Algérie

Charonne, un crime d'Etat non reconnu officiellement


Paris.
De notre correspondante

Au lendemain d’une nouvelle série d’attentats commis à Paris par l’Organisation de l’armée secrète (OAS), les syndicats CGT, CFTC, FEN, SNI et UNEF organisent, le 8 février 1962, une manifestation «contre le fascisme» et «pour la paix en Algérie». La veille, un attentat de l’OAS qui visait le domicile du ministre André Malraux défigure une fillette de 4 ans. Cette manifestation intervient également quelques mois après la violente répression de la manifestation, le 17 octobre 1961, des Algériens de Paris et de sa banlieue contre le couvre-feu qui leur était imposé et pour l’indépendance de l’Algérie. La manifestation, interdite, rassemble, malgré tout, plus de 20 000 personnes. En début de soirée, alors que les organisateurs annoncent la fin de la manifestation et que les manifestants commencent à se disperser, les policiers se ruent sur la foule, près de la station de métro Charonne. Comme le 17 octobre 1961, boulevard Voltaire, la foule pacifique est violemment chargée par les compagnies spéciales d’intervention, envoyées par le sinistre préfet Papon, avec pour mot d’ordre de «disperser énergiquement». Huit personnes trouveront la mort à l’entrée du métro Charonne, matraquées ou étouffées. Une neuvième mourra de ses blessures. On relève aussi plus de 200 blessés. L’émotion suscitée par la répression de la manifestation s’étend à toute la France. Le 13 février, jour des funérailles des victimes, des centaines de milliers de personnes défilent à Paris en hommage aux victimes de la répression policière.
Cinquante ans plus tard, le syndicat CGT, en présence du secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, et du maire de Paris, Bertrand Delanoë, a organisé hier une manifestation sur les lieux du drame pour ne pas oublier cet événement de l’histoire, longtemps nié par l’Etat français. Suivie d’un recueillement au cimetière du Père Lachaise où sont enterrées les victimes de la manifestation, près du mur des fédérés, dans le secteur où se trouvent les tombes des dirigeants du Parti communiste français.
Jusqu’en 1982, le gouvernement français interdisait tout rassemblement commémoratif dans la station de Charonne. Depuis cette date, les parents, les proches et les amis des victimes, les militants ou encore les rescapés de la manifestation se réunissent chaque année pour leur rendre hommage. Le 8 février 2007, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, inaugure la place du 8 Février 1962, en signe de reconnaissance par Paris d’un crime d’Etat que l’Etat français se refuse toujours à reconnaître, comme l’autre crime d’Etat commis le 17 octobre 1961 contre les Algériens qui manifestaient pacifiquement à l’appel du FLN contre le couvre-feu qui leur était imposé et pour l’indépendance de l’Algérie.                  
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