Algérie

Championnat national de football : Une compétition qui n'en finit pas



La saison de football traîne désespérément en Algérie, confirmant, au fil des jours, toutes les tares d'une compétition marquée d'abord par des éléments extrasportifs.

Mauvaise gestion, mauvaise programmation et inconsistance des dirigeants ont en effet plus marqué la saison que les exploits sportifs. L'équipe nationale, en se mettant dans une position délicate après sa défaite en République Centrafricaine, n'a pas réussi cette fois-ci à jouer le rôle d'arbre qui cache la forêt. Le championnat d'Algérie doit se poursuivre pour encore huit journées, alors que partout ailleurs on connaît déjà le champion et il ne reste que des formalités à expédier. Ce décalage est le résultat d'une programmation chaotique, mais aussi de l'impact de la situation sociale dans le pays. Toutes les compétitions avaient en effet été suspendues au début de l'année, lorsque les émeutes avaient embrasé l'Algérie. Les impératifs sécuritaires avaient pris le pas sur le sport et la compétition avait connu plus d'un mois d'arrêt, qui avait coïncidé avec la Coupe d'Afrique des joueurs locaux. Cette coupure a donné une compétition hachée, peu favorable aux exploits sportifs. Il a d'ailleurs été peu question de sport tout au long de la saison. Par contre, on a beaucoup parlé d'argent et d'instabilité.

Le palme sur ces terrains revient à l'Entente de Sétif, qui a virtuellement perdu le championnat, avant d'être éliminée des compétitions africaines, alors que c'est l'équipe qui a dépensé le plus d'argent pour les recrutements. En plus d'un effectif pléthorique, le plus relevé d'Algérie, Sétif a recruté quatre joueurs durant l'été 2009 pour un montant qui avoisine les dix milliards, un montant supérieur au budget de certains clubs. Elle a notamment récupéré Abdelmoumène Djabou, le joueur le plus prometteur du championnat, pour en faire un joueur quelconque en raison de l'instabilité qu'a connue l'équipe. L'Entente de Sétif a en effet changé quatre fois d'entraîneur en un peu plus d'un an, ce qui a engendré indiscipline et désorganisation de l'équipe. Dans une telle ambiance, il est difficile aux jeunes joueurs de progresser. D'autant plus que les questions des primes, des retards de salaire et des «démissions irrévocables» du président occupent l'essentiel de l'énergie des dirigeants.

Le second échec de la saison concerne indéniablement l'USMA, qui a raté sa rencontre avec l'argent. Le rachat de l'équipe par un riche entrepreneur, Ali Haddad, a mené au fiasco sportif. Le renvoi de l'entraîneur Noureddine Saâdi, et son remplacement par un autre, payé au prix fort parce qu'il est étranger, a mené l'équipe à la banqueroute. Toute l'équipe est désormais déstabilisée, et rien ne laisse entrevoir le retour de la sérénité, tant les appétits ont été aiguisés.

L'impression de gâchis est également fournie par deux autres équipes, le Mouloudia d'Oran et Béjaïa. Le premier, qui a réussi un début de saison honorable en s'installant parmi les cinq premiers, a limogé son entraîneur dans des conditions obscures qui ne semblaient pas justifiées sur le plan sportif. L'équipe de Béjaïa, où le président Tiab a clairement laissé entendre l'existence de manÅ“uvres de déstabilisation, a sacrifié Djamel Menad, qui avait pourtant imposé une certaine stabilité et obtenu des résultats honorables.

Dans le même registre, on retrouve le Mouloudia d'Alger et Tlemcen. Le premier a été champion d'Algérie il y a un an, le second a été une des principales satisfactions de la saison écoulée.

Tous les deux luttent aujourd'hui pour le maintien. Là encore, ce sont les éléments extrasportifs qui ont provoqué l'échec. L'envergure des dirigeants est clairement en cause. A Tlemcen, c'est l'administration locale qui a sabordé le staff technique ayant permis à l'équipe de s'imposer parmi les ténors du championnat, il y a un an.

Tous ces aléas extrasportifs ont finalement eu raison de la compétition et entraîné tout le monde dans une sorte de fuite en avant, dans laquelle chacun fait de la surenchère pour tirer le maximum de profit. Comme ces présidents de clubs qui jurent que la gestion des équipes est impossible sans une aide massive de l'Etat, mais qui s'accrochent contre vents et marées : ils savent très bien qu'il y a un maximum de privilèges et d'argent à tirer de l'Etat, et ils veulent absolument accéder à cette rente, alors qu'ils sont incapables de changer de mode gestion. Ce qui explique les nombreuses «démissions irrévocables» jamais suivies d'effet.




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