Changer avant une autre désillusion au barrage du Mondial

Ça ne marche pas ! Il était écrit que ce tournoi serait fatal pour les Verts ! Nous sommes bel et bien à un tournant. Cette équipe qui a volé de victoire en victoire durant les trois précédentes années arrive à un moment où elle cale. Et ce n'est pas un simple accident.Le match-vérité est ce pénible rendez-vous avec le Burkina Faso, joué pourtant sur le terrain mascotte des Verts, et qui a montré des faiblesses inquiétantes en défense, un flottement au milieu et une ligne d'attaque brouillonne et inefficace. Entre-temps, la Coupe arabe prolongeait l'illusion. Ce savant mélange entre les pros de l'équipe A évoluant hors d'Europe et ce qui reste de l'équipe de Bougherra a fait sensation au Qatar. On ne terrasse pas le Maroc, la Tunisie, le Qatar et l'Egypte comme ça ; on ne le fait pas quatre fois et face à des favoris si l'on n'est pas soi-même le plus fort.
Quand arrive cette CAN, le soleil est au beau fixe. Auréolés par leur titre arabe, les Verts A et A' regroupés pour une fois arrivent en super-favoris au Cameroun. Leur premier faux pas est mis sous le compte de la chaleur, de l'humidité, de l'état du terrain et de la surprise. C'est rien, on fera mieux la prochaine fois. L'illusion se prolongeait... Mais tout le monde se réveille après la première défaite. Le champion chute lourdement. On recommence cependant à croire au déclic face au team le plus fort du groupe ! On continue de croire que les deux précédents revers sont dus au hasard. Et voilà que tombe le verdict final et la certitude que, depuis le Burkina, les choses ne tournent pas rond...
Il ne s'agit pas ici de montrer une ingratitude indigne à l'égard de tout ce qu'a fait cette équipe. Mais il y a un temps pour tout et les héros tombent aussi de leur piédestal ! Il y a un temps pour la victoire et un autre pour la défaite. Mais il est des défaites qui sont salutaires parce qu'elles constituent un avertissement pour des batailles encore plus importantes. En l'occurrence, ici, une qualification au Mondial.
Si l'on continue de penser que l'on est toujours les plus forts et que ces contre-performances sont le fruit du hasard, de l'état du terrain, etc., il faut tout de suite dire «adieu au Mondial !» Par contre, si on profite de ce faux pas pour mettre le doigt sur les véritables problèmes, il y aura peut-être une voie pour l'espérance.
Belmadi a tenu un langage nouveau après l'élimination, qui va dans le sens de la seconde alternative : «Il est temps de chercher le problème et d'analyser les raisons de l'échec, car le match de barrage de la Coupe du monde approche à grands pas. Nous devons renouveler l'esprit dans l'équipe nationale car la Coupe du monde nous attend.»
Voilà qui est dit clairement. Il faut changer. Certains joueurs sont usés, ratatinés, totalement dépassés. Il faut les remplacer par des éléments plus jeunes, plus rapides dans le jeu, plus résistants physiquement, mieux motivés car voulant arracher leurs places face à des titulaires bien assis. A tous les postes, il faut créer la concurrence. On l'a vu, par exemple, à Manchester City, de longs séjours de Mahrez sur le banc de touche, ont obligé notre champion à puiser, au fond de lui-même, les ressources nécessaires pour s'améliorer sans cesse et s'imposer à Guardiola.
Du gardien à l'avant-centre, il ne faut plus partir du point de vue que certains éléments sont irremplaçables. Quand ils sont en forme, ils ont leur place - chèrement acquise - que personne ne contestera. Mais s'ils sont incapables d'assurer leur rôle, l'Algérie passe avant tout. Il faut tout simplement changer de génération. Mais en douceur, sans brusquer les choses, sans tout déstabiliser. C'est un travail de subtils dosages, de mélanges pointilleux et de choix difficiles qui attend Belmadi.
Bonne chance, coach !
M. F.