Algérie

Chanson kabyle: Il y a 37 ans, Hnifa a cessé de souffrir



Il y a 37 ans, le 23 septembre 1981, la chanteuse Hnifa est partie au paradis pour cesser de souffrir sur cette terre.Hnifa, la chanteuse à la voix merveilleuse est partie en ce jour laissant derrière des milliers de fans pour la regretter, elle qui a tant souffert et qui n'avait que sa voix et son art pour se plaindre et raconter les souffrances qui l'ont touchées tout au long de sa vie à cause de son statut de femme.
Cette femme décédée à Paris loin de son village natale, de sa kabylie, de son Algérie avait souffert tout au long de sa vie moralement et physiquement. Née le 4 avril 1924 dans le petit village d' Ighil Mehni à Azzefoun, cette localité au bord de mer qui a donné tant d'artistes et d'hommes de culture tels que Tahar Djaout et Mohamed Iguerbouchène, la jeune Ighil Larbaâ Zoubida qui aura pour pseudonyme «Hnifa» n' allait pas tarder à connaître la dominance masculine pour en souffrir tout au long de sa vie.
Arrivée en compagnie de ses parents venus à Alger en quête d'une meilleure vie, elle se fait d'abord connaître dans les fêtes de mariage par sa belle voix avant de se voir obligée de se marier avec un homme suite à une décision de ses parents. Ce premier mariage forcé ne devait se terminer que par un divorce. Revenue chez ses parents, l'adolescente pour mieux vivre sa séparation ne savait pas que d'autres drames allaient s'ensuivre et qui lui feraient davantage changer le cours de sa vie vue qu'elle sera choquée par la suite des cas accidentels de son frère puis celui du divorce de sa mère. Elle est alors obligée de ne compter que sur elle-même pour subvenir à ses besoins. Elle passera par de petits emplois avant de mettre à profit ses dons de chanteuse. Elle s'approchera petit à petit du milieu artistique avant sa rencontre au début des années 1950 avec LLA Yamina qui la présente à Madame Lafarge qui dirigeait la chorale kabyle dont faisait partie la grande chanteuse Cherifa. Zoubida qui prendra le pseudonyme de Hnifa fera partie de cette chorale jusqu' en 1957 avant de décider de s'envoler de ses propres ailes. Sous la houlette de Cheikh Noureddine qui dirigeait l'orchestre de la station radio-kabyle, elle chantera sa vie et ses souffrances et le succès ne tardera pas à arriver.
Un hommage à titre posthume
Comme beaucoup d'autres artistes, elle partira vers la France et se retrouvera à nouveau à déambuler seule dans la ville de Paris, mais là aussi, elle compte sur sa voix pour se nourrir. Elle chantera le soir dans les cafés avant qu'elle ne rencontre le compositeur, auteur et chanteur Kamel Hammadi qu'elle avait déjà connu à Alger. Ce monsieur de la chanson qui épousera la grande chanteuse Noura, lui écrira des textes à sa juste mesure et lui composera des chansons à succès. D' ailleurs elle enregistrera avec lui en duo «Yid Em Yid Em» qui deviendra un classique de la chanson kabyle. Hnifa reviendra en Algérie après l'indépendance, mais repartira définitivement en 1973. Elle ne réapparaîtra que rarement sur scène. Elle décédera le 13 septembre 1981 après une longue maladie. Un documentaire retraçant la vie de cette grande artiste a obtenu l'olivier d'or au festival du film amazigh à Sétif en 2008. Puisque cette grande chanteuse n'a pas eu l'hommage mérité de son vivant, qu'on l'honore aujourd'hui. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. On pourrait bien baptiser une salle de spectacle au nom de cette chanteuse qui a beaucoup donné à la chanson algérienne sans jamais rien attendre en contrepartie.


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