas eu l'autorisation d'accéder au siège de la wilaya. «Ils (les agents de sécurité de la wilaya) ont recueilli nos pièces d'identité en nous promettant qu'un responsable va nous recevoir dans quelques minutes. Une demi-heure plus tard, ils nous ont remis nos papiers sans dire un mot», déclare un des protestataires, la quarantaine bien entamée, résidant dans un petit bourg, à quelques lieues de la commune de Misserghin. Libéré après 12 années de prison pour appartenance à groupe terroriste, à la faveur des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, cet homme, qui a rejoint le maquis, au tout début de la décennie noire, enchaîne: «non seulement cette condamnation pénale figure toujours sur mon casier judiciaire assortie de la mention privé de ses droits civiques , me privant ainsi de toute chance d'obtenir un emploi pour nourrir ma famille, mais ma maison est toujours squattée par un tiers, un patriote», déplore-t-il, en exhibant son casier judiciaire (bulletin B2) de fraîche date. Un autre homme, plus âgé, déclare pour sa part qu'il n'a pas, à ce jour, bénéficié d'indemnisation concernant la disparition de l'un de ses fils, «enlevé en 1994 alors qu'il était étudiant à Oran», selon ses dires, alors que son deuxième fils, l'aîné, avait été abattu par les forces de l'ordre, lors d'un accrochage. Et le même homme d'ajouter que «ma belle-fille, la veuve, vit toujours avec nous et n'a, elle aussi, bénéficié d'aucune indemnisation de l'Etat, suite au décès de son époux, au titre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». Autre cas relaté, celui de cet homme qui était détenu pour son implication dans un réseau de soutien à groupe terroriste et qui a retrouvé la liberté suite à la grâce présidentielle du 10 janvier 2000 et qui a bénéficié, ensuite, de l'extinction de l'action publique concernant une affaire en application des dispositions de la charte, mais dont le casier judiciaire demeure toujours «entaché», malgré sa demande de réhabilitation qu'il a formulée auprès des autorités judiciaires, selon ses déclarations. Dans la foulée, un autre protestataire, qui affirme avoir été poursuivi à tort pour des liens présumés avec un groupe terroriste armé avant d'être innocenté par la justice, déclare qu'il a obtenu gain de cause dans son affaire de licenciement mais que le jugement demeure encore sur papier depuis deux ans. Selon une source près de la cour d'Oran, la réhabilitation dans ce cas d'espèce n'est pas obtenue de plein droit, le concerné doit formuler une demande auprès de la chambre d'accusation qui statue sur le fond et sur la forme et a toute latitude d'accepter ou de rejeter la demande. Il est à rappeler que le ministre de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould-Abbès avait affirmé, jeudi dernier, que les dossiers d'indemnisation, dans le cadre de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, seront traités avant fin juin. Ould-Abbès avait précisé qu'avant la fin du mois de juin prochain, tous les dossiers d'indemnisation dans le cadre de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale seront traités. Il s'agit d'indemnisation des «familles démunies éprouvées par l'implication d'un de leurs proches dans le terrorisme» et de «personnes ayant fait l'objet de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale». Affirmant que l'inscription sur la liste des bénéficiaires reste ouverte, le ministre a indiqué que l'opération d'indemnisation est en cours et l'enquête sociale sur les bénéficiaires est achevée. Il a souligné la nécessité de rattraper progressivement le retard accusé, quant à l'indemnisation de certaines familles, dans certaines wilayas, imputant cela à un problème de chéquiers. Selon les dernières statistiques, plus de 13.000 dossiers sont retenus dont près de 6.000 déjà traités et concernent les familles démunies éprouvées par l'implication d'un de leurs proches dans le terrorisme. S'agissant des personnes licenciées pour des faits liés à la tragédie nationale, le ministère a indiqué, récemment, que plus de 5.000 personnes seront indemnisées dans le cadre de la réconciliation nationale. Le ministère de la Solidarité nationale a versé à la sécurité sociale les cotisations des personnes licenciées pour pouvoir bénéficier des pensions de retraite à l'instar de tous les travailleurs», a affirmé M. Ould-Abbès.
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Posté Le : 26/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : H Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com