Algérie

Changer d'épicier pour rester en vie !



J'espère que le compte à rebours pour le passage à 2022ne sera pas sifflé par un certain...
... arbitre polonais !
Je vais pour entrer chez mon épicier de quartier. Comme tous les matins ou presque. Je m'arrête pile-poil sur le seuil de l'échoppe. Et là, les choses s'inversent. Je porte mon masque. Lui, pas ! Il me fait un large sourire, fendu d'une oreille à l'autre, et d'une voix avenante me lance : « Hakiiiim ! Marh'ba bik ! Entre, voyons ! Tu es chez toi ! » Toujours du seuil réglementaire de son magasin, côté extérieur donc, je lui fais remarquer poliment que même chez moi, je porte une protection sur la bouche. Là, il en rajoute une couche dans le mielleux : « Mais c'est rien, Hakim ! Même l'Omicron, il a eu peur de nous, les Algériens ! » C'est là que ma main et mon corps, en pilotage automatique, ont opéré une série de mouvements synchronisés : la main a dit au revoir, mollement levée. Le corps a pivoté, et les pieds et les jambes et accessoirement moi avons quitté ce lieu pour une autre épicerie du quartier, plus « masquée » ! Tout ça pour vous dire que je commence un peu, parfois, beaucoup, souvent, et presque à la folie, depuis quelques semaines et des bilans affolants, à en avoir plus qu'assez de cette légèreté prise par des compatriotes avec les mesures barrières. Et par-dessus tout, ce qui me sort par les trous du nez, mais que vous ne verrez pas, puisque je porte tout le temps un masque ? sauf quand j'enregistre la chronique ? c'est cette supposée baraka que tentait de me vendre mon désormais ex-épicier, et qui protégerait notre pays des pandémies, alors qu'ailleurs, les urgences Covid sont déjà en phase de saturation imminente. Cette Dézédo-supériorité m'horripile. D'abord, parce qu'elle insulte la mémoire des victimes tellement nombreuses des précédentes vagues, notamment celle de l'été dernier. Ensuite, elle crache sur les épisodes douloureux et atroces des pénuries d'oxygène et de lits. Et, enfin, elle dit merde aux efforts titanesques des soignants pour faire face à notre inconscience et tenir debout, alors que les personnels, tous les personnels sont à bout de souffle. Mais, au-dessus de tout cela, au hit-parade des trucs qui me font détester le comportement de mon épicier, il y a cette attitude héritée de la Içaba. Souvenez-vous de ce médecin ministre, diplômé d'une foire est-allemande et qui, en pleine épidémie de H1N1, soutenait mordicus que l'Algérie ne risquait rien parce que les oiseaux de malheur, porteurs du virus, ne survoleraient sûrement jamais notre territoire. Aujourd'hui, je suppose que de là où il est, par la petite fenêtre-mansarde de sa chambrée, il doit de temps à autre surveiller les vols de canards en escadrilles ! Non, sérieusement, faut arrêter avec cette théorie de la Mahroussa ! La Gardée ! La super-protégée des mânes et de la bienveillance des ancêtres ! Dans d'autres domaines, peut-être. En mythologie, sûrement. Mais en santé et en affolement des courbes de la mortalité dû aux variants qui, eux, ne connaissent aucune frontière, sûrement pas ! Alors, n'enlevez vos masques qu'un court instant. Très court. Juste pour fumer du thé et rester éveillés à votre cauchemar qui continue.
H. L.


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