Algérie

Chantiers du tram, incivisme et bus fous: Les raisons de la colère



L'un des sujets de préoccupations premières des Oranais, outre le début du ramadhan et les prix des produits de consommation, reste celui de la circulation automobile, devenue au fil des jours, un véritable calvaire au quotidien.

C'est dire qu'emprunter l'une des artères de la ville quelle que soit l'heure de la journée ou son emplacement dans le tissu urbain, relève de la gageure tant les bouchons y sont nombreux, usant sur les nerfs et le moteur. La première cause des désagréments des automobilistes est toute trouvée puisque les chantiers du tramway ont complètement déréglé un semblant de plan de transport, déjà dépassé par un parc roulant, de plus en plus important.

La colère est unanime pour dénoncer des chantiers qui avancent à pas de tortue pénalisant toute une ville et la jetant vers une sorte de chaos indescriptible, surtout aux moments de pointe. Les rues sont complètement paralysées, en absence, dans certains endroits intra-muros, d'uniformes censés réguler la circulation, et le code de la route est pas ou prou respecté dans ces cas-là, laissant libre cours à l'incivisme légendaire des automobilistes. Pour Salim, 45 ans, chauffeur dans une boîte privée, la situation a empiré avec les vacances d'été et ne risque pas de connaître une amélioration proche. « La fermeture de la rue Mostaganem à la circulation motorisée n'a fait qu'empirer les choses et les pouvoirs publics auraient été plus inspirés s'ils avaient ajourné ce pan du chantier pour septembre », expliquera-t-il. Ils sont nombreux comme lui à penser que la précipitation dans les prises de décisions est derrière le désordre engendré par la fermeture de certains tronçons, vitaux pour la fluidité de la circulation. D'autres s'insurgent contre le non respect du code de la route, devenu, par ces temps, un détail dont ne s'encombrent pas une grande partie de conducteurs. « Les jeunes, au volant de voitures payées par leur père, doublent en deuxième, voire troisième position en plein cÅ“ur de la ville, sur des artères réduites, rendant la circulation encore plus pénible, c'est à demander où sont passés les agents de police ? », s'interroge Mahmoud, chauffeur de taxi de son état. « Moi, de toute façon, il y a des itinéraires que je refuse d'emprunter de crainte d'être bloqué dans les bouchons », confesse-t-il même si cela pénalise ses clients. L'autre responsable de ce capharnaüm est le transport urbain, source de tous les maux qui ont gangrené la quiétude de la circulation automobile. « Ce sont de véritables dangers ambulants et malgré toutes les plaintes des citoyens et les mises en fourrière, ils continuent à mettre la pagaille dans la ville », s'insurge Kader, enseignant dans un lycée à la périphérie d'Oran. Les bus sont ainsi alignés dans le viseur des usagers et des automobilistes pour qui l'anarchie régnante est la conséquence d'un secteur qui échappe à tout contrôle. Le travail de la direction locale des Transports est ainsi remis en question et les Oranais s'interrogent sur l'opportunité de la présence massive de bus sur telle ou telle ligne, s'ils ne respectent ni le cahier des charges, ni leurs clients. Leur manière de conduire, les courses entre eux et les arrêts intempestifs sont montrés du doigt et le citoyen exige un peu plus de sévérité et davantage de contrôles inopinés pour réguler un secteur, désespérément à la dérive. « On délivre des agréments sans suivi et les inspecteurs des transports devraient se mêler aux usagers et prendre ces chauffeurs et receveurs indélicats sur le fait », ajoute Kader, visiblement au bord de la crise de nerfs. Pour rappel, le transport urbain compte 850 opérateurs privés totalisant 1.700 véhicules d'une capacité globale de 62.165 places. L'Entreprise de transport urbain d'Oran (ETO) offre 5.000 places, alors que 4.913 places sont offertes par les opérateurs du transport suburbain. Pour d'autres, les rumeurs incessantes et les comptes rendus de la presse sur de prétendues agressions commises contre des automobilistes, surtout les femmes, prises dans le piège des bouchons, sont à prendre au sérieux. « Dès que la circulation ralentit ou s'arrête, j'actionne la fermeture automatique des portières et je ferme les vitres, même si parfois j'étouffe littéralement à l'intérieur de la voiture », dira Nadia, conductrice et mère de famille. L'affluence des touristes et le ramadhan ne vont certainement pas arranger les affaires des automobilistes obligés de se faire une raison. Concernant le nouveau plan de circulation, son étude prendra en compte l'extension du réseau de transport dans le groupement urbain d'Oran qui englobe le chef-lieu de la wilaya et les communes de Bir El-Djir, Es Sénia et Sidi Chahmi. L'étude, estimée à 60 millions de dinars, comporte 3 phases : le diagnostic des déplacements à Oran, les scénarios des déplacements et les choix définitifs des scénarios préconisés. Et, c'est à partir du tracé du tramway que ce plan de circulation sera élaboré dont la validité a été fixée à 5 ans après son entrée en vigueur.




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