Présentation En Kabylie, le chant villageois est l’affaire des femmes. Et le village s’anime au gré des nombreuses occasions musicales : naissance, mariage, deuil, jeux d’enfants, amour, guerre…
Pour la première fois, un livre et un cd-audio rendent compte de cette tradition culturelle qui s’exprime lors d’événements marquants du domaine familial. Le corpus présenté ici, fruit d'une collecte minutieuse en de nombreux villages kabyles, est une œuvre exceptionnelle de sauvegarde et de découverte. Les chants féminins, d’une richesse et d’une beauté prenantes, y sont donnés avec paroles originales, traduction et musique notée.
Associant étroitement ethnologie et musicologie, l’ouvrage apporte une contribution irremplaçable à l’approche de la musique kabyle, tout en décrivant les rituels qu’elle accompagne.La connaissance approfondie de sa culture et de longues enquêtes ont permis à l’auteur de nous offrir le premier lexique d’intérêt musical kabyle.
Le livre est accompagné d'un disque donnant des extraits significatifs de chacun des chants répertoriés. Chercheurs, étudiants en divers domaines et grand public y trouveront chacun matière à découverte.
Un hymne à la beauté de la culture orale Depuis la nuit des temps, les cimes du Djurdjura se sont imprégnés des chants de femmes kabyles qui résonnaient en harmonie, lors des fêtes et rites des villages. Afin, que ce riche volet de notre patrimoine immatériel puisse être préservé et transmis aux générations futures, le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNPRH) vient d’éditer, dans la collection Mémoires, Chant de femmes en Kabylie de Mehenna Mahfoufi.
L’ouvrage est un véritable outil de recherche pour les néophytes et les profanes qui ont soif de découvrir les racines des chants ancestraux. Afin d’inscrire dans le monde moderne, l’héritage de la richesse de la culture orale, l’ouvrage est accompagné d’un CD où sont enregistrés des extraits de chants authentiques, vibrant aux rythmes des voix des doyennes des villages, gardiennes de la tradition.
L’auteur confie dans l’introduction que «cette étude résulte d’une volonté personnelle de mieux connaître la culture de mes ancêtres. J’ai la confirmation de réaliser ce projet au tout début des années soixante-dix. Avant cette période, plusieurs raisons intérieures m’acculaient à me poser des questions sur la culture de l’identité des miens».
Il ajoute également : «Mon but a été de faire l’inventaire, le plus possible, des différents genres musicaux locaux, en m’appuyant sur des informations obtenues sur place. Partant, il ne s’agit pas d’une recherche théorique, mais d’une monographie d’étude d’ethnomusicologie. A la suite d’enquêtes, exclusivement dans la langue vernaculaire, le kabyle, je dresse la typologie générale des circonstances villageoises, accompagnées de musique, de chants et de danses.»
Ainsi, l’auteur, après de longues années de recherches, offre aux lecteurs une étude minutieuse sur les différents rites et cérémonies marquant les étapes importantes de la vie, de la naissance au dernier souffle. A cet effet, un large chapitre est consacré aux cérémonies liées à la naissance avec les différentes séances de célébration accompagnées des chants liés à cet événement.
Un autre chapitre est consacré aux multiples rituels consacrés à la célébration du mariage, de prime abord, une description minutieuse du déroulement de la fête durant les quatre jours de la cérémonie nuptiale.
D’autres chapitres sont dédiés aux chants d’évocation amoureuse, à ceux des joutes opposant les brus et les belles-mères, les chants de femme sur la guerre d’indépendance et les berceuses. Les chants religieux et mystiques liés à la célébration des saints et des cérémonies funèbres sont également abordés et illustrés en des textes de chants traduits. L’auteur élargit son étude aux musiciens itinérants et professionnels qui faisaient partie intégrante de la vie des villages d’antan. Ainsi, il explique la formation et les prestations des différents groupes tels que les Ifferrahen (les porteurs de joie), les Immaddahen (poètes musiciens ambulants), les Bujmila (groupes de musiciens guérisseurs) et les différents tambourinaires, entre autres les Idjebbalen, Iebbasen et Iwasifen.
L’ouvrage est complété par un long chapitre consacré à l’analyse musicale à travers l’étude de la versification, des notes en cadence pour chaque air ainsi qu’une présentation d’échelle et un lexique kabyle d’intérêt musical. L’auteur de la publication, M. Mehenna Mahfoufi, est docteur en ethnomusicologie, membre associé du département d’ethnomusicologie de CNRS/Musée de l’homme et de la société française d’ethnomusicologie. La plupart de ses recherches portent sur les musiques du Maghreb, un de ses récents ouvrages a été consacré aux chants kabyles de la guerre d’indépendance algérienne.
Avec Chant de femmes en Kabylie, Mehenna Mahfoufi, apporte une nouvelle pierre à l’édification et la préservation du patrimoine immatériel algérien qui illustrent la richesse de notre culture orale ancestrale.
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Posté Le : 19/11/2006
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Sihem Bounabi
Source : www.dzlit.free.fr