Algérie

Changer nous-mêmes, changer par nous-mêmes



Changer nous-mêmes, changer par nous-mêmes
Au temps du parti unique, un confrère arabophone livra au FLN la clé de sa survie dans un recueil de poésie envoyé au pilon par la police politique. Solution sous forme d'équation où il lui recommanda de «se rénover ou de se multiplier, sous peine de disparaître à jamais». C'était quelque temps avant l'avènement du multipartisme en 1989. Naturellement, le FLN n'était alors que la façade virtuelle d'un régime militaro-civil réel auquel était adressée la préconisation du journaliste. Depuis, on a eu le multipartisme sans le vrai pluralisme politique et l'ex-parti unique est toujours là. Ce n'est pas encore un cadavre à la renverse, mais un être cacochyme et grabataire. Et si on ne vit pas sous une dictature digne de ce nom, on n'est pas non plus en démocratie. On est donc dans une sorte de «ni-ni» qui n'est pas le fameux «ni-ni» du FFS qui, lui, signifiait «ni Etat policier, ni Etat intégriste». Car si on a échappé à la fatalité de l'intégrisme, on est quand même en présence d'une certaine forme d'Etat policier qui pratique la GDF, la gestion démocratique des foules si chère au général major Abdelghani Hamel. Qui consiste à étouffer dans l'?uf toute forme de contestation politique publique. Sans usage trop excessif de la force, juste en la montrant et en la démontrant. C'est pour cela que l'on a souvent beaucoup plus de flics que de manifestants, quel que soit le motif de la protestation. On en a eu la énième démonstration le 24 février à l'occasion de la commémoration de la nationalisation des hydrocarbures en 1971. Jour mis à profit pour manifester contre le gaz de schiste et la fermeture hermétique du champ politique, malgré un semblant de vie partisane et une opposition morcelée qui peine à faire entendre sa voix. A la Grande-Poste d'Alger, devenue le creuset de tous les genres de manifs, la place et les rues adjacentes n'étaient pas noires de monde mais bleues de la couleur des uniformes policiers. Image saisissante d'une vie politique figée, avec, d'un côté, un pouvoir frileux, crispé et craintif malgré sa manne financière, sa force militaire et sa puissance sécuritaire.De l'autre, une opposition en confettis incapable de dépasser sesquerelles de leadership et la guerre des égos enflés. Résultat final, des temps de glaciation et d'incertitudes politiques. Avec une absence de visibilité, même à moyen terme, dans un pays où le pouvoir ne donne pas l'impression d'avoir une vision politique claire. Au moment même où, en interne, la question des successions, à différents niveaux, civils et militaires, la question du renouvellement est posée dans toute son acuité. Au moment même où les menaces de tout ordre, terroriste, sociale, économique et financière, se multiplient dans le temps et dans l'espace. Moments de tous les périls qui menacent l'unité nationale. Au danger terroriste à l'intérieur du pays et aux frontières, s'ajoutent les expressions itératives du mal-être social, les revendications catégorielles, les particularismes régionaux et les irrédentismes comme celui du MAK qui considère qu'il y aurait «une tutelle coloniale algérienne sur la Kabylie». Malgré ces temps incertains, le moment est donc propice pour réformer en profondeur, mais de manière ordonnée et intelligente. Rénover, comme l'a dit déjà le confrère arabophone dans les années 1980. C'est-à-dire, changer nous-mêmes, changer par nous-mêmes. Pour ne pas subir le changement.N. K.




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