Chantage marocain

Pour ou contre le «plan d'autonomie» du Maroc pour le Sahara occidental ' Le roi Mohammed VI a voulu mettre la pression sur les pays partenaires du Maroc pour les pousser à «clarifier» leur position sur la question du Sahara occidental et à le soutenir «sans aucune équivoque» sur ce dossier. Dans un discours radiotélévisé, samedi soir, à l'occasion de la fête dite de «la Révolution du roi et du peuple», le roi du Maroc ne s'est pas embarrassé de demander « à tout le monde», notamment ses partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont jugées « ambiguës», de clarifier et de revoir le fond de leur positionnement, sans aucune neutralité qui chercherait à tenir l'équilibre entre les parties en conflit dans ce dossier. «C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il (le Maroc) établit», a-t-il souligné. Entendre qu'il n'y aurait ni amitié ni partenariat efficace avec les pays qui ne soutiennent pas le Maroc ou qui se plairaient dans le ni pour ni contre dans ce dossier.Un chantage à peine voilé qui, dans le fond, ne constitue pas une nouveauté. Pour ou contre, le roi Mohammed VI ne veut rien d'autre entre les deux. Cependant, la réponse à la question ne concerne pas uniquement le Maroc, car en se positionnant clairement sur ce dossier, tous les pays doivent immanquablement prendre en considération la longue lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, qui revendique dans ce sens un référendum, et qui est soutenu dans ce contexte par le droit international, l'ONU et l'UA dont le Sahara occidental est membre, ainsi que d'autres pays influents sur la scène régionale et internationale, comme l'Algérie et l'Afrique du Sud. Que prépare le roi Mohammed VI en cherchant à élargir le soutien de la communauté internationale à son «plan d'autonomie» pour le Sahara occidental ' Non sans appeler par la même occasion la diaspora marocaine, «y compris avec les centaines de milliers de juifs marocains» à l'étranger, comme l'a souligné le roi Mohammed VI dans son discours, à resserrer institutionnellement les liens entre eux. Une sortie inédite, qui ne peut pas être anodine. Cela a tout l'air d'un référendum international pour lequel plaide le discours du roi Mohammed VI.
Pourquoi alors fuit-il le référendum d'autodétermination au Sahara occidental, un droit immuable des peuples à disposer d'eux-mêmes, consacré dans ce cas précis par les résolutions des Nations unies ' Pour ou contre l'autodétermination, voilà la question inévitable qu'on devrait poser aux concernés, les Sahraouis. Dans un monde juste et soucieux du respect de la légalité internationale, la réponse à la demande du roi Mohammed VI ne peut être autrement que de retourner vers le peuple sahraoui. Lui seul peut décider de son avenir, et aucune puissance au monde ne peut le priver de ce droit fondamental.