Algérie

chanson el menfi--------le déporté--------------


chanson el menfi--------le déporté--------------


el menfi **********le déporté*******Le chant de la résistance
La chanson El Menfi (le Déporté) interprétée par le chanteur Akli Yahyaten était chantée en Nouvelle-Calédonie au XIXe siècle par les déportés algériens, selon Mme Ouennoughi. Le chant était accompagné d’une flûte fabriquée avec du bois de sagaie. Un bois servant aussi pour les Kanaks à fabriquer des lances. «Cette chanson était chantée en Nouvelle-Calédonie par des gens qui ne connaissent pas l’Algérie. Des petits descendants des déportés la chantaient dans les vallées perdues. C’est quand même incroyable», dira-t-elle. Le déporté Taïeb ben Mabrouk, réputé pour sa maîtrise de la flûte, répétait sans cesse cette chanson qu’on murmure toujours aujourd’hui. Il s’agit de El-Menfi, raconte sa petite cousine. Les mots dits dans la chanson «nous restent dans notre coeur, ils sont aussi pleins de détresse. Cette chanson, il la chantait toujours sous le dattier», confie-t-elle à Mme Ouennoughi. «Si l’Algérie n’ouvre pas le dossier des déportés, il ne s’ouvrira pas en Nouvelle-Calédonie parce qu’il n’y a pas de spécialistes qui s’intéressent à cette question», estime-t-elle.(1)
L’auteur suit également l’histoire du lien entre le Maghreb ancien et la Nouvelle-Calédonie grâce au fil conducteur de la culture du palmier dattier. La reconstruction identitaire d’une communauté maghrébine dans les pays d’Outre-mer ne pouvait être compréhensible, qu’après avoir reconstitué les étapes anthropologiques de leur histoire sociale, religieuse, économique et botanique. La formation de palmeraies pour souder la communauté ainsi que les effets au niveau des techniques et de l’outillage nous révèlent l’existence d’un héritage almoravide berbère qui prend son origine en Espagne médiévale (XIe siècle), dont l’auteur analyse les modes de diffusion permettant de suivre les mouvements migratoires des groupes humains. La première personne qui m’a introduit au dattier, c’est M.Aïfa; je me souviens, il était perplexe sur mes recherches, ensuite en me voyant mener mes enquêtes jour après jour, mois après mois, il a compris que pour entreprendre un tel travail de recherche sur le terrain, il fallait un fil conducteur, un guide végétal, un marqueur culturel et agronomique que les Kanaks avaient accueilli: c’était bien le dattier de ses ancêtres qui était, selon lui, un symbole fort de résistance. Puis, il m’a amené vers son dattier d’origine, que son père Laïfa (son ancêtre en Calédonie) a planté et aujourd’hui il porte plus d’un siècle de naissance.(3)
L’ouvrage de Melica Ouennoughi met en lumière pour la première fois le grand répertoire des mouvements de la déportation algérienne et maghrébine depuis les insurrections politiques des Ouled Sidi Cheikh 1864, la grande insurrection de Hadj Mokrani et de Cheikh El Haddad 1871, l’ extension insurrectionnelle de El Amri 1876, celle des Aurès de 1879, les insurrections des Ouled Sidi Cheikh de 1881-1882. Les convois collectifs de l’insurrection de Hadj Mokrani ont été statués de la dénomination politique avec les insurgés de Biskra fortement apparentés aux Ouled Mokrane par la présence des familles réfugiées. (...)Le dernier convoi des droits communs est très présent dans la région de Bourail. Ces droits communs font partie du convoi de 1896 et la descendance a hérité de forts marqueurs culturels issus de l’ancienne djemâa en provenance du code coutumier et juridique initié par Hadj Mokrani dans cette résistance à la contre-acculturation.(2)
«Pour que soit transféré un tel code coutumier, écrit Melica Ouennoughi, dans un espace kanak et calédonien, il y a eu des marqueurs précis qu’il a été nécessaire d’étudier sur le terrain, par l’observation des faits et des ritualisations coutumières mais pas seulement, la démarche d’anthropologie historique vise à étudier le contemporain de ses actes et ses représentations coutumières, par exemple ses symboles aussi, ses marqueurs et remonter à l’histoire des sources d’archives et en amont des ces sources aux sciences algériennes, berbères et arabes, pour reconstituer l’Histoire et le phénomène de causalité de tels marqueurs culturels dans cette forme de maintien d’une sauvegarde culturelle et historique de la résistance. Celle de la libération, de la liberté et de La solidarité par le système de la touiza.»(2)
«Les affres de la déportation et l’exil ont été marqués par le chant célèbre El Menfi, l’exilé, et je crois que nous pouvons dire que cette chanson nous la devons à ces familles de déportés mais pas seulement à toutes ces grands-mères qui ont chanté leur tristesse lors de leur séparation de leurs fils et je crois que cela reste gravé dans cette mémoire du chant omniprésent comme marqueur culturel qui forme cette union entre l’Algérie et la Calédonie. Ce chant est une grande tristesse mais il est aussi une grande résistance et pour l’historienne que je suis, je devais trouver d’autres marqueurs de cette résistance car en Algérie nous avons un riche patrimoine à préserver qui a été transféré en Océanie. Mon appartenance à cette résistante vient du fait que mon père m’a donné deux principes d’enseignement: l’instruction et la cellule familiale comme préservation. L’Histoire de l’Algérie amène à rompre avec toute émotion forte à toute aliénation sans oublier que les douleurs et les horreurs de la colonisation, ce qui est dit doit être écrit et dans cet écrit des affres de la déportation, je fus persuadée qu’il y avait une résistance et je l’ai trouvée dans des fondements culturels scientifiques bien précis et cette réappropriation de notre histoire doit tenir compte des fondements culturels algériens à travers les espaces et les siècles.»(2)
On ne peut parler justement des déportés sans citer quelques paroles douloureuses de la chanson interprétée magistralement par Akli Yahyaten - que Dieu lui prête longue vie - pour avoir su nous faire vibrer: «Aw ki dawni le tribunal jadarmiya kbaar wisghaar aa wissensla tewzen qantar darbouni aam wa n’haar 3ala dakhla haffouli raas wa aataouni zawra ou payas goulou lommi matebkeesh yal menfi waldek rabbi mayy khalleesh.» Cette supplique revendique deux repères: la religion et la mère. Cette mère, dernier lien ombilical qui lui reste et qu’il doit tenter de rassurer. Cette mère est en fait, notre mère, cette Algérie souffrante de voir ses meilleurs fils lui être arrachés pour l’inconnu et sans espoir de retour. Nous sommes assurément des nains juchés sur les épaules de ces géants qui ont commencé le combat libérateur- il faut s’en convaincre - dès l’arrivée de l’envahisseur.

yabous le 10-06-2010

***************************************a.mokrani

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